Mobiliser le capital humain actuellement disponible dans les pays méditerranéens sur l’innovation doit faire partie d’une vision proposée aux sociétés méditerranéennes, en particulier à leur jeunesse. L’innovation est au cœur de la société de la connaissance. Dans un monde globalisé, c’est le moteur actuel du progrès et de l’inclusion. C’est le cœur du message de la dernière étude publiée par le Femise et réalisée avec le soutien de la Banque européenne d’investissement (BEI).
L’étude “Mobiliser le capital humain sur l’innovation en Méditerranée” explore les conditions de succès des politiques favorisant l’innovation dans les pays du Sud de la Méditerranée dans un contexte de compétition mondialisée et de transition démocratique. Au-delà du simple constat de la faible réussite des politiques mises en œuvre avant le “Printemps arabe”, elle suggère de changer de paradigme en proposant de faire du développement de la créativité et de l’innovation une fonction essentielle de la société au service d’un nouveau contrat social privilégiant la jeunesse. Pour ce faire, l’étude de 284 pages réalise une analyse organique de l’innovation et, tout au long de ses six chapitres, formule un ensemble de recommandations intéressant les systèmes d’éducation-formation, la nature et les priorités de la recherche, l’organisation des entreprises et le financement décentralisé de l’innovation. L’étude présente également la situation détaillée dans certains pays, dont l’Algérie. Les rédacteurs de l’ouvrage relèvent que le score obtenu par l’Algérie en termes d’output d’innovation est faible. Le pays obtient un score de 15.8 versus 20.3 en moyenne pour les PM “low performers”.
L’Algérie se retrouve ainsi à la 134e place sur 141 pays. Le nombre de brevets, marques, dessins et modèles industriels est aussi inférieur à la moyenne régionale, ce qui suggère une activité d’innovation très limitée. La part des exportations de produits en haute technologie est quasiment inexistante (0,7% en moyenne pour la période 2006-2010). Les résultats des composantes principales normées (ACP) sur l’aspect créatif du capital humain montrent que l’Algérie est globalement en retard sur la plupart des critères. “D’autres indicateurs liés à la ‘culture de l’innovation’ sont légèrement plus encourageants”, souligne l’étude, précisant que “la part des exportations de services TIC en pourcentage du total des exportations a plus que doublé entre 2005 et 2011 (29,2% en 2005 contre 61,7% en 2011)”.
L’étude a émis de nombreuses critiques, “malgré quelques efforts”. Les rédacteurs reconnaissent que que “l’innovation et la recherche occupent depuis peu une place plus importante dans la stratégie de développement”. Mais malgré une organisation claire, l’organe politique qui fixe les priorités en innovation et recherche et développement (R&D), le Conseil national de la recherche scientifique et technique, ne se réunit pas régulièrement, relèvent les rédacteurs de l’étude. Ils notent aussi un problème d’absence de personnels de planification, d’organisation et de gestion des activités scientifiques et technologiques et leur intégration au sein des stratégies. L’étude indique, également, que l’Algérie est confrontée à un problème de qualification de la main-d’œuvre et de disponibilité des compétences nécessaires. “Il y a problème d’inadéquation entre la formation reçue à l’université ou dans les institutions spécialisées et le marché du travail. Le système de l’éducation n’est pas en faveur de l’insertion facile des diplômés dans le marché du travail et ne leur permet pas de s’adapter facilement au contexte de la gestion actuelle de la plupart des entreprises privées algériennes”, lit-on dans le document.
M R