Affaires de corruption, polémique sur le gaz de schiste…, Sonatrach dans la tourmente

Affaires de corruption, polémique sur le gaz de schiste…, Sonatrach dans la tourmente

sonatrach_848527_679x417.jpgSonatrach est dans la tourmente, impliquée dans des affaires supposées de malversation et de corruption, bridée par la baisse des prix du pétrole, sujette à l’instabilité managériale et empêchée dans la réalisation de son projet de développement du gaz de schiste…

Créée fin 1963, la société nationale des hydrocarbures Sonatrach s’est progressivement imposée comme un acteur énergétique incontournable en Algérie mais aussi réputé à l’international.

Durant les cinquante dernières années, la compagnie a contribué d’une part à l’émergence d’une industrie algérienne des hydrocarbures mais aussi au développement socioéconomique.

Impulsion d’une base solide de compétences algériennes, intense activité de développement et de diversification, contribution importante au budget de l’Etat de par les recettes d’exportation de pétrole et de gaz générées, lancement d’une stratégie d’internationalisation… Ce que Sonatrach a pu réaliser en bénéficiant essentiellement d’une certaine stabilité managériale, une gestion financière réputée saine et une latitude d’action relativement large, nonobstant les vicissitudes politiques, sociales et économiques au niveau national mais aussi à l’étranger.

Une dynamique que la compagnie pétrolière a, certes, poursuivie durant la décade écoulée mais cependant de manière moins intense. Depuis le début des années 2000, Sonatrach ne bénéficie plus de cette stabilité managériale qu’elle avait durant les décades précédentes.

Obéissant souvent à des considérants politiques, aux velléités ou humeurs des pouvoirs publics, voire à des interférences supposées ou réelles de milieux d’affaires, des changements récurrents ont été opérés au niveau de la direction générale de la compagnie. Une dizaine de présidents-directeurs généraux ont été nommés depuis la fin des années 1990 à la tête de Sonatrach, parfois à titre intérimaire comme ce fut le cas pour l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil ou pour l’actuel P-dg, Saïd Sahnoun. Une instabilité managériale, justifiée ou non, que la compagnie a dû subir en dépit de l’impact négatif y découlant sur l’image, l’activité et les travailleurs de l’entreprise.

Couplée à cette instabilité managériale, une certaine érosion des compétences notamment dans le forage a été constatée durant les dernières années, même si la compagnie a tenté de la juguler et que les recrutements se soient poursuivis.

Disposant de moins de latitude d’action comme avant, Sonatrach pâtit également du déclin de la production gazière et pétrolière, malgré le nombre élevé de découvertes d’hydrocarbures réalisées durant les dernières années.

Un déclin qui survient dans le contexte où les prix du pétrole ont joué au yo-yo durant les années précédentes, alternant entre hausse et forte dégringolade et impactant sur la visibilité financière du pays. Et sans omettre les répercussions de l’attaque terroriste perpétrée début 2013 contre le complexe gazier de Tiguentourine, une activité de production que la modification régulière du cadre réglementaire et législatif régissant les hydrocarbures n’a pas pu stimuler effectivement. Mais Sonatrach pâtit également d’une autre contrainte, l’implication d’anciens cadres dirigeants de la compagnie dans des affaires supposées de malversations et de corruption, des doutes étant émis quant à la passation de marchés et la conclusion de contrats avec des entreprises étrangères.

Au-delà de leur nature, de l’ampleur et de leurs suites judiciaires, étant traitées tant en Algérie qu’ailleurs, notamment en Italie ou au Canada, ces affaires de corruption auront mis à nu et la forte propension à la prébende de certains cadres et le rôle important que l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, y aurait joué.

Des affaires qui ont également impacté négativement sur l’image de la compagnie pétrolière, tant en Algérie qu’au niveau international, malgré les assurances de ses dirigeants. Des affaires qui ont également démontré le non-respect des procédures réglementaires régissant ces marchés, soulevant des doutes sur l’autonomie de gestion financière mais aussi opérationnelle de Sonatrach. Mais la tourmente ne s’arrête pas là.

Engagée dans une dynamique de développement tous azimuts, Sonatrach a engagé un programme de recherche et évaluation d’un hydrocarbure non-conventionnel (le gaz de schiste), à travers le forage de puits-pilotes essentiellement à In Salah.

Un programme destiné à définir la faisabilité technique et économique de l’exploitation éventuelle dudit gaz. Mais un programme qui suscite la polémique, une forte opposition de la population locale, craignant des répercussions négatives sur l’environnement et sur la ressource vitale qu’est l’eau, mais aussi au niveau national. Des réticences légitimes au demeurant mais que Sonatrach n’a pu cependant vaincre, une opinion publique exprimant son hostilité notamment à travers les réseaux sociaux et certaines organisations politiques et sociétales que la compagnie n’a su toutefois convaincre.

Au-delà du retrait des appareils de forage de la région d’Ahnet et même si Sonatrach ne remet pas toutefois en cause la poursuite de son programme d’évaluation de ces hydrocarbures, la capacité de l’opérateur à concrétiser ses projets s’avère contrainte. Ce qui créé un certain imbroglio, une confusion qu’accroît l’illisibilité du discours de l’exécutif en dépit de la conviction affichée par le ministre actuel de l’Energie, Youcef Yousfi, quant au développement progressif de cette ressource. En somme, Sonatrach subit une grande tourmente, impliquée à tort ou à raison dans des affaires de malversation et de corruption, bridée par la baisse des prix du pétrole, sujette à l’instabilité managériale et empêchée dans la réalisation de son projet de développement du gaz de schiste….

C. B.