Depuis pratiquement quatre semaines, les cours de l’or noir évoluent entre 75 et 80 dollars au gré des fluctuations du billet vert. Hier, le «Light Sweet Crude» a achevé la semaine à 76,53 dollars.
Le baril de brut n’a finalement cédé que 90 cents par rapport à la dernière séance de cotation de la semaine passée. Le marché pétrolier évolue à l’heure actuelle dans une conjoncture qui est faiblement influencée par l’offre et la demande. Au point où les experts jugent les prix actuels du baril de brut relativement hauts.
En tutoyant la barre des 77 dollars aujourd’hui, alors que la demande mondiale demeure assez faible, sa cotation est estimée trop élevée. «Aujourd’hui, le prix du pétrole peut être à 70 ou 80 dollars, demain il sera peut-être même à 90 dollars. Mais…si vous regardez l’offre et la demande, le prix devrait être plus bas», a déclaré, jeudi le directeur général de Total, Christopher de Margerie à l’université Columbia de New York.
Total est le quatrième groupe pétrolier de la planète. Et pour illustrer ses propos, les prix du pétrole qui ont perdu 2,34 dollars durant la séance de jeudi auront finalement réussi à tenir le choc en se maintenant très nettement au-dessus des 76 dollars (76,94 dollars) suite à la hausse inattendue des stocks américains rendue publique mercredi via le rapport hebdomadaire du DOE, le département américain à l’Energie.
Les réserves de brut qui ont subi un sérieux repli il y a une quinzaine de jours, 4 millions de barils, sont repartis à la hausse la semaine dernière. Elles ont augmenté de 1,8 million de barils. Ce qui n’était point attendu par les analystes. La demande quant à elle, est restée insensible à la reprise de la locomotive de l’économie mondiale qui se dessine.
Par rapport à la même période de 2008, elle a affiché une décrue de l’ordre de 4,7% pendant les quatre dernières semaines. Soit depuis la mi-octobre environ.
«La demande américaine de produits raffinés reste très décevante. Elle s’affiche en baisse de 920.000 barils sur les quatre dernières semaines, alors qu’elle était supposée bénéficier d’un effet de comparaison favorable par rapport à la même période en 2008», a fait remarquer Olivier Jacob, du cabinet Petromatrix.
Cette conjoncture, qui agit de manière négative sur l’évolution à la hausse des cours de l’or noir, s’est toutefois retrouvée atténuée sous les effets combinés de taux d’intérêts bas et de la perte de vitesse de la devise américaine devant la monnaie unique européenne. 1,50 dollar pour 1 euro jeudi.
Cependant, si l’on se réfère aux prévisions des économistes qui font référence dans le secteur pétrolier, les prix du pétrole ont encore de beaux jours devant eux. L’économie mondiale devrait croître de 4,3% en 2010 tandis qu’en 2011 elle atteindrait 4,5%. Des prévisions plus optimistes que celles du Fonds monétaire international qui vient de revoir sa copie. «Notre prévision est que, non seulement aux Etats-Unis mais également dans le reste du monde, 2010 sera l’année de la reprise.
Par certains aspects, je dois reconnaître que nous avons fait preuve de pessimisme parce que la croissance est repartie plutôt que prévu, d’environ un trimestre», a reconnu vendredi à Singapour, Dominique Strauss Kahn, directeur général du FMI, à l’occasion d’une rencontre du Forum pour la coopération économique Asie-Pacifique.
Si ces nouvelles estimations, qui, finalement, s’accordent, venaient à se confirmer, certains experts tablent sur un baril de pétrole à 85 dollars en 2010. «Le risque est grandissant que les prix du pétrole flambent au-dessus des 100 dollars le baril à l’approche de l’année 2011, soutenus par la combinaison de taux d’intérêts bas, d’une dépréciation du dollar dans les échanges commerciaux et d’un resserrement de l’offre et de la demande», a souligné Francisco Blanch, analyste chez Merrill Lynch.
Mohamed TOUATI