Les peuples arabes et la quatrième guerre mondiale

Les peuples arabes et la quatrième guerre mondiale

Si par le passé nous avions en face de nous la colonisation et l’impérialisme comme système

de domination qui nous a spolié de notre dignité et de notre souveraineté, aujourd’hui nous sommes en présence d’une forme d’exploitation encore plus insidieuse, plus vicieuse et plus pernicieuse que les deux précédentes : la mondialisation. Vêtue des principes des droits de l’homme, elle a exproprié bien des peuples de leurs souverainetés et de leurs identités propres.

« Le néolibéralisme, comme système mondial, est une nouvelle guerre de conquête de territoires. La fin de la troisième guerre mondiale, ou guerre froide, ne signifie nullement que le monde ait surmonté la bipolarité et retrouvé la stabilité sous l’hégémonie du vainqueur. Car, s’il y a eu un vaincu (le camp socialiste), il est difficile de nommer le vainqueur. Les Etats-Unis ? L’Union européenne ? Le Japon ? Tous trois ? La défaite de l’« Empire du mal » ouvre de nouveaux marchés, dont la conquête provoque une nouvelle guerre mondiale, la quatrième.

Comme tous les conflits, celui-ci contraint les Etats nationaux à redéfinir leur identité. L’ordre mondial est revenu aux vieilles époques des conquêtes de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Océanie. Etrange modernité qui avance à reculons. Le crépuscule du XXe siècle ressemble davantage aux siècles barbares précédents qu’au futur rationnel décrit par tant de romans de science-fiction. »

Dans une allocution adressée aux algériennes et aux algériens, à l’occasion de la tenue du 5eme Congrès du FFS, Hocine Ait Ahmed n’a pas manqué de déplorer cette situation en disant qu’en dépit de tous les sacrifices consentis par les peuples du Maghreb, nous nous retrouvons à la case de départ, comme à l’époque des grands empires coloniaux.

Par la maladresse, l’amour démesuré du pouvoir personnel de nos dirigeants, nous sommes redevenus de vastes territoires convoités sans scrupules par les nouveaux seigneurs du monde libre. Nos richesses et notre force de travail ne profitent plus à nos peuples, mais elles servent « l’Empire du bien » ou les querelles de prétendants font rage, comme le montre en ce moment le destin tragique de la Syrie, ou précédemment celui de la Libye.

« Si la troisième guerre mondiale a vu l’affrontement du capitalisme et du socialisme sur divers terrains et avec des degrés d’intensité variables, la quatrième se livre entre grands centres financiers à partir de salles obscures…

Grâce aux ordinateurs, les marchés financiers imposent leurs lois et leurs préceptes à la planète. Quiconque désobéirait à cette logique est instantanément puni de façon à servir d’exemple aux autres. Nous avons tous en mémoire les mensonges qui ont servi pour décapiter un Irak désobéissant aux lois des multinationales »…

Plus que jamais, les peuples arabes totalement désarmés, sont livrés à eux-mêmes face à la lâcheté de leurs régimes respectifs, face à un puzzle ou s’enchevêtrent désormais des conflits internes et externes, soit pour la soumission devant le nouveau ordre mondial avec son marché unique qui a effacé d’un revers de main « le politique », soit pour la résistance et la sauvegarde des souverainetés nationales.

On ne peut pas en vouloir au « monde libre » pour sa voracité. Il est dans son rôle, d’autant plus d’ici peu l’univers va abriter quelques dix milliards d’âmes, alors que les ressources naturelles se font de plus en plus rares. Il est du devoir de chaque Etat d’assurer la survie de son peuple. Cependant, on ne peut pas ne pas avoir des frissons dans le dos et l’envie de cracher dans la soupe quand on observe de plus prés l’attitude de nos élites intellectuelles et politiques. Au lieu de se rassembler et de s’unir face au danger qui les menace même dans leur existence, elles jouent à « l’enfant gâté » en campant sur des positions aussi débiles qu’aventurières. Elles nous parlent comme si l’Islam rigoriste, le séparatisme (raciste) et les revanches d’arrière garde peuvent nous mettre à l’abri des crocs du monstre de la mondialisation.