Il fait figure d’exception dans un gouvernement de clan ,Ramtane Lamamra, pour sauver la diplomatie… et les apparences

Il fait figure d’exception dans un gouvernement de clan ,Ramtane Lamamra, pour sauver la diplomatie… et les apparences

Le chef de l’État, à son corps défendant, semble avoir revu ses positions pour lâcher du lest et céder au profit de professionnels à même de remettre le pays sur scène.

Grosse surprise du remaniement ministériel opéré par le président de la République. Outre le débarquement des vétérans et des vieilles figures du gouvernement Bouteflika, ce remaniement a surpris par la désignation de deux professionnels de la diplomatie aux Affaires étrangères. La surprise réside dans le fait que le président de la République, qui a une relation quasi obsessionnelle avec le département des Affaires étrangères dans lequel il a nommé, depuis sa venue en 1999, des hommes effacés, désigne à ces postes stratégiques, les Affaires étrangères et les Affaires maghrébines et africaines, Ramtane Lamamra, dont la carrière a culminé à la tête de la Commission pour la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), et Madjid Bouguerra, ambassadeur d’Algérie en Allemagne. Soit deux poids lourds de la diplomatie algérienne. Deux hommes qui maîtrisent, particulièrement pour le premier qui a eu à occuper plusieurs postes en Afrique, les dossiers qui constituent aujourd’hui un enjeu majeur et où les prédécesseurs, Medelci et Messahel ont échoué en ratant de faire entendre la voix de l’Algérie. Particulièrement pour Mourad Medelci dont le bilan ne risque pas de trouver un défenseur.

Ainsi, les deux sortants ont non seulement raté les virages du Printemps arabe, mais aussi fait perdre à Alger son rôle d’incontournable place sur les questions africaines au profit de capitales de moindre importance. Les deux ministres ne sont pas les seuls à accabler sur ce déclin d’Alger. Le Président en porte également une part de responsabilité, lui qui est le véritable détenteur du pouvoir sur ces postes.

On aura eu au final une Algérie malmenée par un minuscule Qatar à la Ligue arabe, passant complètement à côté de l’UMA ou regardant le train traverser la région Sahel pour se faire doubler par Ouagadougou que rien ne destinait au rôle de médiateur dans la crise malienne.

En effet, Medelci était resté muet et indécis alors que l’environnement immédiat de l’Algérie était en ébullition, et alors que les démons se sont réveillés à notre frontière sud, Messahel sillonnait le continent et le monde, mais ne récoltait rien au bout du compte. Sa maladie n’a pas arrangé les choses. Ni les résultats puisque l’Algérie s’est retrouvée en marge de cette crise.

Devant cette situation, le Président, à son corps défendant, semble avoir revu ses positions pour lâcher du lest et céder au profit de professionnels à même de remettre le pays sur scène. Pour les deux ministres limogés, le Président a pris une décision dure et sévère, surtout concernant Messahel qui est doublement sanctionné puisqu’il hérite de l’éphémère et peu sensible portefeuille de la Communication sans quitter le gouvernement sachant qu’il est malade, un bon motif pour le remercier. Les nouveaux promus auront donc la tâche lourde de “redresser” l’image de l’Algérie et de remettre le pays à la place qui lui sied.

Le nouveau MAE a le profil requis, lui qui a fait toutes ses classes dans la diplomatie. Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, il a occupé après le poste d’ambassadeur à Djibouti puis en Éthiopie tout en étant dans la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique. Il sera désigné après envoyé spécial de l’Union africaine pour le Liberia avant d’occuper l’important poste d’ambassadeur d’Algérie à l’ONU puis celui d’ambassadeur aux États-Unis de 1996 à 1999. Rompu aux médiations (envoyé spécial au Liberia, observateur lors des négociations de Manhasset –USA — entre le front Polisario et le Maroc) Ramtane Lamamra, qui dispose d’un carnet d’adresses fourni, peut apporter ce plus qui a manqué à la diplomatie algérienne depuis 1999 et colmater l’absence du Président sur le continent comme le reprochent plusieurs diplomates africains qui regrettent que Bouteflika n’ait jamais fait une visite d’État dans un pays africain. C’est donc l’homme indiqué pour la conjoncture actuelle marquée par la crise malienne, ses développements et ses conséquences sur la sous-région. Une lourde mission cependant compte tenu du retard et des ratages accumulés.

D B