Humble dans le propos, mais ferme dans les actions et les décisions, le tout nouveau gouvernement de Sellal, dans son plan d’action, dont nous nous sommes procurés une copie, explique d’entrée de jeu que celui-ci «Tire son essence du programme de son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika». Rien de nouveau sous le ciel donc ? Et pourtant si.
Des nouveautés de taille attendent les citoyens, notamment sur le plan social, parent pauvre du gouvernement Ouyahia, cela au grand bonheur d’une population qui a longtemps attendu le renvoi d’ascenseur de l’ensemble de ses sacrifices ; alors que les PME devraient, elles aussi, bénéficier d’une attention toute particulière.
D’entrée de jeu, et une fois évacué ce préambule, le document commence par mettre en exergue d’emblée les dures réalités du terrain. Après la crise multidimensionnelle vécue par l’Algérie durant les années 90, pas mal d’insuffisances ont fini par être accumulées.
«Ces insuffisances et contraintes concernent notamment le domaine économique, qui souffre encore des pesanteurs qui gênent son essor serein, ainsi que la mise à disposition des citoyens d’un service public de qualité apte à répondre à leurs attentes et à leurs préoccupations ».
Le ton est donc donné d’entrée de jeu, puisque si le gouvernement Sellal se fixe pour priorité de relancer coûte que coûte la machine économique, d’où le choix de Chérif Rahmani pour relever un pareil défi, il s’agira également de tordre le cou à cette bureaucratie qui a fini par générer un énorme hiatus entre l’État et les citoyens. Il sera dès lors extrêmement difficile de les réconcilier.
Voilà pourquoi, et en matière de «choix éditoriaux» du plan d’action gouvernemental, lit-on encore en introduction, «le gouvernement veillera, en toutes circonstances, à privilégier les vertus du dialogue et de la concertation». Pour ce qui est des besoins sociaux des citoyens, que le gouvernement s’engage à satisfaire du mieux qu’il pourra, il sera surtout question d’accélérer la cadence des constructions et livraisons des logements, toutes formules confondues.
EFFICACITÉ, COHÉRENCE ET RAPIDITÉ DANS L’EXÉCUTION DES TÂCHES
Dans un tout autre domaine, lit-on encore, «Le gouvernement s’engage à poursuivre le rétablissement de la sécurité et l’ordre public et à mener une lutte implacable contre la corruption et les fléaux sociaux».
Avec le départ de Zerhouni, en revanche, il semble que le gouvernement mettra définitivement un terme à sa politique de la main tendue aux terroristes, sans toutefois renoncer à la poursuite de la mise en application sur le terrain de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Dans le chapitre des «curiosités » relevées dans ce plan d’action, on nous indique que «le gouvernement veillera à conduire une politique de communication efficace permettant d’assurer la mise en place et la consolidation d’échanges permanents entre les pouvoirs publics et les citoyens sur tous les thèmes d’intérêt national».
Il va sans dire, en effet, qu’à l’exception du département des Affaires étrangères, où le chargé de la Communication remplit parfaitement son rôle, en se montrant disponible, ouvert et particulièrement loquace, la plupart des autres ministères sont de véritables tours d’ivoire, absolument infranchissables.
Et rien ne dit que les choses vont changer à l’avenir, puisque le poste de porte-parole du gouvernement n’a pas été institué, alors que le nouveau ministre de la Communication s’est contenté pour le moment de rendre visite aux médias publics uniquement.
Démentant au passage tous ces oiseaux de mauvais augure qui prédisaient que l’Algérie allait appliquer un imposant plan d’austérité, le plan d’action de sellal annonce au contraire qu’«une importante ressource financière a été mobilisée et engagée dans les nombreux projets d’équipements publics réalisés ou en voie de concrétisation».
Il est relevé, cependant, que «cette disponibilité (de ces importantes ressources financières) ne devra pas nous éloigner de l’objectif primordial de gestion rigoureuse des dépenses publiques, ainsi que la prise de toutes mesures et dispositifs visant à lutter contre toutes formes de gaspillages des derniers publics».
En résumé, est-il encore relevé, après un long retour sur les préparatifs liés aux élections du 29 novembre prochain, ainsi que la finalisation du processus de réconciliation nationale, que «le contenu de ce plan reflète un double souci : l’urgence que doit revêtir la concrétisation des actions et la cohérence de rigueur qui doit prévaloir lors de leur conduite».
Une fois que ce plan d’action aura été adopté par les députés de l’APN, il ne restera plus aux membres du gouvernement Sellal qu’à retrousser leurs manches afin de se mettre au travail.
Wassim Benrabah
DOMAINE SOCIO-ÉCONOMIQUE: HEUREUSES PERSPECTIVES POUR LES PETITES BOURSE
Le gouvernement Sellal prévoit dans son plan d’action, qui sera présenté au niveau du Parlement mardi prochain, de prendre plusieurs mesures, plus ou moins importantes, dans le domaine socio-économique afin de concrétiser le plan quinquennal 2010-2014 du président de la République.
