Le grand argentier du pays présentait hier le projet de loi de fiances 2014 devant les membres de la commission parlementaire.
Ces derniers ont profité pour l’interpeller sur la récente dévaluation de la monnaie nationale, un sujet soulevé par certains journaux qui ont qualifié la mesure de « clandestine ».
La dépréciation de la valeur du dinar par rapport à l’euro et au dollar, selon ses explications est le résultat du différentiel entre le taux d’inflation en Algérie et celui enregistré dans le reste du monde. Il ne s’agit pas de dévaluation, mais d’un cas de « dépréciation » car le marché a enregistré, par le fait de la Banque d’Algérie, le différentiel de l’inflation en Algérie et le reste du monde (en Europe et aux Etats-Unis) » a encore cherché à éclairer le ministre des Finances.
Ce dernier rassure cependant en promettant que le dinar algérien « s’appréciera à nouveau » dans les prochains mois après une dépréciation d’environ 9% par rapport à la monnaie européenne opérée depuis le mois de juin. « Selon nos prévisions, il y aura (dans quelques mois, NDLR) un taux d’inflation de 4%, voire moins et le dinar va s’apprécier à nouveau » et la tendance « pourrait être inversée très prochainement », ajoute Karim Djoudi.
Compte tenu du fait que ce différentiel ira en se réduisant au cours des prochains mois, a-t-il poursuivi, « la valeur du dinar devrait, de mon point de vue enregistrer cette réduction du différentiel de l’inflation et reprendrait de la valeur ». Une inflation qui a déjà enregistré, selon lui, un recul constaté, en relevant qu’en décembre elle était de 8,9% et en août 2013, le taux a baissé à 4,4% puis à 4,1 % en septembre.
Il y a quelques jours, le journal en ligne TSA présentait cette « dépréciation comme « un coup dur » pour les ménages algérien dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’éroder. Le même journal notera que la valeur du dinar a perdu plus de 9% sur les trois derniers mois face aux monnaies européennes.
Mardi dernier, relevait encore de journal, un Euro était officiellement coté à 111,25 dinars. Une cotation qui le rapproche un peu plus de taux de change sur le marché parallèle où il se négocie à 14,80 DA pour un Euro.
Cette baisse est dictée par des considérations purement techniques, loin de la volonté affichée du gouvernement de freiner le rythme des importations. Elle serait le résultat direct de l’inflation qui a atteint des niveaux record en 2012 et continue de se maintenir à un niveau élevé en 2013, selon la même source.
La Banque d’Algérie qui utilise un système de « flottement dirigé » a été contrainte d’ajuster la valeur du dinar par rapport aux principales monnaies, pour tenir compte du niveau d’inflation important atteint et sauvegarder ainsi le niveau de compétitivité des produits locaux face à ceux importés, notamment de la zone euro.
Mais d’aucun ont vu aussi dans ce réajustement le signe de la volonté des autorités d’agir sur le niveau des importations qui vont atteindre cette année le montant historique de 60 milliards de dollars.
Ceci dit, pourquoi la valeur du dinar algérien est-elle si insignifiante ? 110 dinars pour un euro et 81,1 dinars un dollar selon le cours du Forex1 en date du 01 octobre 2013, cours officiel, en comparaison, par exemple, avec le dinar tunisien qui se cote à 2,3 dinars un euro et 1,6 pour un dollar, avec la monnaie marocaine, dont le change est de 1 euro pour 11,9 dirhams et 8,3 pour un dollar . Sur le marché parallèle contrairement à nos voisins où l’écart est faible, chez les réseaux du marché parallèle avec les devises se vendent et s’achetent sur la place publique sans aucune intervention bancaire.
La valeur réelle de la monnaie, qui n’est qu’un signe, un moyen d’échange passé de la monnaie métallique, aux billets de banques, puis aux chèques et ensuite à la monnaie électronique. Épargner ne crée pas de valeur. C’est le travail par l’innovation continue qui est la source de la richesse d’une Nation.
La valeur de la monnaie dépend de la confiance en le devenir de l’économie et du politique, de la production et de la productivité, comme l’ont montré les analyses des classiques de l’économie sur » la valeur ». Or selon un rapport de l’OCDE, la productivité du travail de l’Algérie est une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen. Après 50 années d’indépendance politique, elle ne produit presque rien : 98% d’exportation d’hydrocarbures et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. CQFD, Mr Djoudi…
Omar Zekri