Louisa Hanoune estime que les 38 millions d’Algériens doivent être associés aux amendements
Confier la mission à une commission de cinq membres risque, selon eux, de ne pas répondre aux aspirations des 38 millions d’Algériens.
La révision de la Constitution préoccupe les partis. L’installation de la commission chargée d’élaborer la nouvelle mouture de la loi fondamentale donne du fil à retordre aux partis. Ces derniers s’estiment marginalisés sur ce projet. Confier la mission à une commission de cinq membres risque, selon eux, de ne pas répondre aux aspirations des 38 millions d’Algériens. Il ne s’agit pas d’un simple projet mais plutôt de l’avenir de toute une nation.
Malgré le fait que des consultations sur ce projet, aient été menées par Abdelkader Bensalah, en juin 2011, et par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, les partis jugent que c’est insuffisant pour une loi fondamentale. Le projet de loi doit faire l’objet de débats où sont associées toutes les tranches de la société. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a été la première à l’exprimer. «La mission de cette commission composée de juristes est entourée d’ambiguïté», a-t-elle affirmé lors de la réunion du bureau politique du parti tenu lundi. Mme Hanoune n’a pas apprécié le fait que la loi fondamentale soit élaborée par une commission techniques de cinq membres. Elle a remis sur le tapis sa revendication portant sur l’ouverture d’un débat national.
La Première dame du PT estime que les 38 millions d’Algériens doivent être associés aux amendements de la loi fondamentale. Mme Hanoune a appelé le gouvernement à «apporter plus de clarifications sur la mission dont est chargée cette commission». Le mouvement Ennahda est du même avis.
Son secrétaire général, Fateh Rebiai, a indiqué que la commission d’experts «est une commission technique ne représentant pas les partis politiques et ne répondant pas à l’exigence consensuelle de la Constitution», mettant en garde contre les conséquences d’un quelconque mépris des propositions de la classe politique sur une réforme profonde. «La détermination de l’Etat à s’approprier la révision de la Constitution relève d’une tentative de la vider de son contenu», a soutenu M. Rebiai, réaffirmant la disponibilité de sa formation à militer pacifiquement en faveur de «réformes profondes qui profiteraient à tous les Algériens et non des réformes sur mesure au profit d’un pouvoir, de partis ou de certaines personnes».
Le MSP estime pour sa part que cette commission ne suffit pas à elle seule à revoir la Constitution. Son chargé de communication, M. Farouk Bousiredj, préconise l’élargissement des consultations à tous les courants politiques, aux juristes et aux sociologues et à «ouvrir un débat approfondi» sur la nouvelle Constitution de l’Algérie à travers tous les médias.
Il a réitéré les revendications de son parti concernant, notamment l’instauration d’un régime parlementaire, le maintien de l’article 178 de l’actuelle Constitution qui évoque le régime «républicain et les fondements de la nation, les libertés fondamentales et les droits de l’homme».
Alors que certains partis affichent leur mécontentement, les partis de l’ex-coalition applaudissent. Les deux partis majoritaires, FLN et RND, éclipsés de la scène nationale, se sont réveillés pour apporter leur soutien à la démarche du gouvernement. Ils ont salué l’installation de cette commission qui intervient suite aux «larges» consultations auxquelles ont participé, l’été dernier et au début de l’année courante, les partis politiques, la société civile et les personnalités nationales.
Les partis guettent avec impatience la moindre information sur le contenu de ce nouveau projet. S’agit-il d’un amendement profond ou du lifting de quelques articles seulement? Ce projet va-t-il incarner réellement le changement auquel aspirent les Algériens? Ce sont autant de questions qui tracassent l’opinion publique, en général, et la classe politique, en particulier.
Ce qui est sûr, la nouvelle Constitution doit garantir plus de libertés individuelles et collectives et consacrer l’Etat de droit.