Ce système qui nous a positionnés à la traîne de l’humanité, dans tous les domaines, doit disparaître
On ne va pas risquer de brûler le pays pour les ambitions d’un individu ou d’un groupe, voire d’un clan.
Il ne fait pas de doute que notre pays devra changer. Changer de régime, changer de système de gestion et changer d’hommes aussi car, qu’on le veuille ou non, les hommes font toujours les choses avec la mentalité qui est la leur. Si les conditions environnantes les poussent à être socialistes, ils le feront avec leur mentalité. Si, des années plus tard, l’environnement les pousse vers plus de libéralisme, alors ils le feront, mais avec la même mentalité car nul ne dispose de plus d’une mentalité tout comme nul n’a plus d’un coeur dans la poitrine.
Notre environnement évolue et nous devons évoluer avec, tout le monde le sait et tout le monde approuve. Reste maintenant de savoir comment? Quand? Avec quoi? De quelle manière? etc.
Ceux qui sont sur place s’y plaisent. Et nul ne bouge de lui-même combien même il est là depuis quelques siècles. La preuve, il a fallu que Bouteflika procède à un remaniement pour que certains se rendent compte que Cherif Rahmani était là depuis 25 ans? la moitié de la vie du pays depuis l’indépendance. Il faut que cela change, on est d’accord mais comment?
Ahmed Benbitour, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2014, et dont les propos ont été rapportés par certains confrères, nous propose «une large mobilisation collective pour assurer le succès aux décisions fondamentales à initier» sans nous éclairer toutefois sur la partie initiatrice de ces décisions qualifiées de fondamentales. Il ne nous en souffle même pas un mot sur ces décisions elles-mêmes. Il nous suggère aussi une «mise en place des outils et des mécanismes indispensables à la réalisation de l’objectif défini» sans nous préciser de quel objectif il s’agit ni de qui, ni par qui il a été défini ni même où et quand a-t-il pu être défini.
Et, de poursuivre avec cette promesse que «en quelques mois le souhaitable deviendra possible» en prenant soin d’insister sur le fait que le changement devra être pacifique et que tant qu’il concerne les seules personnes, il ne sera nullement efficace.
Tous les Algériens sont pour le changement sauf que, si nos calculs sont bons, il doit y avoir à peu près 38 millions de façons de voir ce changement et celle présentée par M.Benbitour en fait partie.
Oui, le pays doit changer!
Soyons clairs et soyons francs, et disons les choses comme elles doivent être dites. Le pays a besoin de changement. Cette manière de gérer le pays qui ne nous a menés nulle part doit disparaître. Ce système qui nous a positionnés à la traîne de l’humanité, dans tous les domaines, doit aussi disparaître. Et même les hommes qui ont fait notre malheur doivent s’en aller. Mais, encore une fois, comment faire?
Descendre dans la rue? C’est ce qu’on a l’impression d’entendre. Si c’est là la proposition, alors non, merci! On ne va pas risquer de brûler le pays pour les ambitions dun individu ou d’un groupe, voire d’un clan.
Les conditions environnantes, les expériences répétitives et la situation actuelle du pays n’ont rien qui encouragerait à une telle pratique. Comment nous mobiliser alors? il aurait été intéressant que l’on nous dise comment.
Et nous mobiliser pour quel objectif? M.Benbitour ne nous en dit pas mot lui qui doit savoir pourtant que les gens ne sont jamais intéressés par des objectifs qui ne sont pas leurs ou, du moins, qu’ils ne connaissent pas. Est-il possible de croire, ne serait-ce qu’un instant, que l’on puisse se mobiliser pour réaliser un objectif que seul M.Benbitour semble connaître? Nous n’avons rien contre Benbitour que nous ne connaissons même pas de près, et nous lui souhaitons de réussir à convaincre les citoyens de l’élire, mais pour quelqu’un qui se présente à la présidentielle, il est tout de même assez étonnant qu’il nous demande de contribuer à réaliser un objectif qui demeure inconnu. Qui a donc dessiné les contours de cet objectif dont nous ne savons rien? Et sur quelle base a-t-il donc été fixé?
Ces jours, quelqu’un nous a dit que ce sont les sacrifices des martyrs qui lui ont appris à aimer son pays, l’Algérie, et nous ajouterions que les ambitions, lorsqu’elles ne sont pas raisonnables, peuvent aider à le détruire tout comme l’ont fait les prétentions et les incompétences des parvenus et des indus occupants. Et là, nous sommes d’accord avec M.Benbitour lorsqu’il dit que, chez nous, le système «répond à tous les critères scientifiques de défaillance» car c’est ce qu’il y a de plus juste.
Encore une fois, notre pays doit impérativement changer pour progresser, pour ressembler aux autres pays, pour trouver la place qui lui convient, pour mieux respirer et pour être mieux vécu. Mais ce changement doit s’opérer avec sagesse car on a besoin de sagesse pour sortir de la folle toile d’araignée dans laquelle nous ont mis trente-cinq ans de mauvaise et de non-gestion.
Mais reconnaissons tout de même que tout ne vient pas de là-haut! On peut parier que Harraoubia n’a jamais été instruit pour détruire l’université comme il l’a fait. On peut jurer que Benbouzid n’a jamais reçu l’ordre de tuer l’Ecole algérienne comme il l’a fait. On peut mettre la main au feu qu’aucun ministre n’a été orienté pour ne rien faire dans son secteur, qu’il s’agisse de la santé où les hôpitaux meurent, de l’enseignement supérieur où dans les facultés on en est revenu à l’alphabétisation, dans l’agriculture où jusqu’à présent en attend la pluie pour manger, dans l’industrie où, comme si nous étions ivres, nous avons tout bradé pour le dinar symbolique avant de se réveiller et commencer à nous lamenter ou partout ailleurs comme dans ce tourisme où depuis l’indépendance jusqu’à ce jour nous ne savons pas encore ramener des gens voir la beauté de notre pays.
Par où commencer?
Et l’on peut descendre pour voir que, dans certaines baladiyate, et alors que les gens ne trouvent pas de formulaires, ces derniers se vendent dehors. Dans certains services du Trésor, il n’y a pas de timbres fiscaux alors qu’ils sont disponibles dehors à d’autres prix, dans toutes les villes de notre si joli pays, quiconque peut devenir propriétaire de la voie publique. Qui stationne sa voiture doit payer à qui n’y a rien investi. Qui a instruit tout ce beau monde d’agir de cette manière qui ne va pas dans le sens que nous voulons?
Quand on voit tout ce qui se passe dans notre pays, on crève d’envie de tout changer mais pas n’importe comment et puis, ce changement par où devra-t-il commencer?
Par le haut ou par le bas? Il y a beaucoup à dire, alors, au lieu de se précipiter et courir le risque de mener le pays vers des lendemains plus incertains encore, discutons d’abord ce que nous voulons changer et comment le faire puis le reste viendra tout seul.