En ces temps de colère qui a gagné le peuple algérien, le ministre de la Jeunesse et des Sports continue à nous ressasser que “ce n’est là qu’un match de football qui n’affectera pas nos relations avec nos frères égyptiens”.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports Hachemi Djiar était-il au Caire ? Si l’on n’avait pas vu les images à la télévision le montrant en train d’échanger congratulations et éloges avec son homologue égyptien, personne n’aurait cru qu’il avait vraiment fait le déplacement pour, soi-disant, être aux côtés des joueurs de l’équipe nationale. Ainsi, au moment où ces derniers étaient violemment pris à partie par des supporters égyptiens déchaînés et que les supporters qui ont fait le déplacement étaient passés à tabac sous le regard de policiers complices, le ministre n’a cessé de nous distiller un langage, certes, pour lui diplomatique, mais bien provocateur pour nous autres Algériens, blessés dans notre amour-propre, par l’insondable sauvagerie de ceux qui se présentent comme les descendants des pharaons. Tout le monde a tout vu. Heureusement que les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont été là pour montrer à la face du monde les limites de la fourberie d’un peuple qui prétend être “Oum Eddounia”.
Mais Djiar ne semble rien voir. Face donc à cette humiliation de plus, le ministre persiste et signe. “L’acte isolé” qu’il a évoqué après la caillassage du bus des Verts ne lui a apparemment pas suffi. À peine s’il ne présente pas ses excuses aux Égyptiens pour nous avoir matraqués, insultés et passés à tabac.
Hier encore, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, il récidive. En ces temps de colère qui a gagné le peuple algérien, surtout que les rumeurs se font de plus en plus insistantes sur la mort de supporters algériens suite aux agressions dont ils ont été victimes à la sortie du stade samedi soir, le ministre de la Jeunesse et des Sports, du haut de son piédestal, continue à nous ressasser que “ce n’est là qu’un match de football qui n’affectera pas nos relations avec nos frères égyptiens”.
Est-ce de ce genre de discours dont on a besoin, en ce moment où la population bouillonne de colère contre le guet-apens tendu aux Algériens au Caire ?
Tout le monde sait que ce qui s’est passé jeudi et samedi était prémédité et que ce n’était là que le résultat d’une campagne médiatique hystérique orchestrée et menée tambour battant par la presse égyptienne durant des semaines et qui s’est fait l’écho de déclarations tapageuses de la Fédération égyptienne de football. La fourberie égyptienne n’a apparemment pas de limite. On te caresse d’une main et on te donne une claque de l’autre. Et cette politique a toujours été le maître mot du côté du Nil. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas.
Le fameux Samir Zaher, de la Fédération égyptienne, s’était clairement exprimé contre l’initiative envisagée par certaines personnalités de son pays d’offrir une fleur pour chaque joueur algérien. Et cela devait donner à réfléchir à notre ministre de la Jeunesse, bien content qu’on l’ait accueilli à l’aéroport du Caire en lui exhibant un maillot blanc où l’on pouvait lire “même patrie, même religion, même langue’.
Quelle meilleure preuve de l’amour que nous vouent les Égyptiens, mais à condition qu’on ne les bouscule pas dans leurs ambitions, comme celle d’aller en Coupe du monde. De quoi a-t-on réellement peur face à des gens qui n’hésitent pas à user de tous les moyens possibles et imaginaires pour arriver à leurs fins ? Le fait que la Fifa n’ait donné qu’un avertissement, fût-il sévère, à l’Égypte, alors que l’on s’attendait tout de même à une sanction ferme, nous donne une idée sur l’étendue de la mollesse de la réaction algérienne dans cette bataille des coulisses.
Mais peut-on considérer la réaction de Djiar comme un “acte isolé”, comme l’ont été, selon lui, les évènements du Caire, ou bien s’agit-il d’une volonté à un niveau plus haut de l’État algérien de calmer le jeu dans une affaire qui vire à une grave crise politique entre les deux pays ?
En tout cas, le discours officiel et la réaction à la limite du pitoyable du ministre des Sports, et plus généralement des autorités algériennes, excepté peut-être celle du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, n’ont fait qu’encourager nos “achiqaâ” du Nil à mener au bout leur sale besogne.
Et c’est cela d’ailleurs qui a facilité la tâche à ces derniers dans leur opération de phagocytage des plaintes algériennes au niveau des instances de la Fifa. Mais jusqu’à quand va durer cette couardise chronique qui caractérise nos responsables à quelques échelons qu’ils soient ?
Sinon, comment expliquer que le traitement sauvage, pour ne pas dire plus, auquel ont été soumis les supporters algériens au Caire, est jusqu’ici passé sous silence par les autorités, au moment où la rue bouillonne aux nouvelles qui arrivent d’Égypte ? Sentant d’ailleurs le roussi, le ministère égyptien de l’Intérieur a préféré, lui, devancer les évènements en parlant hier d’“incidents séparés” qui ont causé, selon lui, 32 blessés dont 20 Algériens.
Sur le plan de la communication officielle, nous pouvons dire que nous sommes encore une fois passés à côté. Et c’est là que le bât blesse.