RND, FLN ,Des calculs et une réalité

RND, FLN  ,Des calculs et une réalité

Les personnels politiques actuels sont tous d’un autre âge. Ils appartiennent à une génération sur le départ

Les Algériens suivent depuis quelque temps déjà les troubles que vivent ces deux partis.



En gros, on sait que des membres, «mécontents de la gestion de leur parti» ont lancé des actions de protestation qui se sont transformées en mouvement de contestation, que nous connaissons plus sous l’appellation de «mouvements de redressement». Ces mouvements ont fini par écarter le premier responsable dans chacun des deux partis, Ouyahia et Belkhadem.

Le problème c’est que, une fois cet objectif réalisé, c’est-à-dire une fois que Ouyahia s’est retiré de son gré et que Belkhadem a été destitué de force, tout semble d’un coup figé, aussi bien du côté des Asphodèles que de celui d’Hydra. Il va sans dire que cette situation, pour le moins anormale, pousse à poser plusieurs questions.

En effet, comment se fait-il que ceux qui ont la capacité de faire partir le secrétaire général du RND et du FLN n’ont pas eu la capacité d’aller plus loin? Comment expliquer que jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire des mois plus tard, ni au FLN ni au RND, il n’a été procédé au remplacement des ex-chefs? Comment justifier le fait que ni l’un ni l’autre n’ont pu préparer un congrès extraordinaire pour sortir de l’impasse? Comment présenter le manque d’entente totale, aussi bien au RND qu’au FLN? Si nous en sommes à poser ces questions, c’est parce que quelque chose nous semble «anormalement anormale» dans tout cela.

Nul n’est éternel…

D’abord, et d’un côté comme de l’autre, les personnes les plus impliquées sont d’un âge et d’une santé qui auraient dû les faire partir de la scène politique depuis longtemps. Guidoum, Belayat, Abada, Goudjil, Kara, pour ne citer que ceux-là, ont tous dépassé l’âge où l’on caresse les rêves. Ils ont tous leur avenir derrière eux, car ils appartiennent à une génération sur le départ. Comment se fait-il qu’ils aient encore de l’ambition pour les lendemains qui ne leur appartiennent plus?

Nous sommes en 2013, c’est-à-dire au 3ème millénaire et certains veulent nous fixer définitivement à une époque à jamais révolue. Si aujourd’hui, nous en sommes à nous lamenter sur tant de temps, d’argent et de compétences perdus, c’est parce que justement, certains ont toujours tenu, au nom d’on ne sait plus quoi, donner au pays le sens de leur incapacité criante et l’orientation de leur convoitise illégitime. Etouffée, la jeunesse du pays n’arrive plus à s’exprimer et lorsqu’on lui donne l’impression qu’elle peut le faire, c’est toujours à travers des vieillards. Quel âge avait donc Boukerzaza lorsqu’il avait enfin quitté la tête de l’Union nationale de la jeunesse algérienne?

Ces gens-là qui nous imposent la vieillesse comme seul âge acceptable de gestion et la maladie comme unique caractéristique des leaders, n’ont-ils pas enfin compris qu’il y a une fin à tout? Que nul n’est éternel et que, un jour ou l’autre, tous doivent partir de ce monde, comme d’autres l’ont fait déjà? Jusqu’à quand Guidoum continuera-t-il à vouloir imposer aux jeunes de quitter ou de rallier le RND sous prétexte qu’ils ont été désignés par Ouyahia ou par Benbaïbèche ou par quiconque d’autre? Jusqu’à quand continuera-t-il à se croire apte à imposer une vue dépassée, car ancienne à ceux dont l’âge ne dépasse pas trente ou vingt-cinq ans? «L’âge de raison» comme dit Sartre n’est-il pas encore atteint? Nul n’ignore que Yahia Guidoum est un de nos meilleurs orthopédistes et nous regrettons tous qu’il n’ait pas choisi d’assurer la formation de la relève de notre école de médecine, plutôt que de faire la politique à côté de marchands de légumes et autres vendeurs d’illusions. Il en est de même des autres qui, de leur côté, ont eu tout le temps d’occuper la rue de la République et même la place publique. Ne pensent-ils pas qu’il est temps de prendre réellement leur retraite? Il en est qui, en se retirant simplement, ont pu, à l’image de Ahmed Taleb El Ibrahimi, garder intacte leur renommée et préserver le respect qui leur est dû.

