Il y a quelques années, lorsque l’Algérie faisait des acquisitions de navires, elle ne prenait pas le soin d’exiger des fournisseurs la formation du personnel et le transfert d’expertise. Elle recourrait plutôt à l’assistance des équipages étrangers.
C’est ce qui explique que quand ils tombent en panne, les navires sont renvoyés vers les chantiers navals étrangers pour y être réparés moyennant devises sonnantes et trébuchantes. Surtout lorsque le bateau y séjourne longtemps.
C’est la raison pour laquelle, un ancien dirigeant de la navigation maritime et expert en la matière conseille aux pouvoirs publics d’introduire certaines mesures dans les cahiers de charge. Dans un entretien qu’il a accordé à notre consœur l’APS, M. Abdenabi Mezara a affirmé que l’Algérie est en passe d’acquérir 25 navires, dont 23 destinés à la marchandise. « Aujourd’hui, il faut renouveler l’expérience et exiger dans les cahiers de charges d’achat de navires des chantiers navals que les cadres qui les commandent restent pour un temps pour transférer leur expérience à l’élite maritime algérienne qui ne demande qu’une mise à niveau.»
L’expert a également recommandé l’encouragement de l’affrètement coque nue afin de permettre l’absorption du chômage. Il s’agit pour le fréteur, explique M. Mezara, de s’engager, contre le paiement d’un loyer à mettre à la disposition d’un affréteur un navire déterminé, sans armement ni équipement ou avec un équipement et un armement incomplet pour un temps défini.
Par ailleurs, il a estimé qu’il était impératif que les compagnies maritimes algériennes élaborent des conventions avec l’Institut supérieur maritime de Bousmaïl, mais aussi avec des universités aux fins de « préparer les futurs managers de la flotte nationale au lieu de recruter des commandants étrangers pour un salaire minimum d’environ 4.000 euros par mois (plus de 400.000 DA).
Il propose aussi la signature d’une convention entre les compagnies maritimes et l’Entreprise de réparation navale pour assurer la maintenance des navires et créer des entreprises de maintenance légère. « Cela permet une intervention rapide, un gain de temps et de coût ainsi que le renforcement de la prévention. » Parce que les chantiers navals étrangers importent les pièces notamment d’Asie ou du constructeur et chiffrent leurs prestations à des prix exorbitants, indique encore l’expert. Lequel préconise également la mise en place d’un observatoire d’analyses de coûts portuaires équivalant à une bourse de frêt et de coûts portuaires.
« L’Etat doit reprendre son rôle de régulateur pour protéger l’économie nationale en l’absence de concurrence sur certaines lignes où des armateurs imposent des tarifs excessifs. » Et M. Mezara d’ajouter : « Il est impératif d’imposer certaines références tarifaires pour réduire les marges bénéficiaires de ces armateurs, ce qui sera profitable pour les importateurs algériens et l’économie nationale ». Il en veut pour preuve qu’un « conteneur débarqué dans les ports méditerranéens est moins cher qu’un conteneur débarqué en Algérie pour la même distance du port de chargement. »
L’ancien dirigeant dans le secteur maritime a évalué les surcoûts d’un conteneur provenant de différentes origines entre 200 et 500 euros, soit un minimum global dépassant le (1) million de conteneurs. « C’est l’équivalent de 250 à 500 millions d’euros/an de surcoûts, de quoi renouveler la flotte algérienne en quelques années et augmenter le nombre des ports secs et les magasins de stockage sous douane en partenariat avec les ports », a-t-il ajouté.
F. A/APS