Sécurité des étrangers et des bases pétrolières, Trois mille soldats pour protéger les sites sensibles

Sécurité des étrangers et des bases pétrolières, Trois mille soldats pour protéger les sites sensibles

L’enlèvement et l’assassinat du Français Hervé Gourdel a rap pelé aux services de sécurité algériens que le terrorisme est toujours là, avec un nouveau visage, celui de Daech.

La menace d’attaques et d’attentats terroristes, ainsi que l’enlèvement d’otages étrangers en Algérie est prise très au sérieux par les services de sécurité qui ont reçu ces derniers jours de nouvelles instructions pour renforcer la surveillance et la sécurité des sites sensibles à travers le territoire national.

Ces nouvelles mesures prises par l’ANP, la Gendarmerie nationale et la DGSN, après le kidnapping et l’assassinat du Français Hervé Gourdel, ont également élevé le niveau d’alerte dans le pays pour prévenir toute menace terroriste.

Ces nouvelles mesures interviennent en particulier après une franche détérioration de la situation en Libye et la menace que font peser sur l’Algérie des groupuscules terroristes qui ont prêté allégeance à l’Etat Islamique (Daech) dont celui de (Djound El Khalifa) qui a enlevé et tué Hervé Gourdel. Cet événement a rappelé d’une manière violente que la menace terroriste reste omniprésente et que seules des mesures de sécurité renforcées peuvent l’éviter, d’autant que la configuration classique des groupes terroristes est en train de se diluer dans les méthodes barbares de Daech.

L’assassinat dans d’horribles conditions d’Hervé Gourdel a été suivi immédiatement par un drastique renforcement des mesures de sécurité. Des instructions fermes ont été données aux différents services de sécurité sur l’ensemble du pays, particulièrement dans les zones pétrolières et les sites sensibles dans le sud appartenant à des sociétés étrangères ou des base-vie d’expatriés travaillant dans le secteur pétrolier.

Outre le verrouillage sécuritaire des zones sensibles du sud où vivent les travailleurs de sociétés pétrolières étrangères, il s’agit surtout d’éviter un autre ‘’Tiguentourine’’. Il y a également le nombre de militaires déployés pour la sécurisation des sites pétroliers et des base-vie et des installations des sociétés étrangères dans le sud qui a été revu à la hausse, avec un peu plus de 3.000 soldats nouvellement affectés à cette mission. Les wilayas concernées par ces mesures sont Ouargla, Illizi, Tamanrasset, Adrar, Laghouat et Skikda.

LES DÉPLACEMENTS DES ÉTRANGERS SOUS SURVEILLANCE

Par ailleurs, les autorités algériennes ont pris d’autres mesures pour renforcer la sécurité et lutter contre la menace djihadiste. Les déplacements des étrangers dans les zones sensibles, où il y a une activité terroriste, sont dorénavant interdits. Le déplacement des étrangers en Algérie va obéir à de nouveaux mécanismes de sécurité, notamment dans des zones à risques, marquées par des activités terroristes, les régions frontalières et dans le sud, selon des sources sécuritaires. En fait, ces mesures sont déjà appliquées, et le déplacement des étrangers est interdit dans certaines zones sensibles.

Les régions sensibles et interdites dorénavant aux étrangers sont celles frontalières avec la Libye, le Mali, et la Tunisie, ainsi que des zones dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bejaia, Jijel et Bouira, ainsi que toutes les zones du sud du pays, en dehors des routes officielles. Un renforcement de la sécurité a été également décidé dans les sites des entreprises et sociétés étrangères dans le sud du pays, celles notamment opérant dans le secteur pétrolier. Au moins 500 sites ont été ainsi sécurisés par un nouveau dispositif, renforcé. En outre, la sécurité et la surveillance des résidences diplomatiques ont été également renforcées par les ministères de l’Intérieur et de la Défense.

FRONTIÈRES LIBYENNES VERROUILLÉES

En plus de ces dispositions, l’Algérie a également, selon certaines sources, décidé de cadenasser certains points de passage frontaliers avec la Libye et le Mali. Il s’agit en fait de la construction d’une vaste barrière électrifiée d’une longueur de 110 km sur le tracé frontalier avec Libye. La première barrière va de la région d’Illizi, proche de la ville libyenne de Ghadamès sur 20 km. La seconde court de la région de Guerrara jusqu’à la ville de Djanet, proche du village libyen Derdj, sur 90 km.

Avec les fossés creusés en certains endroits sensibles de la zone frontalière avec la Libye, la volonté des services de sécurité algériens est d’empêcher le trafic d’armes et le passage de terroristes en provenance de ce pays, en proie au diktat des groupes armés et de milices incontrôlées, à l’origine d’un vaste trafic d’armes de guerre.

Yazid Alilat