«Les joueurs n’ont pas à s’immiscer dans les prérogatives du staff»
Le sélectionneur national, Rabah Saâdane, a animé jeudi à 10h un point de presse dans l’une des salles de conférence du stade du 5-Juillet.
L’objet de ce rendez-vous plus ou moins attendu au pays était donc de commenter la liste des 27 joueurs retenus pour le stage du Castelet, du 26 décembre au 7 janvier au matin, mais pas seulement. Rabah Saâdane, qui ne s’est plus adressé à la presse depuis la qualification au Mondial, est revenu près d’une heure et demie durant sur l’actualité ayant jalonné la vie des Verts depuis un mois.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, le sélectionneur national a tenu, en guise d’introduction à remercier tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la qualification pour le Mondial.
«Je vous assure qu’ils sont nombreux a avoir mis la main à la pâte sans qu’ils se projettent sous les feux de la rampe. Dans les coulisses, des hommes nous ont encadrés, soutenus, ouverts des portes… qui ont fait que la double confrontation face à l’Egypte se soit déroulée dans un contexte, disons, qui nous a permis de faire valoir notre jeu et notre suprématie aussi. Je remercier le président de la République, le président de la Fédération, les citoyens, et aussi la presse qui a aussi joué un rôle prépondérant. En somme, tous ceux qui ont contribué à notre réussite et, ma foi, ils sont nombreux», a reconnu le sélectionneur.
Rabah Saâdane n’a pas omis d’ouvrir une parenthèse sur cet après Algérie-Egypte et toute la polémique qui s’en est suivie. «L’Egypte ne digère toujours pas cette élimination qui lui est restée en travers de la gorge. Ils avaient prévu de nous faire plus que s’attaquer à notre bus avec des pierres.
Ils nous avaient préparé un enfer, mais grâce à des hommes et un encadrement sans faille on a déjoué leurs manoeuvres. Je ne peux leur pardonner ce qu’ils nous ont fait. Aussi, je ne peux pas demander pardon pour une faute que je n’ai pas commise», a-t-il souligné avant de passer au sujet que tout le monde attendait, à savoir le dossier Lacen et les dessous de sa non sélection en dépit de la convocation qui lui a été adressée.
«Lacen est un joueur dont la sélection a besoin», a t-il précisé de prime abord sans doute pour faire dissiper tout équivoque, et d’ajouter : «Je crois qu’on a trop parlé de lui. On a parlé à sa place et la place de ceux à qui appartient la décision. A cause de cette maladresse, on lui a fait du mal. C’est un garçon très sensible et bien éduqué. Je lui ai parlé à trois reprises ces derniers jours, et j’ai pu apprécier toute la grandeur de l’homme. Il aime son pays et la sélection. Malheureusement, certains se sont érigés en sélectionneurs alors qu’on ne leur a rien demandé. Pour moi, le dossier Lacen est clos, mais momentanément. Je continue à penser que la sélection a besoin de lui. J’aurais aimé l’intégrer dès à présent afin qu’il puisse s’adapter au groupe et se préparer pour le Mondial, mais cela n’a pu se faire en raison d’un problème personnel que je ne peux étaler ici.»
«La porte lui reste toujours ouverte, on a besoin de lui», a insisté Saâdane comme pour dire que le dossier Lacen restait sous le coude. En des termes à peine voilés, Saâdane a laissé croire qu’il attendait Lacen pour l’après CAN. Wait and see.
«Les joueurs n’ont pas à s’immiscer dans les prérogatives du staff»
Visiblement agacé par la tournure qu’a pris l’affaire Lacen, Rabah Saâdane n’a pas manqué d’afficher son mécontentement à l’égard de certains cadres de l’équipe qui se sont permis de donner leur avis sur la venue du milieu de Santander. «J’ai lu ça et là que des joueurs, soit disant des cadres, s’étaient prononcés sur la convocation de Lacen. On m’a rapporté quecertains ont dit que ce n’était pas encore le moment…moi, je dis stop ! A chacun sa place. Les joueurs n’ont pas à s’immiscer dans les affaires du staff.
C’est moi qui sélectionne et personne d’autre. Par égard au président de la Fédération on se consulte sur certains choix, mais sans plus. Les joueurs n’ont pas à dire oui pour untel et non pour un autre. C’est moi qui décide. Eux, ils sont là pour faire leur job et à ce que je sache la Fédération et le contribuable les ont généreusement récompensés pour leur travail. Ils sont des pros, que chacun reste à sa place», a t-il tenu à rappeler, non sans avoir omis de reprocher à la presse de s’être impliquée un peu trop, à son goût, dans cette affaire.
