Affirmer que ce petit pays qui voit les choses en grand fascine véritablement les Algériens n’est pas un coup de publicité gratuite.
Ce sont les professionnels du tourisme qui l’affirment en s’appuyant évidemment sur des données de terrain incontestables: 8000 personnes et près de 1000 voitures traversent chaque jour notre frontière Est.
Avec un pareil flux qui pulvérise tous les records, il faut dire que la Tunisie n’est pas n’importe quelle destination pour les touristes algériens. Les prévisions annoncent que près d’un million de touristes algériens, toutes classes confondues, vont fouler le sol tunisien cette année encore.
Les villes de Sousse, Nabel, Yasmine-Hamammet de même que l’île de Djerba, pour les plus nantis, vont s’algérianiser l’espace d’un été.
Mais qu’y a-t-il donc de si extraordinaire au pays de Ben Ali pour «détourner» les Algériens des principales destinations touristiques comme le Maroc, la Grèce, la Turquie ou l’Egypte ?
Par quelle magie les Tunisiens arrivent-ils à détacher les Algériens de la Grèce avec son cortège de mythes, ses montagnes et ses côtes, ses îles et ses villages pittoresques ?
Comment font-ils pour concurrencer les offres alléchantes d’Istanbul, Antalya, Izmir et Cappadoce en Turquie ?
Comment arrivent-ils à défier touristiquement la vallée des rois, le Caire, Alexandrie, le Sinaï, Sharm el Sheikh, le pays des pyramides et des momies ?
Comment font-ils pour supplanter le Maroc avec ses villes impériales, sa cuisine raffinée et ses côtes atlantiques ?
Pour réussir ce challenge auprès des touristes réputés pour être très exigeants, les raisons sont multiples.
Il y a d’abord la proximité (Tabarka est à 2 heures de route de Oum Tboul), la qualité de l’accueil, les prix relativement abordables, les infrastructures qui n’ont rien à envier aux palaces européens et enfin et surtout la sécurité.
Mais ces atouts suffiront-ils à un pays pour qu’il prétende attirer les millions d’euros que dépensent chaque année les Algériens qui retrouvent le goût du voyage ?
La réponse est non, en ce sens qu’entre la Tunisie et l’Algérie il y a une autre qualité de rapports qui remonte à de lointaines dates historiques.
Depuis le soulèvement d’El Mokrani en 1871 quand de nombreux Algériens ont fui la répression coloniale pour s’établir en Tunisie, durant la guerre de Libération quand le FLN avait installé sa base à Ghar Dimaou et le siège du Gpra à Tunis et, plus récemment, quand les autorités tunisiennes ont laissé ouvertes leurs frontières avec l’Algérie, défiant ainsi le reste du monde qui imposait tacitement un embargo alors que l’Algérie était en pleine guerre contre le terrorisme. Finalement, à chaque fois que l’Algérien se sent mal, il se tourne vers la Tunisie et la porte lui est grande ouverte.
Et donc au-delà des offres strictement touristiques qui lui sont offertes, il y a ce côté intrinsèque qui attire l’Algérie vers la Tunisie et ce n’est pas maintenant qu’il a retrouvé le goût du voyage qu’il va troquer son pays d’accueil pour «une poignée d’exotisme».
De leur côté, les Tunisiens ne sont pas restés les bras croisés en priant le bon Dieu que l’amour des Algériens pour leur pays ne s’érode pas.
Les Algériens qui s’y sont rendus témoignent de leur savoir-faire dans l’accueil.
On se démène pour celui qui nous ramène de la devise, semble être un credo chez nos voisins tunisiens.
Le touriste algérien est classé en Tunisie parmi les plus dépensiers puisque l’Algérien dépense pas moins de 500 dollars par semaine, ce qui le classe parmi les clients les plus importants, notamment après la régression du tourisme à cause de la crise financière mondiale.
Selon des rapports tunisiens, le nombre de touristes algériens visitant la Tunisie a atteint 1,2 million de touristes, un chiffre qui place l’Algérien comme revenu important en matière de devises.
Il faut dire que tout le génie tunisien est d’avoir réussi le double pari d’attirer et de fidéliser la clientèle algérienne.