Dégringolade des prix du pétrole, inflation, chute du dinar, flambée des produits de consommation

Dégringolade des prix du pétrole, inflation, chute du dinar, flambée des produits de consommation

P151027-12.jpgLes Algériens devront se serrer la ceinture

L’effondrement des cours de l’or noir a poussé l’économie nationale vers la crise alors que certaines mesures prises dans le cadre de la loi de finances 2016 indiquent que le pouvoir d’achat des travailleurs va sérieusement s’en ressentir.

Rien ne laissait présager un climat aussi morose il y a à peine une année. Recourir à l’investissement extérieur pour faire face à la conjoncture actuelle relevait de l’impensable. Et pourtant. On y pense. Une option qui illustre à elle seule l’impossibilité de l’Algérie trop dépendante de ses exportations d’hydrocarbures à faire face à cette crise pétrolière qui est partie pour laminer bon nombre de pays producteurs de pétrole dont les économies sont chevillées à ce secteur. Elle montre surtout qu’il est maintenant acquis que les prix de l’or noir vont rester à des niveaux qui menacent les équilibres budgétaires du pays. Pour conforter cette hypothèse, il est notoirement bon de rappeler les avertissements de la Banque d’Algérie à cet effet.

Il y a déjà plus de trois ans, au mois de juillet 2012, l’institution pilotée par Mohamed Laksaci avait prévenu qu’un baril à moins de 110 dollars menacerait les équilibres financiers du pays. On en est aujourd’hui à un baril à moins de 50 dollars sans perspective à cours ou même moyen terme d’un éventuel rebond durable.

L’effondrement des cours de l’or noir a poussé l’économie nationale vers la crise alors que certaines mesures prises dans le cadre du projet de la loi de finances 2016 indiquent que le pouvoir d’achat des travailleurs va sérieusement s’en ressentir. Si les textes qui lui sont inhérents seront adoptés dans ses termes actuels, au moins les carburants et la facture d’électricité coûteront plus cher. Des mesures qui toucheront, la quasi-majorité des citoyens. Elles auront pour conséquence à les conduire à se serrer davantage la ceinture. Les Algériens qui n’en sont pas à un sacrifice près…accusent le coup. Leur économie aussi.

A une chute historique de la monnaie nationale se sont greffés les chiffres d’une inflation galopante (le taux d’inflation a explosé à 5,3% pour le mois de septembre alors qu’il a connu une stagnation à 5% en juin et juillet tandis qu’au mois d’août il était de l’ordre de 5,1%, rapportait L’Expression dans son édition du 24 octobre) et ceux exponentiels des produits de consommation de base (pâtes, légumes secs…), des fruits et légumes, des viandes, du poisson… donnant le tournis aux ménagères qui doivent faire bouillir quotidiennement la marmite, deux fois par jour pour la plupart d’entre elles.

Tout porte à croire que des lendemains difficiles sont à craindre à partir du moment où aucune embellie n’est prévue d’ici la fin de l’année. La trésorerie du pays est mise en difficulté. Si en 2008 les recettes des exportations d’hydrocarbures avaient atteint le chiffre record de près de 70 milliards de dollars, aujourd’hui la balance commerciale de l’Algérie affiche un déficit de plus de 10 milliards de dollars. Une contreperformance qui sera certainement amplifiée par la facture des importations qui va probablement être en légère baisse, mais qui devrait toutefois se situer malgré tout au-dessus des 50 milliards de dollars. Une addition salée que ne pourront pas couvrir les exportations d’hydrocarbures plombées par des cours de l’or noir en perdition.

Conséquences: le président de la République a appelé le gouvernement à la rationalisation des dépenses alors que des projets non lancés ou jugés non prioritaires seront carrément annulés. Le pays est contraint à puiser dans son bas de laine. Le Fonds de régulation des recettes fond comme neige au soleil alors que les réserves en devises, une fabuleuse manne financière amassée grâce aux niveaux record atteints par les prix du pétrole s’est considérablement effritée. Elle est passée de près de 200 milliards de dollars à un peu plus de 170 milliards de dollars. Elle devait servir de pare-feu en cas de coup dur. Elle ne risque finalement que de reculer l’échéance étant donné la sévère crise qui n’a pas fini de secouer le marché pétrolier.

En un peu plus d’une année, le pays est passé d’une aisance financière historique à un stress permanent.