Constructions inachevées, Un nouveau délai de grâce pour les propriétaires

Constructions inachevées, Un nouveau délai de grâce pour les propriétaires

constructions_illicites1.jpgLe gouvernement a donné un nouveau délai jusqu’au mois de septembre de l’année 2016 pour que toutes les constructions inachevées soient conformes; à défaut, ces carcasses de béton seront démolies par les pouvoirs publics et leurs propriétaires sanctionnés. C’est en tout cas ce qui a été décidé récemment par le ministère de l’Habitat.

La mesure est salvatrice, et trop de mises en garde ont été notifiées à l’adresse de ces propriétaires, mais sans résultats plausibles. Cela dit, la ville de Constantine n’y échappe pas. L’exemple le plus illustratif concerne la «Pyramide», qui reste une placette attrayante en plein centreville, passage obligé pour accéder à toute la zone Ouest, très fréquentée pour les services de la cité administrative du Coudiat, les arcades de la rue Abane Ramdane et le boulevard Belouizdad, qui font jonction en ce lieu symbolique de la ville des Ponts.

Le visiteur qui passe par ce lieu phare de la ville est agressé, non par un quelconque malfrat mais plutôt par une bâtisse inachevée qui trône imperturbablement depuis un quart de siècle et qui semble défier l’autorité locale et les services urbanistiques. Cet édifice érigé sur les décombres de l’ex-usine Duplan, autrefois spécialisée dans le moulage des ouvrages en fonte, ressemble à une cicatrice qui enlaidit ce lieu très prisé pour l’animation qui y règne. A l’entame du chantier, le promoteur a rapidement réalisé l’imposante structure en béton avant d’abandonner les travaux, sans parachever les corps d’état secondaires.

De l’avis de tous, cette construction est une débâcle sur le plan architectural avec des hublots et des lucarnes aménagés sur la façade, aucun charme pour cette masse de béton insipide. C’est à croire que celui qui a réalisé l’étude s’est inspiré de la prison du Coudiat située en face, de l’autre côté de la rue.

La bâtisse occupe une bonne partie de l’assise libérée suite à la démolition de l’usine, le terrain restant, qui se prolonge en entonnoir jusqu’en dessous du collège Benabdelmalek, est envahi par les herbes et garni de bouts de ferrailles et autres rebuts, la géométrie de l’espace non bâti présentant certainement des contraintes. Un spectacle à la limite de l’indécence en ce lieu de ralliement de tout le gotha de la ville et de ceux qui sont juste là pour découvrir les attraits de Constantine.

Pour finir, signalons qu’il y a quelques années à peine, des ouvriers chinois sont passés par là pour le revêtement de la façade, mais pour le reste, ce gâchis est toujours là à assaillir tous ceux qui aiment la ville des Ponts et pour offenser ceux qui y viennent en touristes. Mais cet immeuble de mauvais goût n’est pas le seul puisqu’à l’entrée de la cité du 5 Juillet, un autre building inachevé aussi, depuis plus de vingt ans environ, est là pour narguer les visiteurs qui arrivent des wilayas limitrophes et qui doivent transiter par l’endroit pour accéder à Constantine et les autres villes.

Cette bâtisse, aussi, a vieilli sans être achevée, elle a l’âge des enfants des cités voisines qui ont rejoint les campus universitaires. Constantine est en passe d’abriter une manifestation culturelle d’envergure et les hôtes de la ville seront émerveillés par une multitude de trésors et de vestiges, à condition que les projets programmés soient au rendezvous, mais la prise en charge de ces bâtisses qui enlaidissent la ville ne doit pas être occultée.

La vitrine que les concepteurs de l’évènement dévoileront en 2015 doit être belle pour promouvoir la destination touristique et culturelle de Cirta qui a besoin d’un développement urbanistique cohérent, à la mesure de son histoire millénaire et de sa position de carrefour de tout l’est du pays. L’objectif devrait, outre l’évènement culturel programmé, être centré sur l’amélioration de la qualité de vie des habitants en favorisant les hauts lieux de convivialité.

L’identité de la ville ne doit pas être altérée par ces immeubles qui indisposent et incommodent. Et dire qu’il y a eu une loi dans ce sens qui a été promulguée au Journal officiel il y a quelques années pour mettre fin à ces carcasses en béton, mais rien n’a changé, ces constructions incomplètes défient toutes autorités au su et au vu de tout le monde.

Mâalem Abdelyakine