Après la tempête politico-médiatique provoquée par le message attribué au président, Apaisement ou revirement forcé ?

Après la tempête politico-médiatique provoquée par le message attribué au président, Apaisement ou revirement forcé ?

2014-Amar_Saadani_FLN_600_839553609.jpgD’un mépris total pour l’opposition, Amar Saâdani semble revenir à un discours plus conciliant. Tout semble se passer comme s’il s’était fait “taper sur les doigts”. À moins que le cercle présidentiel se soit rendu compte du désastre provoqué par le message.

Le message attribué au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lu par un de ses conseillers le 19 Mars dernier et dans lequel il a fustigé l’opposition et la presse, provoquant une véritable tempête politico-médiatique, a-t-il fait désordre en haut lieu ? Tout porte à le croire au regard de quelques signes de confusion apparus au lendemain des salves de répliques de l’opposition et des interrogations suscitées auprès de l’opinion et des chancelleries. Alors que la présidence de la République a mis en ligne sur son site Internet le message sans le passage stigmatisant la presse, suggérant qu’il ne s’agissait que d’une simple erreur, et Hamid Grine annonçant depuis Aïn Témouchent “qu’il n’y a aucune volonté visant à diriger ou gérer la presse”, le FLN s’est fendu hier, lui, sur son site, d’un compte rendu où il dément les propos attribués à Amar Saâdani tenus samedi à Sidi-Fredj, à l’occasion d’une conférence de formation politique des cadres du centre du parti, et dans lesquels, il a tiré à boulets rouges sur l’opposition.

“Certains partis n’ont pas compris l’intervention d’Amar Saâdani samedi à l’hôtel El-Riadh de Sidi-Fredj. Le discours était destiné aux militants et aux militantes du parti, et les a exhortés à comprendre les idéologies, les idées et l’histoire des partis en Algérie et à l’étranger. Saâdani a donné en exemple le FJD d’Abdallah Djaballah et le MSP. Il a évoqué, également, l’AKP, parti au pouvoir en Turquie, et s’est interrogé si ce parti tient ses racines du califat ottoman ou de l’État national modern

e. Il a aussi parlé du Hezbollah et de sa dimension religieuse en Iran et du Hamas palestinien. Comme il a montré la différence entre des partis qui disposent d’un réservoir de militants et des partis sans base, qui ont simplement des idées et qui souhaitent les diffuser, en donnant l’exemple de Djilali Soufiane. Dans le même temps, il a appelé à la moralisation de l’activité politique et à l’encadrement de la société (…)”, rapporte le site du FLN. Or, la veille, Saâdani avait affirmé que “la dimension de Soufiane Djilali tient dans un journal”. À propos de Djaballah, de son parti et du “groupe qui l’entoure”, Saâdani a appelé ses militants à connaître l’idéologie sur la base de laquelle a été créé ce parti. Quant au MSP, il a fait allusion aux rapports qu’il entretient avec le Hamas palestinien, l’Égypte et l’Indonésie. Pour un responsable d’un parti qui se confond avec le pouvoir, il est pour le moins curieux de revenir sur ses déclarations avec une telle célérité. D’un mépris total pour l’opposition, Amar Saâdani semble revenir à un discours plus conciliant. Tout semble se passer comme si, quelque part, il s’était fait “taper sur les doigts”. À moins qu’entre-temps, le cercle présidentiel se soit rendu compte du désastre provoqué par le message, autant sur la crédibilité de l’institution présidentielle que sur son fonctionnement. En tout cas, cet épisode du message du 19 Mars a eu l’effet inverse de celui escompté : faire braquer les regards et l’intérêt de l’opinion et des chancelleries sur le dysfonctionnement qui touche la première institution du pays au moment où l’on s’évertue à vendre l’idée d’une “présidence normale”, pour reprendre la célèbre formule de François Hollande.

K. K.