Le sélectionneur national, Rabah Saâdane, vit une situation difficile avant le choc du 7 juin contre l’Egypte. Il subit une pression énorme, à tel point qu’il a fondu en larmes hier, lors de la conférence qu’il a animée à l’hôtel Hilton.
«J’ai peur pour ma famille. On habite dans un quartier populaire et on n’est pas en sécurité. Je suis quotidiennement interpellé. Où je me rends, on me demande de battre l’Egypte ,même les enfants et les policiers le font.»
Marqué encore par le traumatisme de 1986 où les membres de sa famille ont été pris à partie par des supporters zélés après l’élimination de l’EN au premier tour du Mondial mexicain, le sélectionneur redoute qu’un même scénario se reproduise, si par malheur l’EN réalise un mauvais résultat contre les Pharaons à Blida.
«J’ai peur pour ma famille. On habite dans un quartier populaire et on n’est pas en sécurité. Moi, je ne suis pas protégé. Je n’ai pas de garde du corps. J’ai demandé à ce que je sois sécurisé, mais la FAF n’a pas tenu compte de mes doléances. Je ne crains pas pour moi, mais pour ma famille. Mon fils va passer le bac le 7 juin et je l’ai déjà préparé sur le plan psychologique. Je sais qu’il risque d’être insulté et malmené si on ne gagne pas face à l’Egypte», a déclaré Saâdane qui n’a pu retenir ses larmes.
«Il faut s’attendre à tout. On peut perdre ce match. Ça peut arriver. Tous les scénarii sont possibles», a indiqué le driver des Verts, agacé par la pression de la rue. «Je suis quotidiennement interpellé. Où je me rends, on me demande de battre l’Egypte. Même les enfants et les policiers le font.
C’est fatigant et lassant à la fin. Je vis à l’extrême ce match et je regrette de ne pas avoir pensé à cela au départ. Je tiens toutefois à dire que je suis fort dans les moments difficiles.
Je suis un combattant et un bon soldat», a ajouté le sélectionneur national qui pourra fuir la pression de la rue dès demain, puisqu’il s’envolera avec la sélection vers le sud de la France pour un stage de préparation qui durera jusqu’au 5 juin.
«On a fait une bonne chose de programmer ce stage en France où on pourra avoir la sérénité et la tranquillité. L’objectif principal de ce stage c’est d’être loin de la pression», lance-til.
«Je ne crains pas l’Egypte»
Même s’il considère toujours l’Egypte comme le grand favori, vu l’expérience et la richesse de son effectif, Saâdane ne redoute pas pour autant les Pharaons. «L’Egypte ne me fait pas peur. J’ai un dossier complet sur cette sélection égyptienne. Je connais ses forces et ses faiblesses. Je sais qu’on peut la battre.
Ce sera une finale de coupe qui se jouera chez nous et on mettra tous les atouts de notre côté. Je sais néanmoins que ce sera très délicat, car les Egyptiens sont dos au mur et ils vont batailler dur pour arracher un bon résultat.
C’est un tournant et un match déterminant pour la fédération et le staff technique égyptiens. Je m’attends à un match extrêmement compliqué, surtout sur le plan tactique et psychologique», a-t-il indiqué, tout en précisant que le match amical que disputeront les Egyptiens le 30 mai à Mascate contre les Omanais ne constitue pas un avantage pour eux.
«C’est risqué de faire un match amical en cette fin de saison. La rencontre que disputera l’Egypte au Sultanat d’Oman ne sera pas en tout cas une référence», a-t-il expliqué.
«Ceux qui ne sont pas en forme et les indisciplinés seront écartés»
Saâdane ne compte retenir que les éléments performants et disciplinés pour les deux matches capitaux contre l’Egypte et la Zambie, après les tests et les contrôles médicaux qu’il fera subir à ses poulains lors du stage programmé au sud de la France. «Je ne retiendrai que les joueurs disciplinés et performants.
Ceux qui ne sont pas en forme et qui ne respecteront pas mes choix seront écartés », avertit le sélectionneur national qui compte dégager le plus tôt possible le onze type pour le choc contre l’Egypte.
