Ses activités sont très limitées,Bouteflika, président «intra-muros»

Ses activités sont très limitées,Bouteflika, président «intra-muros»

Le président de la République a limité considérablement ses activités au cours de ces deux dernières années. Abdelaziz Bouteflika se consacre juste à recevoir, au Palais d’El-Mouradia, les personnalités étrangères de passage à Alger.

En cette fin de troisième mandat, le chef de l’Etat est devenu un dirigeant très peu actif. Il suffit de visiter le site internet de la présidence de la République pour le confirmer. A titre indicatif, la dernière sortie à l’étranger effectuée par Abdelaziz Bouteflika date du 14 janvier 2012. Il s’était rendu à Tunis pour participer à la célébration du premier anniversaire de la révolution tunisienne. Depuis, il n’a pas quitté l’Algérie dans le cadre d’une activité officielle, que ce soit dans le cadre d’une visite ou pour participer à un événement international.

Le président du Conseil de la nation et Abdelmalek Sellal sont chargés de le représenter. Ainsi, Abdelmalek Sellal a été désigné pour le 24e Sommet arabe qui s’est tenu ces derniers jours à Doha. Au mois de février, Abdelkader Bensalah était en Guinée équatoriale pour le représenter au 3e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres du Groupe de Coordination du Forum de coopération Afrique-Amérique du Sud. Sur le plan interne, la dernière sortie de Bouteflika en dehors d’Alger date du 24 février 2012. C’est à Arzew qu’il avait célébré l’anniversaire de la création de l’UGTA et celui de la nationalisation des hydrocarbures. En 2013, c’est à Abdelmalek Sellal qu’est revenue la mission de célébrer ce double événement à In Aménas. Le président de la République a également limité ses activités à l’intérieur de la capitale. Le 8 mars dernier, il était à l’hôtel El-Aurassi pour la Journée de la femme. Mais Bouteflika n’a pipé mot durant le déjeuner. Son traditionnel discours a été transmis directement à l’APS. Au mois de septembre 2012, il s’était déplacé à la Safex pour inaugurer le 17e Salon du Livre. Et qu’en est-il des Conseils des ministres, une des principales activités «publiques» que le président assure dans le cadre de ses fonctions ? Depuis l’entrée en action du gouvernement Sellal, Abdelaziz Bouteflika n’a présidé que trois Conseils des ministres : deux au mois de septembre et un autre au mois de décembre. Le président de la République n’a pas réuni un seul Conseil depuis le début de l’année 2013. Mais Bouteflika reçoit. Il reçoit beaucoup même. Il a notamment accueilli François Hollande au mois de décembre 2012. Les deux présidents ont effectué un bain de foule dans les rues d’Alger ainsi qu’une visite d’une journée dans la ville de Tlemcen. Ce fut une petite parenthèse dans son planning puisque toutes les autres personnalités étrangères ont été reçues au Palais d’El-Mouradia. David Cameron, Hamed Ben Khalifa Al Thani, Sergueï Lavrov, Mohamed Ben Zayed Al Nahyane, Christine Lagarde ou encore Hillary Clinton l’ont tous rencontré sous les lambris dorés du siège de la présidence de la République. Aujourd’hui, il est tout à fait légitime de s’interroger sur les raisons de cette «baisse de régime». Il semblerait que cela n’ait rien à voir avec son état de santé. Il suffit de se référer à certains témoignages. Celui notamment de l’ambassadeur de France à Alger, André Parant. «Le président Bouteflika était alerte. Il se porte bien. Il est comme vous et moi», a-t-il indiqué après avoir participé, aux côtés de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée française, à une rencontre de deux heures avec Abdelaziz Bouteflika. La semaine dernière, un de ses proches collaborateurs a, lui aussi, précisé au quotidien El Khabar que le président jouissait d’une bonne santé. Mais cette personne, qui est intervenue sous le couvert de l’anonymat, a révélé que le chef de l’Etat est fortement affecté par la situation que traverse le pays. «Si vous lui demandez aujourd’hui son sentiment (à propos d’un quatrième mandat), il vous répondra qu’il ne souhaite pas rester au pourvoir. Non pas que sa condition physique ou que son état de santé ne le lui permettent pas, mais plutôt à cause de la situation du pays qui n’inspire pas confiance (…) Le président de la République suit avec amertume les tempêtes qui soufflent sur le pays. Il ne se passe pas un jour sans qu’il ne reçoive de mauvaises nouvelles», a indiqué ce haut cadre de la présidence de la République. Finalement, le manque d’activité de Bouteflika serait peut-être dû à une forme de «blues». Le blues du président.

T. H.