Durant l’Euro 2016, les algériens n’ont pas supporté les Bleus

Durant l’Euro 2016, les algériens n’ont pas supporté les Bleus

patrice-evra-regrette-deja-l-ambiance-du-stade-velodrome-a-marseille_5634157-500x281.jpgDurant l’Euro 2016, les algériens, ou au moins une bonne partie d’entre eux, n’ont pas soutenu l’équipe de France de football  et ont même carrément souhaité sa défaite. L’équipe de France actuelle n’est pas un très grand cru, de l’avis même de beaucoup de journalistes sportifs français, si on l’a compare, par exemple, à celle de Zinedine Zidane, qui a été sacrée championne du monde en 1998.

Certes, on peut gagner une compétition (dans tous les domaines d’ailleurs) sans être forcément le meilleur. Les Bleus ont été à deux doigts de confirmer cet adage, s’ils avaient pu éviter le piège portugais dimanche dernier.

Cependant le parti-pris défavorable de nombreux fans algériens de football (et sans doute, d’une partie du public arabe en général et notamment les beurs en France) vis-à-vis des Bleus version 2016, est une réaction inédite (du moins avec l’ampleur qu’elle a prise) et il est révélateur de l’état d’esprit d’un pan de l’opinion publique, dans les banlieues françaises et de ce coté-ci de la méditerranée.

Des motifs extra-sportifs (et donc forcement politiques) expliquent cette non-adhésion sentimentale et massive aux exploits des coéquipiers de Griezmann, Sissoko et Llorys. Le durcissement des  sociétés européennes, suite aux lâches  attentats terroristes impliquant de soi-disant musulmans  qui croient servir l’islam en tuant et égorgeant à tout-va  est un fait aujourd’hui avéré, même s’il est fortement déploré par des hommes politiques et intellectuels occidentaux.

A partir de cette triste réalité, le bannissement sportif  de Karim Benzema (suite à ses ennuis judiciaires, pourtant pas encore jugés et sanctionnés par les tribunaux) et de Hatem Ben Arfa (dont le comportement fut considéré comme instable par le sélectionneur français) a  été  vécu par beaucoup d’arabes et de musulmans comme la manifestation, dans le domaine du sport, de cette « droitisation » de l’Occident aujourd’hui.

Des déclarations par ailleurs, à l’emporte-pièce, de femmes et d’hommes politiques français, comme celle de la responsable du Front national Marion Marechal -Le Pen qui s’est félicitée qu’il y ait eu moins de « racailles » dans cette équipe de France version  2016 (cette équipe est moins « racailleuse », selon elle, que les précédentes ) ou celle du Premier ministre français Manuel Valls qui a tenu à préciser, en faisant allusion à Benzema,  que « pour revêtir le maillot bleu, il fallait être exemplaire », ont largement nourri  le soupçon  quant  à l’existence d’une volonté d’empêcher les footballeurs d’origine arabe de représenter la France en cette période sensible post-attentats terroristes, qui  a vu  par ailleurs se multiplier les actes islamophobes   un peu partout en Europe.

Même le rappel tardif du joueur d’origine marocaine Adel Ramy  a  été  perçu comme un alibi devant permettre  à l’entraineur des Bleus  de circonscrire sa supposée « tactique d’ostracisme » (dénoncée de manière virulente, avant le début de l’Euro, par l’ancienne star du football  Eric Cantona) dans un cadre strictement sportif. Le contentieux colonial, invoqué dans des moments de crise par les hommes politiques de deux cotés de la méditerranée, ne  peut expliquer, cette fois-ci, ce rejet instinctif  et inattendu de l’équipée des Bleus durant cet  Euro 2016, par une partie de l’opinion algérienne et des jeunes en particulier.

Souhaitons pour notre part et pour conclure, à nos amis sportifs français, en dépit des différences et, parfois, des différents de remporter à l’avenir de grands succès, peut-être  « sans » mais de préférence  « avec » les arabes et les musulmans de France.