Le difficile chemin vers un label origine Algérie garantie

Le difficile chemin vers un label origine Algérie garantie

800px-Olives_et_piments-Annaba-592x296.jpgEn septembre, un label « Origine Algérie Garantie » devrait être lancé. Cette initiative ambitieuse, promue par le patronat, est toutefois confrontée à la réalité d’une production nationale peu diversifiée.

Un label garantissant l’origine algérienne des produits réalisés dans le pays d’Afrique du Nord devrait voir le jour ce mois-ci. L’initiative a été lancée fin avril dernier par le Forum des chefs d’entreprise (FCE) – dans la foulée de la nouvelle édition de la campagne « Consommons algérien » du ministère du Commerce.

Les objectifs poursuivis par le patronat et le gouvernement se rejoignent. En soutenant la production locale et les entreprises nationales, les autorités espèrent ralentir la dégradation de la balance commerciale du pays et résorber le chômage, estimé à 10 % de la population active.

Les entreprises algériennes espèrent elles bénéficier d’une hausse d’activité et des dispositions fiscales et réglementaires introduites par Alger, notamment un crédit à la consommation réservé aux produits produits ou transformés localement ainsi que la baisse de plusieurs taxes.

Critères

Pourtant, l’étude préalable à la création du label « Origine Algérie Garantie », lancée en mai, est confrontée à de nombreux challenges.

D’abord, en ce qui concerne la définition de ce qu’est un « produit algérien ». Le cabinet de conseil Bravehill, basé à Alger et à qui l’étude a été confiée, a identifié quatre critères « flexibles et inclusifs » concernant le produit lui-même : la valeur ajoutée territoriale, le niveau de transformation industrielle, la part de recherche et développement, ainsi que la qualité. À ceux-là, s’ajoutent d’autres critères concernant l’entreprise, à savoir : les efforts pour la formation ainsi que la responsabilité sociale et environnementale.

« Environ 60 % des coûts de la production doivent être locaux, même si les produits de base sont importés, explique Mohamed Skander, directeur de Bravehill. Pour éviter que des produits importés revendus en l’état soit labellisés, nous prenons en compte la transformation industrielle (changement de la nomenclature douanière et transformation suffisante). »

La gamme de produits qui pourraient obtenir le label est très large, allant de l’alimentation aux cosmétiques et à l’électroménager.

Confiance

Autre difficulté à laquelle le futur label est confronté : la défiance des consommateurs algériens vis-à-vis de la production locale.

« Il ressort des études que nous avons menées que le produit algérien n’a pas très bonne réputation. Les consommateurs sont plutôt méfiants lorsqu’il s’agit de la production nationale », reconnaît Mohamed Skander.

Toutefois, souligne l’analyste, tous les secteurs ne sont pas à la même enseigne. Lorsqu’il s’agit de produits alimentaires d’origine locale ou transformés dans le pays, la « marque Algérie » joue en faveur du producteur.

Pour l’automobile ou les cosmétiques en revanche, les Algériens préfèrent largement les productions étrangères et ce même lorsque le produit local est 25 % moins cher révèle l’étude de Bravehill.

Domination

« Le défi est de rétablir la confiance entre les consommateurs et les producteurs », estime Mohamed Skander. Mais, assure-t-il, « ceux qui feront le choix du label auront par la suite un avantage comparatif sur les importateurs ».

D’où l’importance du critère de qualité du produit parmi ceux retenus par Bravehill. « Il s’agit de faire en sorte que les produits respectent certaines normes, ce qui évite d’attribuer le label « Origine Algérie Garantie » à des produits de mauvaise qualité ».

En 2014, les importations algériennes ont atteint 58,33 milliards de dollars, soit près de 27,2 % du PIB. Les exportations du pays, qui ont atteint 62,96 milliards de dollars en 2014, sont dominées par les hydrocarbures (95,89 %) – voir le graphique plus bas.