Boumerdès : trois non jeûneurs présentés devant le procureur

Boumerdès : trois non jeûneurs présentés devant le procureur

2012_07_jeune_183808466.jpgLa police sévit pour la deuxième fois contre ceux qui n’observent pas le ramadan.

Ces deux jeunes ont été interpellés en 2010 et passés devant la justice pour non observation du ramadan

Selon la version électronique du journal arabophone El Mihwar, trois jeunes ont été arrêtés par les services de police ce vendredi 27 juillet au sud-ouest de la wilaya de Boumerdes et cela pour non-observation du jeûne du ramadan. Selon la même source, les services de police ont surpris les trois jeunes en train de fumer dans une maison abandonnée dans un des villages des Issers. Les trois jeunes ont été conduits au commissariat puis présentés devant le procureur général qui a ordonné les placés en détention provisoire.

En l’espace de quelques jours c’est la deuxième fois que des éléments de la police nationale en police de lutte contre le vice qui a longtemps sévi en Afghanistan. Il y a quelques jours des policiers de Beni Douala (Tizi Ouzou) ont malmené Rebaine Slimane, 36 ans. La raison ? Il a été surpris par ces policiers en train de boire de l’eau.

On se rappelle que durant le ramadan de 2010, un jeune Algérien a été condamné à deux ans de prison ferme et 100.000 dinars d’amende pour avoir été surpris en train de manger pendant le jeûne. La même année, deux chrétiens en Kabylie ont été condamnés à 3 ans de prison ferme pour la même raison.

Pourtant, la Loi fondamentale est claire. Elle ne prévoit aucune sanction en la matière. Cependant, il s’en trouve toujours des policiers ou des juges qui s’investissent en « justicier de l’islam », voire en « inquisiteurs », pour appliquer leur loi.

Dans un communiqué, la Maison des Droits de l’Homme et du Citoyen de Tizi-Ouzou (MDHC-TO) « rappelant que la liberté de culte et la liberté de conscience sont des droits garantis par la Constitution algérienne et par les Pactes Internationaux relatifs aux droits de l’homme que l’Algérie a ratifiés, dénonce l’interpellation et le passage à tabac du citoyen Rebaine Slimane, assure la victime de son soutien et appelle toutes celles et tous ceux qui refusent de voir l’Algérie sombrer dans l’inquisition à rester vigilant(e)s et mobilisé(e)s ».

Dans cette affaire, le bureau régional du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s’interroge pour sa part : « S’agit-il d’excès de zèle, exercé par des agents en mal de religiosité, auquel cas des sanctions doivent être prises et rendues publiques rapidement ? Ou alors ne sommes nous pas en droit et en devoir de comprendre qu’il s’agit d’une position politique d’un corps de sécurité, serviteurs de la République et dont une des missions est de garantir la sécurité des biens et des personnes ? Ou encore, s’agit-il d’un glissement insidieux de l’application de la charia et de la transformation de notre police en « gardiens de la révolution islamique » ? ».

Yacine K/Madjid Serrah