La régulation du marché de la viande rouge en perspective, Du bovin soudanais pour faire baisser les prix

La régulation du marché de la viande rouge en perspective, Du bovin soudanais pour faire baisser les prix

La viande rouge est inaccessible à beaucoup de familles algériennes

Depuis quelques jours, l’information circule de nouveau. Sauf que, cette fois-ci, elle semble plus sérieuse.

L’importation de viande du Soudan n’est pas une information nouvelle. A chaque flambée des prix de ce produit ô combien apprécié – mais pour beaucoup, la plupart du temps, hors de portée de leur bourse – des Algériens et à chaque approche de l’Aïd-El-Adha, elle est, en effet, relancée. Avec plus ou moins d’insistance, selon les occasions. Mais sans toutefois qu’elle ne connaisse le moindre début de concrétisation. Pour des raisons que nombre d’observateurs n’hésitent pas à lier aux luttes entre les différents lobbies – entre gros éleveurs, maquignons, chevillards et importateurs de viande congelée – qui se disputent le contrôle des secteurs de production et de commercialisation de la viande rouge dans notre pays, des secteurs, faut-il le dire, des plus juteux. Depuis quelques jours, l’information circule de nouveau.

Sauf que, cette fois-ci, elle semble plus sérieuse. Elle a été, en effet, confirmée par le ministre du Commerce lui-même et ce, lors de la réunion qu’il a tenue, le 18 octobre dernier, avec une délégation de l’Unpa (Union nationale des paysans algériens), conduite par Mohamed Alioui, son secrétaire général. Bakhti Belaïb y a, en effet, annoncé à ses interlocuteurs qu’il se déplacera prochainement au Soudan pour discuter avec les autorités de ce pays «d’éventuelles transactions commerciales» visant «à l’importation de viande fraîche». Une éventualité qui, au regard de la disponibilité (qu’il a annoncée) du gouvernement soudanais à en baisser les prix, a toutes les chances de se concrétiser. Très bientôt mais, à en croire le premier responsable de l’organisation paysanne précitée, sous une autre forme. Dans une récente déclaration à un quotidien national arabophone, Mohamed Alioui a, en effet, parlé «de la conclusion d’un accord de principe entre l’Algérie et le Soudan portant sur l’importation (par notre pays) d’un million de têtes, entre ovins et bovins». Essentiellement destiné, dans un premier temps, à l’élevage dans les wilayas du Sud et du Grand-Sud, et, par la suite, à la production de viande, de la viande qui, toujours selon le secrétaire général de l’Unpa, sera proposée à la vente, au détail et dans toutes les wilayas du pays, au prix, aujourd’hui, utopique, «de 500 DA le kg». Une perspective des plus alléchantes pour le consommateur algérien, surtout celui de condition sociale modeste, qui, à l’évidence, a toutes les chances d’inquiéter les lobbies susmentionnés sévissant, depuis des années, dans la filière, le plus souvent, dans une impunité presque totale. dont la principale retombée est d’avoir rendu la viande rouge, au vu de son prix élevé, inaccessible à la grande majorité des ménages algériens. Et ce, tout en procurant aux membres de ces différents lobbies, des bénéfices substantiels. Toute la question est aujourd’hui de savoir quelle sera leur réaction à cette opération qui menace, et c’est peu dire, leur mainmise sur la filière. Surtout que Mohamed Alioui a clairement déclaré que celle-ci «connaîtra un début de concrétisation dans les tout prochains jours». Et qu’elle «pourrait, si la nécessité se faisait, d’ici là, sentir, être renouvelée au bout d’un an». Des propos que les mêmes observateurs interprètent comme étant l’expression de la volonté des pouvoirs publics de casser définitivement la mainmise desdits lobbies sur les secteurs de production et de commercialisation de la viande rouge, et, partant, de réguler, non moins définitivement, celui-ci. Une volonté à laquelle participe, de toute évidence, le programme, en cours de réalisation dans le cadre d’un partenariat algéro-espagnol, de trois abattoirs industriels implantés à Aïn Oussera, dans la wilaya de Djelfa, Aïn M’lila, dans celle d’Oum El Bouaghi, et Bougtob, dans la wilaya d’El Bayadh, des abattoirs dont il est attendu, au vu de leur capacité – chacun peut, en effet, traiter annuellement jusqu’à 12 000 tonnes de viande rouge – une régulation plus grande du marché (de ce produit). Et ce, dans la perspective d’en maîtriser les prix à la vente, au détail surtout, pour la rendre accessible au plus grand nombre.