Le chef de la diplomatie égyptienne depuis hier à Alger, Que vient chercher Fahmi ?

Le chef de la diplomatie égyptienne depuis hier à Alger, Que vient chercher Fahmi ?

P140106-14.jpgCurieuse déclaration faite par le chef de la diplomatie égyptienne à son arrivée à Alger.

En affirmant que sa visite en Algérie n’était pas liée à la situation interne en Égypte, mais qu’elle s’inscrivait dans le cadre d’un dialogue entre deux pays frères liés par des intérêts régionaux et internationaux communs, Nabil Fahmi aura usé jusqu’au bout du jargon diplomatique pour essayer de cacher les véritables motivations de ce déplacement. Le ministre égyptien poussera le bouchon plus loin, en indiquant que sa visite, “bien que de courte durée, n’obéit pas à un objectif bien défini, elle s’inscrit plutôt dans le cadre d’un dialogue national entre deux pays que des liens d’amitié et de fraternité ont de tout temps unis devant les défis régionaux et internationaux”. Alors que la crise en Égypte atteint des proportions alarmantes, il est curieux de voir un chef de la diplomatie parler d’autre chose, comme la coopération, par exemple, au moment où son pays peine à retrouver le chemin de la sérénité.

La coopération entre les deux pays est régie par des accords signés entre les deux gouvernements, dont les derniers remontent à octobre 2012, à l’occasion de la visite du Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, du mouvement des Frères musulmans, et qui intervenait dans un climat particulièrement tendu, puisque l’Égypte peinait à arracher, à l’époque, un prêt de la part du FMI pour dépasser la crise aiguë, au lendemain de sa “révolution”. Bien sûr, M. Fahmi concédera que si des questions sur la situation interne en Égypte lui étaient posées lors des concertations avec la partie algérienne, il donnerait des explications, estimant que “c’est un fait tout à fait ordinaire, et cela ne pose aucun problème”, tout en insistant que ce n’était point l’objet de sa visite. L’on ignore si le déplacement du chef de la diplomatie égyptienne concerne uniquement l’Algérie, ou devrait toucher d’autres pays de la région. Mais tout porte à croire que la crise interne reste au cœur de son déplacement algérois. Même si l’Algérie maintient sa position de neutralité, refusant de s’ingérer dans les affaires internes des autres pays, il n’en demeure pas moins qu’elle reste sollicitée, notamment pour des rôles de médiation.

Lorsqu’on sait que le régime en place en Égypte bénéfice du soutien des monarchies du Golfe, mais qu’il est en conflit avec le Qatar, grand soutien des Frères musulmans, et lorsqu’on se rappelle que le Premier ministre qatari avait séjourné en décembre à Alger, l’on ne peut que supposer que quelque chose se négocie en coulisses pour ramener les deux pays à de meilleurs sentiments. Mais ce n’est pas seulement les capacités de médiation de l’Algérie que vient chercher le chef de la diplomatie égyptienne. Le Caire, qui a décrété le mouvement des Frères musulmans organisation terroriste, et qui se trouve en butte à une inquiétante montée de la violence, voudrait bénéficier de l’expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, mais surtout de la gestion de l’islamisme radical. L’Algérie, qui a fait recours à la réconciliation nationale, pour tourner la page du terrorisme, a réussi le pari en intégrant les islamistes qui refusent la violence dans le jeu politique. Cela pourrait être d’un grand apport à l’Égypte, le jour où cette dernière devrait trouver une issue à la crise ouverte avec les Frères musulmans.

A. B