L’entrée en lice de pas moins de six candidats à la course au palais d’El Mouradia dans une ambiance marquée par un fair-play remarquable est un luxe que beaucoup de nations régionales ou continentales auraient bien souhaité se payer.
Le climat politique dans lequel se déroule la campagne de l’élection présidentielle du 17 avril 2014 doit faire bien des envieux par les temps qui courent. Les exemples qui renforcent ce point de vue sont légion. Explications. L’Egypte avait élu démocratiquement un président islamiste pour ensuite le destituer et annoncer dans la foulée l’organisation d’une nouvelle élection: un changement de cap qui risque de précipiter le pays des pharaons dans une guerre civile qui aura très probablement pour conséquence la déstabilisation de toute la région.
La Libye qui après avoir mis fin au règne sans partage de plus de quarante ans de l’ex-guide de la Jamahiriya Mouaâmar El Gueddafi est aujourd’hui soumise au diktat de groupes armés qui l’ont précipitée aux portes du chaos.
Le Mali a failli s’effondrer en tant qu’Etat sous la puissance de feu de groupes terroristes islamistes sans l’intervention militaire française. Il n’est arrivé à retrouver qu’une très fragile stabilité après avoir organisé des élections générales (législatives et présidentielles) sous haute tension mais il reste malgré tout sous la menace d’une scission revendiquée par les rebelles touareg de l’Azawad.
De son côté, la Tunisie, après avoir chassé son président Zine el-Abidine Ben Ali et dans la foulée de la victoire des islamistes du mouvement Ennahda aux législatives de 2011, a été secouée par une crise politique sans précédent. Sous la menace de groupes islamistes radicaux et dans le sillage d’assassinats politiques, le plus petit Etat du Maghreb a fini par accoucher d’une nouvelle Constitution qui devrait le remettre sur de bons rails.
Une ceinture de feu qui encercle l’Algérie qui représente les effets collatéraux de ce qui a été faussement qualifié de «Printemps arabe».
Le pays «est entouré par sept frontières, dont la plupart, pour ne pas dire toutes, sont au rouge. Nous vivons dans une zone extrêmement perturbée…», a reconnu sans détour le 7 décembre 2013 l’ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal actuellement directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika lors d’une rencontre avec des membres de la communauté algérienne établie en France, qui s’est tenue au siège de l’Académie diplomatique internationale de Paris.
Un paramètre que d’aucuns n’ont pas hésité à présenter comme un danger potentiel pour l’élection présidentielle d’avril 2014. Un «écueil» que les animateurs des campagnes des candidats à la magistrature suprême ont réussi à écarter.
La qualité de leurs débats, le choc de leurs idées ont mis en évidence la vitalité que recèle la classe politique nationale au-delà de critiques justifiées, expliquées par la toute naissante démocratie dont le premier sillon a été tracé il y a moins d’un quart de siècle.
C’est ainsi que les sujets d’ordre social (emploi, logement, qualité de la vie…) ont pris le dessus sur les problèmes sécuritaires qui ont constitué le fonds de commerce de certains leaders politiques qui brandissent la menace d’une chimérique intervention étrangère pour rendre plus plausible la thèse de la vulnérabilité de l’Algérie et de ses institutions.
Le terrain vient de démontrer que l’Algérie est une oasis: un îlot qui veut consolider la paix dans laquelle il baigne depuis plus d’une décennie après avoir traversé un des plus sombres épisodes de son histoire. L’entrée en lice de pas moins de six candidats à la course au palais d’El Mouradia est un luxe que beaucoup de pays à l’échelle régionale et continentale auraient bien souhaité se payer.
La confrontation de leurs idées, la diversité des projets et des promesses contenues dans leurs programmes se déroulent dans un fair-play remarquable qui ne fait qu’attester de la solidité des institutions d’une République née dans le sacrifice et la douleur il y a à peine soixante ans.