En plus du kif traité récupéré, les éléments des GGF ont découvert deux caisses de munitions et un fusil-mitrailleur. Un arsenal de guerre pour contrer les forces de sécurité algériennes qui veillent aux frontières terrestres.
Les barons internationaux de drogue viennent d’essuyer un énième coup dur aux frontières terrestres algériennes à la faveur d’une grande opération de saisie de résine de cannabis, menée, dimanche dernier, par les éléments des gardes-frontières de Tamanrasset.
Selon le commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), les éléments des GGF, en patrouille à bord de trois véhicules au lieu-dit Hassi-Gourdine, situé à 700 km de la capitale du Grand-Sud algérien, Tamanrasset, et relevant de la localité de Tinzaouatine, sont tombés nez à nez avec un convoi de narcotrafiquants qui circulaient à bord de cinq véhicules tout-terrains.
Aguerris aux méandres du désert, les GGF ont immédiatement accroché les convoyeurs armés, probablement en provenance du Maroc, pour transiter par le Mali, sachant que Hassi-Gourdine est limitrophe à la localité de Tassalt et du Kidal. Devant l’engagement musclé des GGF, les narcotrafiquants ont pris la fuite à bord de quatre véhicules abandonnant sur-le-champ un moyen de locomotion, les armes et la marchandise.
Le véhicule immobilisé sur place, de marque Toyota-Station, et à bord duquel se trouvaient quatre individus (en fuite), était bourré : 11 quintaux et 75 kilos de résine de cannabis soigneusement enveloppés dans 47 sacs hermétiques, un fusil-mitrailleur, deux caisses de munitions renfermant 400 cartouches et deux fûts de carburant.
À l’heure actuelle, les éléments des GGF ratissent large cette zone surtout que les narcotrafiquants en repli à bord de quatre autres véhicules pourraient récidiver pour tenter de transgresser nos frontières et de trouver un palliatif dans cette zone aux reliefs assez difficiles.
D’où vient une aussi importante quantité de drogue et quelle était sa destination ? De quel réseau international s’agit-il quand on sait que les 53 tonnes de kif traité saisies durant les 10 mois de l’année 2009 provenaient du Maroc ? Ces questions et bien d’autres trouveront certainement leurs réponses dans les prochains jours puisque la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête et engagé une vaste opération de recherche en déployant de gros moyens dans cette localité enclavée de l’Algérie.
Mais la méthode d’acheminement utilisée à Hassi-Gourdine est la même que celle usitée par les narcotrafiquants marocains à Hassi-Khebi ou encore à Zeghdou, à Béchar et à Tindouf. Les sbires des barons de drogue ont recouru aux armes de guerre pour sécuriser leurs convois et pour faire face aux dispositifs de contrôle, de surveillance et d’intervention des unités des gardes-frontières. Et ils n’ont pas hésité à faire usage de ces armes enfreindre les lois et les points de surveillance.
Le CGN, qui a inscrit la lutte contre la drogue comme un axe prioritaire en 2009, estime que le trafic de stupéfiants a enregistré une tendance vers l’aggravation au regard des grandes quantités saisies, ce qui constitue une menace pour la sécurité publique. Pour preuve, de 5 tonnes en 2007 et 30 autres tonnes en 2008, soit une croissance de 500%, les saisies sont passées à 53 tonnes durant les 10 mois de l’année 2009 (janvier à octobre), soit une croissance de plus de 900% !
C’est que le durcissement des frontières terrestres au Nord-Ouest a contraint les narcotrafiquants à opter pour le Grand-Sud pour acheminer de grandes quantités de résine de cannabis vers l’Europe, mais aussi vers le Moyen-Orient, notamment l’Égypte, consommateur n°1 dans la région. Cela va sans dire, note encore le CGN, qu’une partie de cette marchandise transite par le territoire national pour être acheminée vers les ports. En témoigne l’opération menée avec succès au port sec de Rouiba où 6 tonnes de kif traité, en provenance du Sud, donc du Maroc, avaient été saisies.
Farid Belgacem