Après une nuit coloniale et une indépendance confisquée (*), les Algériens voudraient recouvrer enfin leur parole.
Abdelaziz Bouteflika n’est pas prêt à lâcher le pouvoir. Ici avec son frère Saïd.
Après une nuit coloniale qui avait duré 132 années, le peuple algérien a recouvré sa liberté qu’il a chèrement payée. L’Algérie indépendante, revendiquée par les nationalistes de l’Etoile Nord-Africaine dès 1926, est devenue une réalité le jour où la parole avait été donnée au peuple, le 03 Juillet 1962. Par voie référendaire, le peuple algérien, meurtri pas sept années et demi d’une guerre atroce achevée dans le sang d’une organisation criminelle lancée par des nostalgiques de « l’Algérie de papa », dit massivement oui pour l’indépendance nationale.
Très vite cette indépendance chèrement acquise sera confisquée par une poignée d’hommes qui feront de notre pays ce qu’il est devenu aujourd’hui. Un pouvoir autocratique ressemblant davantage à une organisation mafieuse qu’à un régime politique. La corruption s’y est érigée en système de gouvernance et la violence comme seule réponse dont disposent ceux qui nous dirigent.
Il est certes vrai qu’à un moment ou à un autre, l’Etat avait fonctionné en tant que tel. Mais depuis plus d’une décennie, la situation est telle que beaucoup d’Algériennes et d’Algériens préfèrent mourir noyés dans le large ou immolés par le feu que d’accepter l’inacceptable. Des hommes en charge des affaires publiques pillent, volent, détournent et dilapident les richesses du pays et expatrient des sommes colossales en monnaies fortes vers l’étranger. Ils ressemblent beaucoup plus à des mercenaires qu’à des patriotes. A tous les échelons de la République, la corruption ronge ses institutions. Les entreprises publiques sont devenues des propriétés privées de ceux qui les dirigent. L’oppression, les abus de pouvoir, les détournements et j’en passe.
Dans les entreprises privées, les droits fondamentaux des travailleurs ne sont plus reconnus. Les salaires sont des salaires de misère et les travailleurs fragilisés par des patrons avides et corrompus. Il est vrai que ce n’est pas le cas de toutes les entreprises ni de tous les services mais le climat dominant est tel que décrit plus haut.
Pendant ce temps, ces rapaces continuent à sévir et commencent dors et déjà à tambouriner pour un quatrième mandat au Président sortant. Il va sans dire que ce sont là les voix des clients de ce système corrompu et rentier dont le peuple n’en reçoit que les miettes. Un autre mandat pour leur permettre de vider les sommes résiduelles qui gisent dans les caisses de l’Etat par de faux projets où des projets aux surcoûts dépassant l’entendement. Ils veulent un autre mandat pour eux et rien que pour eux, jamais pour l’Algérie et son peuple meurtri, appauvri et atomisé.
Le peuple, spolié de ses richesses, voudrait un mandat présidentiel mais pour lui et par lui. Il voudrait que ce mandat là marque le changement tant espéré. Il ne veut ni un quatrième mandat pour le Président sortant, affaibli par l’âge et la maladie, ni un autre mandat pour quiconque ; il veut un mandat pour lui. Lui, le peuple appauvri, désabusé.
Abdellaziz Djeffal, chargé de la formation à Jil Jadid.