S’achemine-t-on vers l’arrivée d’une armée de mercenaires pour la protection des installations de Tiguentourine et In Salah ?
Tout porte à croire que BP veut imposer cette option pour sécuriser ses deux sites gaziers qu’elle gère conjointement avec la Sonatrach et le norvégien Statoil.
Stirling, l’agence britannique de sécurité de BP, vient de conclure un partenariat stratégique avec Olive, une autre société britannique basée aux Emirats, réputée pour le recours à des armées de mercenaires pour assurer la sécurité des sites et les personnes qui lui sont confiés.
Olive est ainsi désormais chargée d’apporter sa contribution pour la mise en oeuvre d’un plan de sécurisation des sites gaziers algériens pour le compte de BP. Elle devra apporter toute son expérience dans la sécurisation des champs pétroliers irakiens, qui sont restés intacts en dépit de 10 ans de guerre fratricide.
Au sud de l’Irak comme au Kurdistan et sur la bande verte de Baghdad, Olive utilisait des régiments de mercenaires, issus de pays différents, avec un armement qui n’a rien de moins par rapport à celui utilisé par les marins ou les rangers américains. Autrement dit, ils avaient tout simplement droit de vie et de mort sur les populations irakiennes sans la moindre obligation de justifier tel ou tel acte.
Stirling, qui a échoué dans son plan HSE de Tiguentourine, a eu recours à cette société de mercenaires bâtie par des anciens officiers de l’armée et des services spéciaux britanniques. Pourtant, la réglementation algérienne interdit le recours aux services de sociétés étrangères spécialisées dans les prestations de sécurité et limite cette activité aux seules entreprises algériennes.
Mais, dans la réalité, Stirling assure les missions de sécurité de BP depuis des années aussi bien sur les sites d’In Salah que ceux de Tiguentourine. Pour contourner les dispositions réglementaires, la société britannique s’est alliée à une entreprise privée algérienne. Du coup, Stirling a eu toute la latitude d’exercer illégalement, pendant une décennie, une activité réglementée.
Au lendemain de l’attaque terroriste survenue à Tiguentourine, BP a refusé d’admettre les failles de Stirling et a continué à exercer toutes sortes de pressions sur le gouvernement pour obtenir plus de concessions. BP a, entre autres, conditionné le retour de son personnel en Algérie par l’amélioration des conditions de sécurité.
Devant la passivité des vis-à-vis de la Sonatrach et du ministère de l’Energie, les responsables de BP risquent d’imposer cette option de mercenaires pour la sécurisation des sites gaziers. L’Algérie, qui exportait fièrement son expérience dans la lutte antiterroriste, sera-t-elle contrainte d’importer des armées de mercenaires pour satisfaire les caprices de BP ?
Mokhtar Benzaki