Cette «affaire» actionnée par les nostalgiques de la colonisation n’a été finalement qu’un pétard mouillé.
La France s’obstine dans sa politique du deux poids, deux mesures.
Alors qu’elle s’est dévoilée dans l’affaire Ben Barka quand le parquet de Paris a suspendu la diffusion de l’émission de mandats d’arrêt lancés contre quatre hauts responsables marocains, voilà qu’elle remet au goût du jour l’affaire des moines de Tibhirine.
Pour qui roule alors la justice française?
Le ministère français des Affaires étrangères a transmis, lundi dernier, des documents internes au juge d’instruction chargé de l’enquête sur la mort des sept moines de Tibhirine en 1996 en Algérie, a indiqué hier, son porte-parole, Bernard Valero.
Le Quai d’Orsay «a transmis le 9 novembre au juge d’instruction compétent, en réponse à la demande de ce dernier, des documents émis par les services de ce ministère et qui sont susceptibles d’être utiles à la recherche de la vérité sur le dossier des moines de Tibhirine», a déclaré le porte-parole. «Cette transmission est intervenue immédiatement après l’avis rendu le 5 novembre par la commission consultative du secret de la Défense nationale concernant les documents qui lui avaient été transmis par le ministère des Affaires étrangères», a expliqué M.Valero.
La levée du secret-défense devrait permettre au juge d’instruction d’accéder, notamment aux notes et rapports que le général François Buchwalter affirme avoir transmis au gouvernement français à l’époque des faits et dans lesquels il évoquait la thèse d’une «bavure de l’armée algérienne». Cette «affaire» que certains nostalgiques de la colonisation ont tenté de monter en sérieux emballement, n’a été finalement qu’un pétard mouillé qui s’échangeait entre des responsables politiques français.
Il convient de relever qu’elle a été remise au goût du jour au moment où des responsables français tentent de mettre la pression sur Alger, notamment au sujet de la loi de finances complémentaire qui aurait sérieusement bousculé les intérêts de la France. Mais puisqu’on est à la levée du secret-défense, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout? Pourquoi ne pas lever le secret-défense sur les crimes contre l’humanité commis par la France coloniale en Algérie, pendant 132 ans? Qu’en est-il des enfumades du Dahra, des massacres de Sétif, Guelma, Kherrata, de l’utilisation du napalm contre des civils, des essais nucléaires…La liste est loin d’êre exhaustive.
La justice avait requis cet été la levée du secret-défense sur les documents détenus par les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur. La demande des juges antiterroristes, Marc Trévidic et Yves Jannier, à Hervé Morin (Défense), Bernard Kouchner (Affaires étrangères) et Brice Hortefeux (Intérieur), visait notamment le rapport de l’attaché de Défense français à Alger à l’époque des faits, le général François Buchwalter.
Nabil BELBEY