Région montagneuse à vocation arboricole, La Kabylie peut-elle nourrir ses enfants?

Région montagneuse à vocation arboricole, La Kabylie peut-elle nourrir ses enfants?

La région compte un autre atout, l’olivier

e kabyle ne peut pas, pour le moment nourrir ses enfants, ses émigrés, eux, la nourrissent.

Région montagneuse à vocation essentiellement arboricole. La wilaya de Tizi Ouzou n’est pas pour autant déserte en termes de production céréalière. Elle produit annuellement 120 425 q/h. Les statistiques de 2012 attestent que la wilaya a atteint 70% de l’objectif attendu en produisant une récolte de 120.425 q/h pour un total projeté de 164.900 /q/h.

Loin de rivaliser avec d’autres wilayas plus nanties en termes de reliefs et de terres arables, la wilaya de Tizi Ouzou produit tout de même des quantités non négligeables de blé essentiellement sur les plaines de Draâ El Mizan.

Parallèlement à la production céréalière, la région compte aussi un autre atout qui semble être sa réelle vocation, l’oliveraie. Bien qu’elle ait baissé quelque peu ces dernières années pour diverses raisons, la production d’huile d’olive tient toujours sa place sur le marché.

En la matière, la wilaya n’a réalisé que 36% de l’objectif assigné dans les contrats de performance signés entre le ministère de l’Agriculture et les agriculteurs. Ce qui fait une production de 179.786 pour 495.000 q/h attendus pour 2012.

L’apport financier des émigrés

Les causes sont diverses, mais la méthode encore traditionnelle de la récolte influe grandement sur la qualité et la quantité.

En effet, jusqu’à présent, l’huile d’olive produite au niveau local ne peut être commercialisée car ne répondant pas aux standards internationaux qui obligent le producteur à réduire le taux d’acidité jusqu’à 1%.

L’huile produite en Kabylie dépasse hélas les 10% pour l’essentiel de la production.

Cependant, la difficulté de produire son autosuffisance alimentaire a eu comme effet le recours de beaucoup de ses enfants vers l’émigration. Une émigration qui a atteint le stade de l’exode durant les années 1960 et 1970. A quelque chose malheur est bon.

Les conséquences de cette émigration ne seront pas que négatives. Bien au contraire, les avoirs financiers de la première génération d’émigrés iront directement vers les familles laissées dans les villages. Elles permettront d’endiguer les conséquences de la pauvreté qui allaient s’abattre sur les populations.

Loin de s’estomper, l’apport financier des émigrés va participer, quelques années plus tard, à endiguer le chômage qui frappe l’Algérie.

En effet, alors que l’insécurité s’abattait sur la région avec les kidnappings qui allaient semer la terreur parmi les populations et les investisseurs, l’argent des émigrés venait à point nommer faire travailler une jeunesse abandonnée.

Les entreprises les plus téméraires ont fini par jeter l’éponge et partir loin de la région à cause de la menace des groupes de bandits qui écumaient durant près d’une décennie la région. Bien que notre pays ne possède pas de statistiques fiables au sujet de cette manne financière provenant de l’émigration, il est évident qu’elle est conséquente. Même si la terre kabyle ne peut pas, pour le moment nourrir ses enfants, ses émigrés, eux, la nourrissent. Ils ont assuré l’absence de l’Etat pendant la période d’insécurité allant surtout de 2004 à 2012.

En effet, alors que les chantiers se comptaient sur les doigts d’une seule main à Tizi Ouzou, les villages offraient du travail à une grande proportion de jeunes qui ont pu ainsi s’extraire des griffes du chômage. Beaucoup d’émigrés construisaient des maisons familiales et offraient ainsi du travail.

Le parcours du combattant

Aujourd’hui, avec la disparition des frontières économiques à travers le monde, il devient évident que cette diaspora doit s’organiser à l’étranger parallèlement au travail qui se fait par les pouvoirs publics. Offrir des conditions d’investissement à nos émigrés constitue, selon beaucoup d’économistes, un créneau intéressant en vue de se départir de la dépendance aux ressources en pétrole et gaz. Selon toujours les mêmes voix, la première condition à la réussite de ce challenge de faire participer l’émigration au développement économique de la région et du pays tout entier, est incontestablement la réforme du système bancaire.

Ces derniers attendent, en effet, avec impatience ces facilités pour venir investir dans leur pays.

Aujourd’hui, hélas pour transférer son argent de l’étranger vers l’Algérie c’est le parcours du combattant.

Des lourdeurs et des contraintes liées au système de change qui anéantissent tout espoir de créer des entreprises. En d’autres termes, nos émigrés attendent que les pouvoirs publics organisent un environnement et un climat des affaires à la mesure de porter leurs rêves.

Un problème de moins pour l’Etat

Une fois les financements acquis, les jeunes générations d’émigrés attendent des pouvoirs publics de faciliter les conditions de voyage.

Les facilités de déplacement sont une condition vitale pour les investisseurs.

Ainsi donc, l’on aura constaté que l’apport de l’émigration kabyle, en particulier, et algérienne, en général, est considérable.

L’argent des émigrés a fait vivre plusieurs générations, les protégeant même de la pauvreté inéluctable.

Aujourd’hui, de jeunes générations ne veulent plus se résoudre à rester dans ce rôle subsidiaire. Elles veulent participer à la vie économique de notre pays.

Ce qui fait dire à beaucoup de jeunes émigrés qu’ils doivent avoir les mêmes droits et devoirs que leurs concitoyens restés au pays.

En effet, dans notre pays, on évite encore de débattre et de parler du droit des jeunes émigrés aux facilités bancaires et aux dispositifs d’aides à la création des entreprises. Car, estiment-ils, beaucoup de compétences résidant à l’étrangers peuvent profiter de ces aides en échange de leur expérience et savoir-faire acquis dans les plus grandes écoles européennes.

Compétences nationales

Ce serait ainsi rendre à César ce qui appartient à César. Offrir des conditions d’investissement favorables aux enfants d’une génération d’émigrés qui ont souffert du froid dans les mines européennes pour faire vivre toute une région dépourvue de ressources. Aujourd’hui, la Kabylie ne souffre aucunement du problème de logement précaire.

Un problème de moins pour l’Etat, mais un devoir de plus. Oui, un devoir de donner les moyens aux générations de jeunes émigrés afin de participer à la vie économique de leurs concitoyens égaux en droit et en devoir.

N’est-ce pas aussi une façon de faire appel aux compétences nationales et faire revenir la matière grise qui se perd sous d’autres cieux à faire le bonheur des autres peuples.