La relance de la formule AADL aux demandeurs de logements, la poursuite de la politique du renouveau agricole et rural visant à assurer la sécurité alimentaire, le lancement d’un certain nombre de projets dans le domaine du transport, dont des téléphériques et des tramways ainsi que l’éradication des parkings illicites sont, entre autres, les mesures phares qui figurent dans le plan d’action de la nouvelle équipe de l’exministre des Ressources en eau.
Ainsi donc, et en ce qui est du volet relatif au logement, le gouvernement Sellal envisage dans son plan d’action, dont on détient une copie, de lancer un programme additionnel type AADL pour la satisfaction de la demande actuelle, mais sans pour autant fournir la moindre précision sur la date de la relance de cette formule ou, du moins, le nombre de logements que comprendra ce programme additionnel.
Par ailleurs, le document indique que le gouvernement veillera en priorité à concrétiser l’engagement de livrer 1 200 000 logements durant la période 2010-2014. Le programme lancé en réalisation, précise-ton, s’élève à 1 281 000 logements dont 491 000 unités sont achevées et 790 000 sont en cours de réalisation. Par conséquence, les pouvoirs publics feront appel aux entreprises étrangères afin de satisfaire la demande en la matière.
«Au regard de l’insuffisance des capacités nationales de réalisation, le gouvernement veillera à mettre en oeuvre les incitations nécessaires y compris l’appel aux moyens de réalisation extérieurs, pour encourager le développement de ces capacités, de sorte à atteindre le plus rapidement possible au niveau d’offre annuel du logement, qui soit en adéquation avec celui de la demande», peut-on lire dans ledit document.
Le gouvernement compte aussi mettre un terme au problème du foncier, et ce à travers l’exploitation de toutes les alternatives, y compris la requalification des tissus urbains anciens, qui offrent des potentialités foncières importantes, sous exploitées. À noter, d’autre part, que 381 000 logements, dont la réception est prévue fin 2014, ont été inscrits dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire.
DES SOLUTIONS POUR METTRE UN TERME À LA FLUCTUATION DES PRIX
S’agissant du volet inhérent à l’agriculture, il sera surtout procédé à la consolidation des instruments et outils financiers adaptés aux mesures d’intervention à caractère d’urgence dans le cadre de l’adaptation de l’offre et de la demande de produits de large consommation ainsi que la réhabilitation et l’extension des capacités de stockage afin de garantir des stocks de sécurité susceptibles de mettre un terme aux fluctuations que connaissent les prix des produits agricoles de large consommation.
Il est aussi prévu la concrétisation de 6 000 projets de proximité de développement rural intégré ( PPDRI) pour 2013- 2014 et l’engagement d’une série de procédures de soutien plus efficaces et plus accessibles aux agriculteurs, éleveurs et PME. Ajouter à cela, le renforcement du système d’information du dispositif de régulation des produits de large consommation par la création d’un observatoire des filières et surtout un système de veille opérationnel d’anticipation.
UNE «ATTENTION PARTICULIÈRE» AU TRANSPORT
Conscient du rôle important que joue le transport dans le développement du secteur économique, le gouvernement Sellal compte dans son plan d’action de consolider les réalisations déjà enregistrées par l’ensemble des sous-secteurs le constituant (ferroviaire, urbain, aérien et maritime) et de parachever les différents projets en cours de réalisation ou en voie de lancement.
Il s’agit surtout de la concrétisation de 77 nouveaux projets, en ce qui concerne le transport ferroviaire, qui totalisent près de 8 000 km de nouvelles voies, la réalisation des tramways d’Oran et de Constantine, la réalisation d’une nouvelle aérogare internationale au niveau de l’aéroport d’Oran Ahmed-Ben Bella.
Autre mesure : le gouvernement Sellal compte également poursuivre le renforcement et le rajeunissement de la flotte d’Air Algérie et de Tassili Airlines par l’acquisition de nouveaux aéronefs de diverses capacités.
Il convient de signaler, en outre, que les dispositifs réglementaires relatives, notamment au contrôle de la vitesse des véhicules de transport de voyageurs et de marchandises (le chrono tachygraphe) ainsi que le brevet professionnel pour les transports lourds de marchandises et les transports collectifs de voyageurs ont été finalisés. Et le permis à point, poursuit-on, rentrera en vigueur lorsque les fichiers informatisés des wilayas seront finalisés et interconnectés.
Sur un autre chapitre, la nouvelle équipe gouvernementale prévoit, dans son plan d’action, d’améliorer le service rendu aux usagers de la route par le renforcement du dispositif d’entretien, à travers les maisons cantonnières et les parcs à matériel des wilayas et les 15 parcs régionaux ainsi que le lancement des travaux d’aménagement de l’oued El Harrach et de la protection de la vallée du M’Zab contre les inondations.
Quant au volet relatif au cadre de vie de la population et de la promotion de la ville, le gouvernement Sellal envisage surtout l’éradication des parkings illicites.
Soufiane Dadi