Lorsqu’on dépasse son temps, on tombe nécessairement dans le temps d’autrui. Et lorsqu’on veut vivre l’époque d’autrui, on n’est jamais sûr de tout finir sur une bonne note!

Incapacité à fixer des objectifs

Si, ni au RND ni au FLN, il n’a été possible d’aller au-delà de l’écartement du secrétaire général, c’est parce qu’il y a une incapacité réelle à voir plus loin que le bout du nez, ce qui signifie que les «redresseurs» des deux partis n’avaient pas d’autre objectif que de faire «sauter» Ouyahia et Belkhadem. Mais dans quel but? Il est clair qu’ils ont voulu ainsi les empêcher, tout simplement, de se présenter à l’élection présidentielle de 2014. Donc, la seule finalité pour laquelle ces grandes actions ont été menées se résumerait à l’empêchement de ces deux hommes de jouir de leur droit constitutionnel de tenter de se faire élire. Au nom de quel principe, de quelle idéologie, de quelle religion, peut-on ainsi agir? Au nom de quelle morale et de quelle éthique peut-on justifier de tels comportements, surtout lorsqu’on sait que nombre de ces redresseurs ont été, pour une longue période, sous l’aile de ceux qu’ils ont mis tant de haine à décrier… c’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il faut comprendre la «trahison» dénoncée par Ouyahia avant son départ.

En tout cas, il est presque certain que les redresseurs n’avaient pas d’autres objectifs que celui de se «débarrasser» du chef de leur parti et ceci pose beaucoup de questions. Roulent-ils pour le compte d’une partie quelconque? Le soutien qu’ils apportent, d’un côté comme de l’autre, à un quatrième mandat peut laisser croire qu’ils avaient agi sous des ordres et, comme ils ne savent rien de l’objectif des ordonnateurs, ils n’ont plus rien pu faire. La maladie de Bouteflika ayant quelque peu perturbé les calculs et les scénarii, les redresseurs ont dû se calmer et attendre.

Maintenant que le Président est revenu, on assiste à un retour des choses et des hommes. Voilà que, au FLN, les décisions de Belayat (intérimaire en quelque sorte) sont bizarrement remises en cause et que, au RND, les propositions de Bensalah, sont rejetées et accusées de partialité. Les nouveaux ordres sont-ils venus pour que, bizarrement, on se mette d’un coup à bouger dans les deux partis en même temps?

Le quatrième mandat étant de plus en plus improbable, une seule lecture des choses est désormais plausible. Au FLN, on a voulu éloigner Belkhadem pour éviter toute mauvaise surprise, connaissant les ambitions, déplacées il est vrai, de l’ex-SG du vieux parti et assurer le soutien au prochain candidat du «consensus». Au RND, par contre, on semble chercher quelqu’un pour remplacer Ouyahia et pour soutenir… Ouyahia, chose trop compliquée pour Guidoum et les siens car, pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, Ouyahia est parti pour la prochaine présidentielle, non pas, comme tous les candidats, mais comme celui qui a le plus de chance, c’est-à-dire le candidat potentiel. Ouyahia, pour qui le poste de vice-président va être créé a déjà un pied à El Mouradia et qui, au RND, sera capable de le soutenir et de mobiliser le RND pour cette cause, ce ne sera certainement pas Guidoum! Les calculs sont nombreux, mais la réalité ne sera qu’une.