Malgré les grands moyens, la médecine continue de se déshumaniser à Tizi Ouzou.
Intervenant, jeudi dernier, à l’ouverture du conseil de la wilaya consacré au secteur de la santé, le wali Abdelkader Bouazghi a mis le doigt là où ça fait mal. La wilaya de Tizi Ouzou qui dispose du plus grand nombre de structures de santé en Algérie peine à satisfaire en quantité et en qualité les populations. Mais pis encore et même si le responsable en question ne l’a pas dit, il est évident que plus les pouvoirs publics mettent les moyens, plus l’humanisme qui devait être la caractéristique première d’un individu travaillant dans la santé disparaît.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes mais la réalité est criante. La wilaya dispose de 285 centres de santé offrant quelque 2500 lits. Tout ce patrimoine est pris en charge par un personnel que les statistiques évaluent à 11.000 employés toutes catégories confondues. Hélas, tout ce beau monde n’arrive pas à satisfaire une population qui voit en ces centres de santé de véritables mouroirs. Le personnel de la santé, bien que les personnes compétentes et humaines existent, devient de plus en plus vulgaire. Aujourd’hui, le malade est traité comme un animal sur son lit d’hôpital. Et la place publique certifie le fait. Des milliers de témoignages peuvent parler en choeur sur les mauvais traitements que les malades et leurs accompagnateurs subissent une fois entrés dans un hôpital. Il est aujourd’hui de notoriété publique que le citoyen craint la maladie non pour son mal, mais pour son admission éventuelle à l’hôpital. Le visage du médecin, au lieu de rassurer, fait peur. Il est devenu l’antithèse de la sérénité médicale. Ceux qui font exception sont broyés par la machine.
Par ailleurs, l’intervention du directeur général du CHU Nédir, très attendue d’ailleurs, a corroboré les remarques du wali. M.Abbès Ziri a lancé un appel du pied aux différents centres de santé répartis à travers les communes pour éviter les évacuations inutiles qui ne font que surcharger le service des urgences du CHU.
L’orateur également a profité de la tribune qui lui a été offerte pour souligner certains points noirs de la gestion du secteur de la santé. En effet, le Dr Ziri, psychiatre, a appelé le ministère de la tutelle à doter le service de radiologie du CHU de radiologues. Le manque de spécialistes en la matière contraint les services du CHU à réorienter les citoyens vers le privé. Il est aussi à se demander sur la pertinence de la décision d’orienter vers d’autres wilayas les seuls radiologues affectés au CHU de Tizi Ouzou.
Enfin, il est à noter que, l’amélioration des prestations services passe préalablement par l’amélioration de la formation de la matière humaine. Pour ce faire, le wali a, comme préalable, annoncé la création, cette semaine, d’une commission chargée de réhabiliter et de redynamiser le secteur public. Un secteur qui avale des enveloppes budgétaires immenses mais dont les prestations demeurent en deçà des attentes de la population.