La bouteille de gaz qui révèle tout,Les fausses assurances de Naftal

La bouteille de gaz qui révèle tout,Les fausses assurances de Naftal

P20120214-10.jpg«Nous vendons 700.000 bonbonnes par jour»

«Il y a une forte demande imprévue. Nous n’avons jamais connu ces intempéries depuis des dizaines d’années.»

Il suffit d’une tempête de neige pour que toute la défaillance de Naftal couvre le territoire national. Après la crise dite de la «bouteille de gaz» qui a plongé des populations entières dans une panique générale, les responsables de Naftal, principal producteur de bouteilles de gaz butane, tentent de rassurer. Hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale Saïd Akretch, président-directeur général de Naftal, a rajouté une couche de neige sur les populations déjà touchées par un isolement total. A croire que la responsabilité incombe aux citoyens et le reste n’est tout simplement qu’un manque de prévision. Selon, Saïd Akretch, «Il y a une forte demande imprévue. Nous n’avons jamais connu ces intempéries depuis des dizaines d’années.

Nos installations fonctionnent 24 heures sur 24. Les moyens sont disponibles mais la demande est énorme». Il est vrai, cette situation est exceptionnelle mais cela ne justifie nullement les défaillances de Naftal.

«Nous vendons 700.000 bonbonnes par jour. En temps normal, nous vendons à peine 300.000 quotidiennement», a-t-il indiqué. Les quantités acheminées vers les zones montagneuses, selon M.Akretch, dépassent de trois fois les quantités livrées habituellement en hiver. Minimisant l’ampleur de la pénurie de bonbonnes de gaz, le premier responsable de Naftal a précisé que des difficultés se concentrent surtout dans les régions montagneuses (Ouarsenis, Médéa, Blida, Aurès, Djurdjura). «Les régions de Boumerdès et de Tizi Ouzou sont soutenues par des centres enfûteurs d’Alger tandis que la région de Jijel dépend de ceux de Béjaïa», a-t-il précisé.

Saïd Akretch semble vouloir étouffer l’ampleur de la spéculation sur la bonbonne de gaz qui est cédée à 2 000 dinars alors que le prix fixé par l’État est de 200 dinars. Pis encore, il impute la responsabilité aux acheteurs. «Il y a des files d’attente au niveau des points de vente. Parmi les acheteurs, il y a des revendeurs. On ne sait pas qui est spéculateur et qui ne l’est pas. Mais, il ne faut pas exagérer ce phénomène de la spéculation. Nous avons pris des mesures pour la freiner, mais il est impossible de l’arrêter», a-t-il précisé. Au moment où dans plusieurs wilayas les populations se bousculent par milliers pour avoir la «fameuse bouteille», le responsable de Naftal fait savoir que «le nombre de points de vente mis à la disposition de la population est suffisant. Il y a des points de vente de Naftal et des particuliers qui sont approvisionnés en permanence. Ils sont plus de 7000». Jusque-là, il s’agit de chiffres communiqués depuis un studio au boulevard des Martyrs.

Pour les gens qui subissent le martyre, M.Akretch a reconnu quelque chose tout de même.

«Les gens font la chaîne mais sont sûrs d’être servis. Quelques jours auparavant, les gens ont passé la nuit à côté de ces points. Cette forte demande sera résorbée dans les prochains jours. Les chaînes vont disparaître. Cela est déjà le cas à l’ouest du pays. C’est une situation conjoncturelle», a-t-il dit.

Il ajoute que la préparation de la campagne hivernale se fait généralement en été en préparant les installations, les moyens de transport et les équipes, sauf que «l’intensité de l’hiver de cette année a tout consommé en l’espace d’un temps réduit. Tout ce que nous avons préparé s’est avéré insuffisant», a-t-il reconnu.

Une question s’impose en ces temps de froid qui a tué et qui continue de menacer des vies humaines loin des studios d’Alger: l’heure est-elle aux responsabilités à assumer? Ou à expliquer les raisons d’une défaillance?

De quoi ont réellement besoin les populations? de gaz ou de justifications? Une chose est sûre, les dirigeants de la seule entreprise qui a le monopole de la distribution de gaz n’ont pas eu le sens d’anticipation, et c’est tout le centre et le nord est du pays qui est privé de chauffage.