Les choses sérieuses commencent
Une fois le cap politique et médiatique du remaniement dépassé, le compte à rebours a commencé pour le nouveau gouvernement Sellal.
Place au travail et à l’action. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal devra, selon certaines sources, juste après la tripartite convoquer son équipe gouvernementale pour une réunion du gouvernement afin de tracer la feuille de route et fixer les priorités de l’Exécutif. Cette nouvelle équipe composée avec plus de technocrates que de politiques, aura la lourde tâche d’appliquer les dernières lignes du président de la République avant la fin de son mandat. Il reste environ six mois avant la présidentielle 2014. Le gouvernement doit faire face aux nouveaux défis sur le plan national, régional et international.
Certains ministres qui ont été reconduits, ont déjà des missions tracées, c’est le cas notamment du ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune qui fait du grand travail depuis son retour au gouvernement en réglant le programme du logement et en réactivant le programme Aadl après plus de 10 ans de blocage. C’est le cas aussi de Karim Djoudi, le très réfléchi ministre des Finances qui gère soigneusement l’argent du pays tout en appliquant les mesures adéquates au regard de la situation économique très perturbée dans le monde. La ministre de la Culture Khalida Toumi, poursuivra également ses grands chantiers avec en prime la préparation de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Au total 12 ministres ont été reconduits et qui ont déjà une feuille de route déjà tracée. mais il y a d’autres ministres installés qui ont besoin d’orientations et de directives pour mener à bien leurs missions. C’est le cas pour les walis qui ont été promus ministres et qui n’ont pas d’expérience ministérielle, mais qui ont acquis l’expérience dans la gestion sur le terrain. C’est le cas notamment, de l’ex-wali de Constantine, Nouredine Bedoui, devenu ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, de l’ex-wali de Sétif, Abdelwahab Nouri, devenu ministre de l’Agriculture ou de l’ex-wali d’Oran, Abdelmalek Boudiaf, qui est devenu le nouveau ministre de la Santé. Ces derniers ont désormais la charge de postes sensibles et ils ont besoin de quelques semaines, voire de quelques mois pour faire le tour de leurs secteurs respectifs. Ce n’est pas le cas pour certains nouveaux ministres qui connaissent assez bien les secteurs dans lesquels ils ont été installés. C’est le cas, notamment de Farouk Chiali, le nouveau ministre des Travaux publics. Cet ingénieur polytechnicien, diplômé de l’Ecole fédérale de Lausanne en Suisse, a passé la quasi-totalité de sa carrière au ministère des Travaux publics où il a occupé différentes fonctions dont celle de directeur des routes. En 2005, Farouk Chiali quitte les Travaux publics pour les Finances où il était conseiller du ministre Mourad Medelci. Sa nomination n’est qu’une juste récompense. C’est également le même constat pour Mme Zohra Derdouri, nouvelle ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Le nom de l’ex-présidente de l’Autorité de régulation des télécoms était déjà pressenti pour le premier gouvernement de Sellal en septembre 2012. «Madame 3G», comme la surnomment certains spécialistes des IT, était la gendarme des télécoms avant d’atterrir à la tête du secteur. Elle connaît bien le secteur, ses tourments et enjeux. La nouvelle ministre de la Ptic, va donc travailler sur un terrain… déjà conquis, pour lancer sur le marché national, le mois de décembre prochain, la 3G. Pour les ministres qui ont changé de portefeuille, certains vont s’adapter rapidement à leur nouveau secteur. C’est le cas de Amar Ghoul, ministre des Transports, qui passe ainsi à son troisième secteur après la Pêche et les Travaux publics. D’autres ministres qui ont déjà une expérience en tant que ministres changent, sans trop de difficultés, de secteur, c’est le cas pour Mohamed Mebarki, ministre de l’Enseignement supérieur, Mohamed Bemeradi, ministre du Travail ou encore d’Amara Benyounès, ministre du Développement industriel. Ces derniers ont besoin d’orientations du Premier ministre avant d’entamer leur mission et tracer leur feuille de route. Pour ceux qui ont été promus, comme Mme Dalila Boudjemaâ, qui est en charge de l’Environnement ou Mohamed Amine Hadj Saïd, devenu ministre du Tourisme, cette promotion est un défi qu’il faudra relever et dépasser afin de développer des secteurs difficiles à développer dans le gouvernement.
Pour M.Abdelkader Messahel qui est passé de la diplomatie africaine et maghrébine au ministère de la Communication, c’est un nouveau départ, après des problèmes de santé. Messahel déploiera la même efficacité dans la gestion des dossiers pour la communication. La gestion des télés privées algériennes et surtout d’une communication internationale en prévision de la présidentielle 2014 seront les deux principaux défis du nouveau patron de la Com dans le gouvernement.
Pour ce qui est des affaires étrangères, le Premier ministre Sellal est gâté, la venue de Ramtane Lamamra et Abdelmadjid Bouguerra, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines, est une bonne nouvelle pour la diplomatie algérienne. Ces deux pointures ont bâti leur carrière au Affaires étrangères et connaissent très bien les dossiers en suspens de la diplomatie algérienne et les dossiers internationaux. La seule orientation à donner à ses hommes de forte personnalité, ce sont les dernières directives du président de la République concernant les dossiers de la Syrie et du Mali. Le chef de l’Etat a toujours été le maître à penser de la diplomatie algérienne. Le nouveau chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, est donc très attendu par les chancelleries étrangères et fera son entrée sur le terrain médiatique aujourd’hui lors de la visite du ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.
Enfin, le nouveau gouvernement Sellal bâtira sa force sur deux hommes-clés, Tayeb Belaïz, ministre d’Etat et nouveau ministre de l’Intérieur et Ahmed Gaïd Salah, le puissant vice-ministre de la Défense nationale. Le premier devra préparer avec le Premier ministre l’élection présidentielle 2014 et le second devra assurer la sécurité des frontières face à la menace terroriste nationale et internationale. Un gouvernement bien armé pour entamer sa mission et surtout dépasser ses objectifs tracés par le Président Bouteflika.