Le match Egypte-Algérie semble vouloir ne pas connaître de fin, du moins dans l’immédiat.
Du côté des «vaincus», l’on n’arrive toujours pas à avaler l’échec autant sportif que… diplomatique. L’hystérie qui a gagné la presse de ce pays et qui s’est prolongée par la suite à sa population avait, à première vue, l’allure d’une campagne médiatique qui s’adresserait en premier lieu à une consommation locale.
Les animateurs de la campagne anti-algérienne donnaient l’impression de trouver au «peuple» un motif de consolation, le temps que l’orage passe et le retour au calme revenu. Mais ce n’est pas les cas. L’Egypte, dans toute sa composante, médiatique, artistique et diplomatique, s’est mobilisée autour d’une et unique action : rendre hideuse l’image de l’Algérien à l’étranger.
Samir Zaher et ses acolytes savent pertinemment que sur le plan sportif, ils leur est quasi-impossible de changer le cours de l’histoire en leur faveur. L’Algérie a remporté à la régulière son match d’appui à Oum Dourman, sous le regard des «surveillants» FIFA qui avaient auparavant établi un rapport accablant après le caillassage du bus des Verts au Caire. La condamnation internationale par les médias étrangers qu’ils soient français, allemands, anglais et même américains, qui n’ont pourtant pas un faible pour le football, des actes barbares des supporters égyptiens envers leur hôte a été reçue comme une humiliation. Une honte que l’Egypte tout entière ne veut pas assumer. Du diplomate au simple citoyen. L’Egypte du foot se sait condamnée. La sanction de la FIFA est inévitable. Elle court un grand risque de se voir notifier une sanction exemplaire aussi bien financière que sportive. Le verdict de l’instance internationale du foot est attendu pour le 2 décembre.
«Les Algériens, un danger pour le Mondial»
Face à cette évidence, l’Egypte ne reste pas les bras croisés. Elle veut emmener dans son sillage l’Algérie : «Pas question qu’on salisse notre image et laisser clean celle des Algériens». Le la est donné par les officiels, avant que les artistes avec Omar Sharif, comme chef de file, ne prennent le relais.
«Diaboliser tout ce qui est Algérien», est l’arme des Egyptiens pour récupérer leur fierté perdue un certain 18 novembre à Khartoum. Et c’est avec cet esprit que Zaher s’est rendu jeudi à Zurich pour défendre sa cause «indéfendable» et entraîner avec lui l’Algérie dans la punition.
Le but recherché par les Egyptiens est de peser de tout leur poids pour priver la sélection algérienne de son public. Ce 12e homme qui a été d’un apport incommensurable pour les coéquipiers de Ziani. L’Egypte a basé, principalement, sa requête sur ce volet. Pour elle, pas question que l’Algérie dispose de son public au Mondial, et par ricochet à la CAN. Zaher parle dans son rapport «d’un danger certain pour le Mondial si la FIFA autorise les supporters algériens à être présents à la Coupe du monde».
Le numéro un de l’EFA base ses accusations sur ce qu’il appelle les évènements de Khartoum établis après visionnage des enregistrements vidéo de leurs supporters après leurs supposées agressions à Oum Dourman. Seulement, faut-il encore que ces enregistrements vidéo soient recevables et authentiques pour qu’on les prenne en considération… L’Egypte a usé de son poids diplomatique auprès du Soudan pour arracher «une pièce à conviction» prouvant la sauvagerie des Algériens. Ils ont reçu un niet catégorique au plus haut point.
L’autorité d’Omar El Bachir n’a relevé que quelques escarmouches de part et d’autre qui ont été matérialisées par des plaintes sans grande conséquence. Aucun Egyptien blessé grave n’a été signalé. Les concitoyens de Zaher sont allés jusqu’à descendre en flammes l’ambassade de leur pays pour ne pas avoir recueilli les informations nécessaires pour enfoncer l’Algérie.
Un avocat suisse refuse de défendre Zaher et l’EFA
Même l’avocat suisse, engagé par Zaher et l’association qu’il préside pour défendre sa cause et celle de son pays, s’est trouvé notifier une fin de non-recevoir, car son «dossier ne repose sur aucun fait palpable qui peut sauver l’Egypte d’une sanction certaine», alors de là à parler de sanctions contre l’Algérie, le baron helvétique n’a pas voulu franchir le pas. C’est l’impasse pour Zaher. Il sait que son poste est enjeu.
Il sait aussi qu’on lui a endossé une lourde responsabilité qu’il ne peut assumer, même s’il est assisté par tous les appareils de l’Etat pour rendre sa fierté au peuple égyptien…
Zaher ne baisse pas les bras.
Il faut coûte que coûte monter ce dossier anti-algérien, quitte à aller chercher les preuves à Alger même.
«Les preuves même à Alger»
Devant l’absence de preuves pouvant incriminer l’Algérie et ses supporters pour déposer le dossier sur le bureau de Blatter et lui faire admettre que l’Algérie dispose, en son public, d’une «arme nocive» capable de mettre en péril une aussi prestigieuse compétition comme l’est la Coupe du monde, les Egyptiens ont remonté dans leurs investigations aux évènements d’Alger qui ont vu les entreprises «égyptiennes» saccagées par une foule mécontente après l’agression des Algériens au Caire. Ils ont sommé leurs représentants à Alger et dans les différentes régions du pays, où on note une présence égyptienne, d’établir un rapport détaillé sur les incidents et de l’accompagner par les menaces qu’elles auraient reçues. Et là aussi les «preuves» sont tellement insuffisantes que l’on a sollicité les services de l’ambassade d’Egypte en Algérie afin d’évaluer les dégâts enregistrés par les entreprises égyptiennes… Comme quoi tous les moyens sont bons pour diaboliser le «made in Algeria». Ce qui n’est pas évident. Ce qui l’est par contre, c’est que l’Egypte continue de se faire nourrir de faux espoirs qui risquent de la choquer une nouvelle fois le 2 décembre prochain. C’est dans trois jours…
H. B.