Similitudes entre la prise d’otages à Tiguentourine et à Nairobi,La magistrale leçon de l’ANP

Similitudes entre la prise d’otages à Tiguentourine et à Nairobi,La magistrale leçon de l’ANP

Selon un dernier bilan, au moins 70 personnes auraient perdu la vie

En termes de lutte antiterroriste, l’Algérie vient encore une fois de donner la leçon aux capitales étrangères.

Y a-t-il une différence entre les forces spéciales de l’ANP et l’armée israélienne? «En termes d’efficacité, oui», répondent sans sourciller et à l’unisson les spécialistes de la lutte antiterroriste. Cette différence est vérifiable sur le terrain des opérations. Le bilan de l’assaut donné par les forces spéciales de l’ANP contre le groupe islamiste armé «Les Signataires par le sang» pour libérer près de 800 otages sur le site gazier très sensible de Tiguentourine au regard du bilan de l’opération menée conjointement par l’armée israélienne avec les forces kenyanes sur le centre commercial Westgate au coeur de la capitale kenyane, parle de lui-même.

L’assaut final de Tiguentourine, le 16 janvier dernier, s’est soldé par la mort de 38 otages étrangers avec 29 ravisseurs abattus et trois autres capturés. L’assaut de Nairobi a été autrement plus dramatique. Un véritable carnage: selon les chiffres provisoires avancés par la Croix-Rouge internationale, il y a eu au moins 69 morts et presque autant de personnes portées disparues. Il y a quand même une sacrée différence. Pourtant, la mission de l’Armée algérienne était autrement plus périlleuse dans la mesure où les ravisseurs étaient plus nombreux, lourdement armés et ils se trouvaient sur un site très sensible facile à faire exploser. Pourtant, l’Armée algérienne n’a pas échappé à de violentes critiques de la part de nombreuses chancelleries étrangères surtout celles qui avaient des ressortissants victimes n’ont pas hésité à assimiler l’opération de Tiguentourine aux méthodes russes. On a reproché à l’Armée algérienne son intransigeance face aux terroristes, son refus catégorique de négocier avec les sanguinaires, sa réactivité et son «empressement».

En fait, l’ANP n’a fait que traduire sur le terrain le discours politique prôné officiellement par l’Algérie et dont la substance est: «Ne jamais négocier avec les terroristes et ce quel qu’en soit le prix.» Ensuite, des semaines plus tard, les tensions se sont apaisées et le temps a fini par donner raison à cette opération. Qu’on en juge.

Le pays le plus critique au départ envers l’Algérie, à savoir la Norvège, a fini par se ressaisir. Dans un rapport sur l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine, la Norvège a souligné le rôle positif et hautement professionnel joué par les forces de l’Armée nationale populaire qui ont eu à gérer cette attaque. Selon Statoil, un des partenaires de la coentreprise exploitant le site, qui a désigné un groupe d’experts mandatés pour enquêter sur la tragédie, «ni Statoil ni la coentreprise n’auraient pu empêcher l’attaque».

Le groupe d’experts soulignent dans leur document qu’il était impossible de repousser ou retarder une attaque de cette ampleur et dépendaient du fonctionnement efficace de la protection militaire, reconnaissant, qu’«aucune force militaire ni autre ne pouvait garantir une protection complète contre des terroristes déterminés sur une zone de la taille du Luxembourg située près d’une frontière poreuse séparant l’Algérie et la Libye», indique Torgeir Hagena, chef des enquêteurs lors de la présentation du rapport. L’Algérie: un laboratoire à ciel ouvert en matière de lutte antiterroriste. Cette situation rappelle, toutes proportions gardées, les critiques essuyées par l’Algérie quand elle avait pris, en décembre 1991, la décision d’arrêter un processus électoral qui allait donner la victoire à des islamistes salafistes qui reniaient publiquement tout processus électoral et considéraient que la démocratie comme étant haram. Il s’en est suivi un véritable embargo qui a été implicitement décrété sur cette Algérie qui a osé anticiper sur les événements et dire non aux islamistes radicalistes. Pendant près de dix ans, l’Algérie luttait seule face à l’hydre terroriste. Pas un seul pays n’est venu à son secours. Bien au contraire, l’Algérie subit la foudre des capitales étrangères. Plus de 20 ans plus tard, la grande Egypte adopte la même démarche qui a décidé de destituer un président islamiste pourtant démocratiquement élu par les urnes. L’histoire est un éternel recommencement des choses mais d’une manière.