«On a élargi la liste à 27 pour optimiser notre marge de manœuvre»
Sur le choix de faire appel à 27 joueurs, Rabah Saâdane explique cela par le souci «d’optimiser notre marge de manoeuvre. La liste définitive n’est pas encore arrêtée. Nous avons le temps jusqu’au 30 décembre pour présenter à la CAF notre liste des 23. Nous avons par conséquent pris le temps de choisir les meilleurs. On attend de voir comment cela va se passer au Castelet. Le risque de blessure existe toujours. Nous avons des joueurs qui joueront le 26 au soir, en Angleterre et en Ecosse notamment. On a décidé donc d’anticiper les événements pour parer au plus pressé, si besoin est, en retenant 27 éléments».
«J’ai dit à Djebbour que je ne garantissais le Mondial à personne»
Sur le cas Djebbour, Saâdane ne s’est pas étalé longtemps. «Je lui ai parlé et il a parfaitement compris mon choix de ne pas le retenir pour la CAN. L’urgence pour lui était de trouver un club et retrouver la compétition le plus tôt possible. Il a besoin de jouer. Je lui ai dit que les portes lui sont toujours ouvertes à condition qu’il retrouve tous ses moyens. Il a voulu que je lui promette de le prendre pour le Mondial, et je lui ai dit que tout dépendra de lui. Je ne peux garantir le Mondial à personne.»
«Ghilas, c’est un choix»
Le sélectionneur s’est prononcé sur le cas Ghilas, non retenu. «Ghilas, c’est un choix», c’est ainsi que Saâdane s’est prononcé sur le cas Ghilas, non retenu. Il n’a pas voulu en dire davantage, laissant croire que le joueur de Hall City était victime de ses choix techniques.
«Il y aura encore de petits changements dans le onze»
Le conférencier a par ailleurs assuré qu’il projetait d’opérer certains «petits changements» à son onze au cours du stage du Castelet. «Cela n’est pas valable seulement pour le poste de gardien. Je compte aussi apporter quelques petits changement lors du stage de préparation», a-t-il prévenu sans pour autant aller jusqu’à nommer les postes concernés, ni même les défaillances qu’il avait constaté. «On manque encore de fond de jeu et de maturité technico-tactique. Il y a encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine. On doit améliorer notre jeu collectif. Vous avez vu les Egyptiens ! On n’est pas meilleurs qu’eux, il faut l’avouer. On les a battus avec le coeur, oui, la volonté, oui, mais sans plus. Cela fait dix ans qu’ils jouent ensemble. Notre objectif est d’atteindre un niveau de jeu au moins similaire dans le moyen terme.»
«Zemmamouche est un choix qui s’est imposé de fait»
Concernant la sélection de Mohamed-Amine Zemmamouche, Rabah Saâdane a fait savoir que «ce garçon a montré qu’il méritait sa place dans le groupe. Cela fait un moment qu’il était sur nos tablettes. On l’a supervisé. Il a beaucoup progressé, contrairement à Ousserir. Ce qui fait que nous avons opté pour Zemma, naturellement. Ousserir reste tout de même dans le groupe. Il n’est pas à écarter qu’il fasse son retour, si jamais on voyait qu’il est meilleur que l’un des trois autres gardiens».
«On communiquera l’ordre hiérarchique aux gardiens de but au Castellet»
Sur la question du numéro 1, Rabah Saâdane a décidé de ne rien révéler dans l’immédiat. Le sélectionneur national a fait savoir qu’il prendrait tout son temps pour trancher. «Les gardiens de but seront mis au courant de l’ordre hiérarchique au moment voulu. On les réunira durant le stage pour leur communiquer nos choix. Il le sauront lorsqu’on l’aura décidé. Cela dit, la concurrence reste ouverte. Il est difficile de dire qu’Untel domine les autres.» Autrement dit, Chaouchi et Gaouaoui n’ont pas intérêt à dormir sur leurs lauriers.
«Abdoun aura sa chance»
«Il y a des joueurs que nous n’avons pas pu tester jusqu’à présent. C’est le cas de Abdoun qui n’a pas encore joué la moindre minute. Je lui ai dit textuellement qu’il devait patienter, car entre-temps on avait d’autres échéances à préparer. Il a dit ok. On lui donnera sa chance pour qu’il nous montre un peu ce qu’il a dans le ventre. S’il convainc, il n’y a pas de raison pour qu’il ne soit pas intégré», a dit Rabah Saâdane.
Achour Aït Ali