Filière avicole, Les abattoirs clandestins prennent de l’ampleur

Filière avicole, Les abattoirs clandestins prennent de l’ampleur

poulet_847901_679x417.jpgComme chaque année, l’arrivée du mois de ramadhan est synonyme de la forte spéculation que connaît le marché de la viande avec toutes les conséquences qui en découlent, comme la hausse des prix et l’anarchie qui s’empare des circuits de distribution.

Si l’Etat s’est engagé à garantir la disponibilité des viandes rouges en recourant à l’importation de pas moins de 300 000 quintaux de viandes fraîches et congelées, pour faire l’appoint avec les disponibilités au niveau local, c’est la filière des viandes blanches qui nécessite des mécanismes de régulation vigoureux.

Telle qu’elle évolue actuellement, la filière avicole est loin d’être structurée. Les spécialistes, autant que les producteurs et les associations de consommateurs, ne cessent pas d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur le caractère informel qui prend de l’ampleur au sein de cette branche d’activité. Ce qui, d’ailleurs, finit par fausser toutes les prévisions alors que les prix ne dépendent d’aucune logique commerciale. Entre autres fléaux dont souffre la filière avicole, le pullulement d’élevages et abattoirs clandestins.

Dans les wilayas de Tizi Ouzou et Boumerdès, des estimations fournies par des coopératives avicoles font état de plus de 60% de parts de marché que contrôlent les circuits clandestins. Dans les zones rurales, la réalisation de bâtiments d’élevage avicole est devenue une opération courante et leurs propriétaires ne se voient aucunement dans l’obligation de solliciter une autorisation auprès des services agricoles locaux ou des autorités locales.

Outre les bâtiments d’élevage, certains opérateurs de la filière se lancent de plus en plus dans la réalisation d’abattoirs clandestins utilisant des équipements qui échappent à tout contrôle et aux normes sanitaires et industrielles. Laquelle tendance n’est pas sans entraîner des conséquences négatives sur la qualité des viandes proposées à la vente ou sur la santé des consommateurs, notamment durant la saison estivale où les conditions de stockage et de la chaîne du froid sont rarement respectées. Les chercheurs de la faculté des sciences agronomiques de Tizi Ouzou et de l’ENSA (école supérieure d’agronomie d’Alger) ont requis, dans de précédentes études, la nécessité d’atténuer l’aspect informel de la filière afin de parvenir à sa structuration et sa maîtrise.

Compte tenu de la situation actuelle du marché et de l’attitude des autorités locales dans certaines régions du pays, la réorganisation de la filière avicole risque de prendre encore des années. C’est le cas de la localité de Draâ Ben Khedda, à la sortie ouest de la wilaya de Tizi Ouzou sur la route d’Alger, où les services de la commune et de la daïra ont donné le feu vert à une centaine d’éleveurs avicoles pour ériger des abattoirs traditionnels sur la place du marché de la ville.

Ainsi, quotidiennement, ce sont des milliers de volailles qui sont abattues et nettoyées sur place pour être vendues à une clientèle de plus en plus nombreuse, affluant des différentes localités de Tizi Ouzou et Boumerdès, attirée par les prix, défiant toute concurrence, qui y sont proposés. Certes, la démarche des autorités locales de la daïra de Draâ Ben Khedda est accueillie favorablement par les ménages qui ont désormais accès aux viandes blanches notamment durant le mois de ramadhan, mais ces abattoirs à ciel ouvert entraînent des retombées négatives en matière d’hygiène et du respect des normes de la santé publique.

Loin des centres urbains, des dizaines d’abattoirs clandestins sont signalés dans différentes localités rurales où les services de contrôle et de la répression de la fraude n’interviennent pas. Dans de telles conditions, il est difficile pour les services du ministère de l’agriculture et les spécialistes en la matière d’évaluer le potentiel et contraintes de la filière avicole en Algérie.

Mourad Allal (L’Eco n°92, du 1er au 15 juillet 2014)