«J’ai une grande responsabilité et je mettrai les meilleurs au niveau de chaque poste. Je vais dégager vite le onze type cette fois-ci. Je ne veux pas faire la même chose qu’au Rwanda où j’ai patienté jusqu’à la dernière séance pour choisir les titulaires. Certains ont fait la tête.
Cette fois-ci, celui qui ne respectera pas mes choix sera écarté du groupe. Il faut mettre de côté son égoïsme. C’est l’intérêt de la sélection qui prime. Tout le monde doit tirer dans le même sens», tonne Saâdane.
«Gaouaoui reste le n° 1 et Hadj Aïssa a été rajouté à la dernière minute»
Une fois n’est pas coutume, le patron de l’EN a retenu quatre gardiens de but pour les deux stages programmés en France et en Afrique du Sud en prévision des deux rendez-vous capitaux contre l’Egypte et la Zambie.
Le portier de la JSK, Fawzi Chaouchi, a été appelé en renfort. «Je ne suis pas le seul à faire appel à quatre gardiens de but. Tous les sélectionneurs africains l’ont fait.
Il faut prévoir tous les cas de figure. Gaouaoui est déjà sous la menace d’une suspension pour cumul de cartons. On n’est pas à l’abri des blessures aussi. Je ne veux pas convoquer par la suite un gardien qui est en vacances. Chaouchi s’est assagi et je l’ai à nouveau sélectionné. J’ai retenu les meilleurs, mais Gaouaoui reste le n° 1 jusqu’à nouvel ordre.
On verra plus clair lors des séances de travail en France», explique Saâdane. Interpellé sur la convocation de Lazhar Hadj Aïssa, qui relève de blessure, à la place de Mohamed Messaoud, meilleur buteur du championnat, le driver de l’EN a indiqué que le maestro de l’ESS peut constituer un bon joker.
«Je l’ai ajouté sur la liste à la dernière minute. Il est totalement rétabli de sa blessure. Il a été délaissé après le départ de l’ESS en Angola. On l’a fait venir à Alger où il a subi un contrôle médical approfondi. Je ne sais pas pourquoi il n’a pas été aligné contre la JSK. Je ne veux pas m’ingérer dans les affaires de l’Entente.
Hadj Aïssa sera testé en France. S’il ne répond pas aux normes compétitives, il sera écarté. Je l’ai retenu pour le faire éventuellement jouer comme joker. C’est un joueur imprévisible qui peut faire la différence sur une seule action. Je sens un bon coup.
C’est pour cette raison que je l’ai convoqué. J’assume entièrement ma décision. Je n’ai lésé personne», a-t-il précisé.
«Si je ne réalise pas de bons résultats en juin, je m’en irai»
Saâdane compte rendre le tablier si l’EN ne parvient pas à obtenir de bonnes performances face à l’Egypte et à la Zambie.
«Si je ne réalise pas de bons résultats, je m’en irai, car j’ai signé un contrat d’objectifs avec la FAF. Je sais que beaucoup m’attendent au tournant.
Si je me retire, la FAF aura le temps pour engager un autre à ma place étant donné que le quatrième match des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 est prévu en septembre», signale Saâdane, confiant malgré tout.
«On peut battre et l’Egypte et la Zambie qui sont les favoris de notre groupe. Je suis un homme de défis et j’y crois même si je suis conscient que la tâche est délicate. Moi, je suis un réaliste, pas un défaitiste»,
affirme le sélectionneur national qui ne pourra avoir tous les joueurs à sa disposition qu’à partir du 1er juin, date d’arrivée des retardataires, à savoir les Ziani, Djebbour, Bougherra et autres Ghezzal, retenus par leurs clubs jusqu’à la fin du mois.
«Les joueurs professionnels ne nous appartiennent pas. On a sollicité certains clubs qui ne jouent ni le titre ni le maintien pour libérer nos internationaux, mais notre demande a été rejetée », a-t-il conclu.