En sa qualité d’ancien sélectionneur national, Rabah Saâdane connaît parfaitement Anthar Yahia, Nadir Belhadj et Karim Matmour, les retraités définitifs et temporaires de la sélection nationale. Il nous livre ses impressions sur cet événement qui survient, alors que les Verts se préparent à disputer trois matches au mois de juin.
Vous êtes présentement loin de la scène médiatique. Y a-t-il des offres qui vous sont parvenues ?
En vérité, il n’y a rien de nouveau. Il pourrait y avoir quelque chose à l’horizon bientôt ou la saison prochaine.
Y a-t-il un intérêt de la part de sélections arabes ?
Il n’y a rien d’officiel. On a parlé de contacts avec la sélection de la Syrie, mais il n’y a rien d’officiel. Ce ne sont que de simples rumeurs. Je sais ce que je veux et j’ai refusé plusieurs offres qui ne correspondent pas à mon parcours et à mes ambitions. Si une proposition qui me convient me parvient, je foncerai. Sinon je suis bien comme je suis.
Vous êtes désormais un observateur de la scène footballistique. Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la retraite internationale annoncée par Anthar Yahia, Nadir Belhadj et Karim Matmour ?
Premièrement, il faut respecter ces décisions prises par leurs auteurs pour des raisons qui leur sont propres. Nous n’avons pas à les discuter, surtout pas moi qui ai passé de nombreuses années avec eux et leur voue une considération et un respect très grands. Cela dit, je regrette cette décision car il s’agit de très bons éléments qui ont acquis une expérience au niveau continental. Ils ont participé à la CAN et au Mondial. Yahia a même disputé la CAN-2004. Cette expérience devrait être mise au service de la sélection et de leurs coéquipiers. Dans chaque sélection, il faut des joueurs ayant un vécu. C’est pour cela que je regrette leur décision tout en la respectant. Un autre point important : ces joueurs avaient un rôle important au sein du groupes des joueurs. Des joueurs comme Yahia ou Karim Ziani veillaient à la communion du groupe, notamment entre les locaux et les professionnels, et ils avaient une influence positive sur le groupe. Cela dit, la sélection ne s’arrêtera pas. Elle ouvrira, sans ces joueurs, une nouvelle page avec les qualifications pour la CAN-2013 et le Mondial-2014.
Anthar Yahia a parlé de son désir de partir par la grande porte plutôt que de subir des critiques gratuites. Votre commentaire ?
Je ne peux m’exprimer sur les raisons présentées par chacun d’eux. Je les respecte, point. Et puis, je suis à présent loin de la sélection. Les mieux placés pour en parler sont les concernés, le sélectionneur national et le président de la FAF.
Selon vous, un joueur peut-il demander une retraite internationale temporaire comme vient de le faire Matmour ?
Cela peut arriver. Matmour, à la même période en 2008, nous étions en stage à Lisses dans la banlieue de Paris avant le déplacement au Sénégal. Il est venu me voir et m’avait demandé d’être exempté de ce match en invoquant une saturation physique et une lassitude mentale. J’avais accepté. En fin de saison, les choses sont souvent compliquées pour les joueurs internationaux. Entre le club et la sélection, il y a beaucoup de stages, de matches, de nervosité et de fatigue. J’avais compris la situation de Matmour et l’avais autorisé à partir. Je lui avais fait juste un reproche : il aurait dû me prévenir suffisamment à l’avance afin que je prenne mes dispositions. Cette fois-ci, les décisions ont été prises et annoncées avant le début du stage et c’est l’essentiel.
Cependant, le public algérien aurait préféré que ces trois joueurs participent aux matches de juin, qui sont importants, puis prennent leur retraite…
Il y a un sélectionneur qui a toutes les données sur tout le groupe. Je pense qu’il dispose d’un large choix. De plus, il a des joueurs de plus grande qualité que ceux que j’avais. Il peut très bien gérer cette phase. Il saura comment gérer la situation.
De par votre expérience, pensez-vous que les longs stages, comme celui qui commence sera lundi, sont éreintants ?
Oui, ils le sont car ils interviennent dans une période difficile. Réunir des joueurs en fin de saison pour jouer des matches importants, ce n’est pas évident. Nous avions tenu des réunions avec la FIFA afin de demander d’avancer ou de reculer ce genre de matches. Le sélectionneur doit savoir comment gérer la programmation et le calendrier car la période la plus difficile à gérer est la fin d’une saison et le début d’une nouvelle saison, puisque des joueurs sont saturés, hors forme ou blessés. Je me rappelle qu’en éliminatoires pour le Mondial-2010, nous avions joué contre le Sénégal et la Gambie en aller et retour en été, puis contre l’Egypte et la Zambie l’été suivant. Cette année, si le Barça et le Real Madrid n’ont pas pu se qualifier pour la finale de la Ligue des champions, c’est à cause de la fatigue cumulée tout au long de la saison et qui les a empêchés d’être frais lors des demi-finales. Ce n’est pas évident de jouer trois matches de haut niveau dans la semaine.
Quel sera l’avenir de la sélection sans les trois joueurs partis ?
(Il nous coupe) Je ne peux pas parler à la place du sélectionneur. Il a toutes les prérogatives et sait ce qu’il fait. Il est payé pour gérer ce genre de situations. Ne vous en faites pas, il connaît son travail et saura comment se débrouiller. Il sait comment aller à la CAN-2013 et au Mondial-2014, qui sont ses objectifs, à ma connaissance. Ce n’est plus mon problème.