La situation peut perdurer parce que le RND, contrairement au FLN, ne repose pas sur des fondamentaux avec un fond idéologique et est construit comme un puzzle où l’on a mis de tout.
Le secrétaire général par intérim du RND est de plus en plus sous pression. Les activités du parti, depuis la démission d’Ahmed Ouyahia, sont rythmées par les communiqués et les rassemblements devant le siège central à Alger.
Les militants, qui ont rejoint le mouvement pour la sauvegarde du RND, tentent avec des manières qui s’apparentent à un règlement de comptes, de presser davantage Bensalah pour purger les bureaux de wilaya des anciens coordinateurs considérés pro-Ouyahia. Ils réclament également de les sortir de la commission technique de préparation du congrès.
Doléance à laquelle Bensalah n’a pu répondre rapidement devant ces pressions et la résistance de certaines wilayas qui n’entendent pas s’écarter de la logique démocratique pour le renouvellement des têtes de structure locales. Plusieurs wilayas ont rejoint cette démarche, refusent le mode de désignation des coordinateurs et exige le passage par les urnes dans des assemblées générales.
Ce qui est le plus reproché à Bensalah, présenté pourtant comme l’homme du consensus et de la sagesse, est d’agir en dehors du cadre réglementaire et surtout sa passivité et son incapacité à nettoyer le parti des partisans d’Ouyahia et de ceux qui l’ont dévié de sa ligne. Avec en arrière-plan la nostalgie d’un RND majoritaire dans toutes les assemblées élues.
Cela dit, le mouvement pour la sauvegarde du RND semble en manque de repères et tourne en rond en l’absence d’une direction alternative à Ahmed Ouyahia. D’ailleurs, ni Yahia Guidoum encore moins Bensalah n’ont réussi à imposer la discipline, une ligne directrice et à satisfaire les revendications des militants qui affluent régulièrement au siège central du parti. Ce qui ne fait que prolonger la durée de vie de la crise et créer d’autres motifs pour alimenter les divergences. Des divergences qui, en réalité, le minaient depuis le début mais souvent dépassées sans qu’elles soient aplanies.
Les plus virulents des contestataires restent ceux du bureau d’Alger qui continuent de réclamer la tête du coordinateur, Chihab Sedik, député, sénateur que l’on dit très proche d’Ouyahia, qu’ils accusent de détournement mais aussi et surtout d’être à l’origine des échecs successifs du parti et son recul dans les résultats des différents scrutins.
La situation peut encore perdurer parce que le RND, contrairement au FLN, n’est pas fondé sur des fondamentaux avec un fond idéologique mais comme un puzzle où, dans la précipitation, on a mis de tout avec un équilibre précaire. Chaque petit changement, chaque nomination a fait l’objet de critique en raison du caractère régionaliste, revient-on souvent dans les contestations qui n’avaient parfois pas dépassé le cadre “intime”. Aujourd’hui, beaucoup n’hésitent pas à évoquer ce clivage avec parfois des accusations graves teintes d’un régionalisme abjecte.
Ouyahia avait pu le “mater” ; à peine a-t-il, pendant les années qu’il était à la tête du parti, de sa main de fer, étouffé ces voix. Ce qui lui donnait une apparence de cohésion. Le successeur d’Ouyahia aura la lourde tâche de bannir ces attitudes et de reconstruire depuis les fondations le RND.
D B