Une manne de 146 milliards de dollars en jeu
Le ministre des Finances Karim Djoudi estime que «si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec le FMI». Pour l’Algérie, «la façon dont sont affectées les ressources est un choix fondé sur des actifs diversifiés, sécurisés et liquides», a précisé le ministre.
Depuis que la crise financière internationale a éclaté, que le FMI s’est retrouvé en difficulté et qu’en même temps, l’Algérie se voit détentrice de réserves de change qui se chiffrent à 146 milliards de dollars, l’éventualité que l’Algérie puisse prêter au Fonds monétaire international, a été plusieurs fois évoquée.
D’ailleurs, l’institution internationale avait sollicité officiellement l’Algérie avant même qu’elle n’émette ces obligations, appelées DTS (Droits de tirage spéciaux). Selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, «l’Algérie est classée comme prêteur net puisque nous sommes en excédent de ressources».
En visite à Alger en mais dernier, le directeur adjoint du département Moyen- Orient et Asie centrale du Fonds, Amor Tahari avait fait savoir que le FMI allait émettre des titres sur le marché à l’adresse des pays ayant des réserves de change, dont l’Algérie. Il avait expliqué que ces pays comme l’Algérie ont des réserves considérables et ont donc le moyen de mobiliser ces ressources pour l’achat de ces titres à des taux de rendement autour de 2%. M. Tahiri avait assuré que l’opération ne comporte pas de risque pour les pays qui veulent y participer car le FMI étant une institution internationale, ses opérations «engagent toute la communauté internationale».
L’Algérie qui a déjà ses réserves de change placées dans des bons du Trésor américain n’a jamais affiché même au plus fort de la crise sa volonté de changer de placement en vue d’une meilleure rentabilité. En fait, le crédo de la Banque d’Algérie qui veille sur ces réserves est plus la sécurité du placement que la recherche du rendement le plus élevé.
D’ailleurs au jour d’aujourd’hui, l’Algérie n’a pas donné de suite aux sollicitations du FMI, même si à plusieurs reprises, le ministre des Finances a apporté des éléments de réponse. Il a en effet déclaré que «le FMI a identifié un certain nombre de pays qui suite à des politiques prudentes ont pu dégager des excédents de ressources externes» et c’est à partir de là que la demande a été «faite à l’Algérie».
Il avait expliqué que l’Algérie «va étudier cette demande et aura à y répondre», en précisant que «la façon dont nous affectons nos ressources est un choix fondé sur des actifs diversifiés, sécurisés et liquides». L’argentier du pays a affirmé que sur cette question, la démarche de l’Algérie se veut «pragmatique».
«Si nos actifs sont sécurisés et si nous pouvons les retirer à tout moment, nous pouvons travailler avec le FMI», avait-il déclaré à l’agence APS. Après avoir connu des situations délicates où elle était en cessation de paiement, l’Algérie est aujourd’hui «reconnue comme un pays prêteur net qui jouit d’une certaine performance dans la conduite de ses affaires économiques» a affirmé le ministre.
La semaine dernière, le représentant du FMI, Toujas-Bernaté a souligné que «la décision finale revient au autorités algériennes», tout en exprimant «le souhait du FMI pour que l’Algérie, compte tenu de ses réserves de change, adhère à cette opération visant à renforcer les capacités financières du Fonds».
Selon certains experts, l’idée ne serait pas aussi mauvaise car le rendement de ces DTS «est indexé à un taux à court terme (3 mois) moyen pondéré des principales devises constituant les DTS (Etats-Unis, Europe, Grande-Bretagne et Japon) estimé aujourd’hui à 0,25% annuel, ce qui est nettement supérieur au rendement des bons du Trésor américain sur la même échéance de 3 mois (0,07%) avec une qualité de signature équivalente (AAA). Le taux d’intérêt proposé par le FMI semble un bon compromis pour l’Algérie compte tenu de son degré d’aversion au risque. Dans ce cas pourquoi ne pas y souscrire ? », a déclaré El Hachemi Siagh dans un entretien à El Watan.
Malgré l’avis des experts, les autorités monétaires algériennes préfèrent prendre un peu plus de temps pour répondre aux sollicitations du FMI sur une question aussi cruciale que le placement des réserves de change.
Par : R. E. H.