Les dernières mesures décidées par la Tripartite en faveur des travailleurs et les promesses formulées pour les retraités ont ragaillardi Sidi Saïd, le patron de l’UGTA.
Il passe à l’offensive après avoir gardé le profil bas au moment où les syndicats autonomes battaient le pavé pour porter haut et fort les revendications des travailleurs des différents secteurs d’activité. Le moment est opportun pour exhiber les «forces» de la centrale syndicale. «Nous sommes souvent calmes, mais lorsque nous nous soulevons, nous devenons comme un tsunami», a ainsi averti, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) pour faire taire les critiques émanant des travailleurs et à la montée en puissance des syndicats autonomes.
Le secrétaire général ne se départ pas de cette image qu’il s’est forgée, qui est une «force tranquille». «Nous ne voulons pas d’éloges, nous sommes syndicalistes mais nous sommes déçus par l’ingratitude de certains» a-t-il affirmé en présentant les «acquis» arrachés par la centrale syndicale en faveur des travailleurs et des entreprises du secteur économique national lors de la dernière Tripartite. Première victime de cette montée au créneau de Sidi Saïd : le directeur général de l’ETUSA (Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger) sommé de répondre aux revendications des travailleurs licenciés de cette entreprise.
Ces derniers, licenciés depuis plusieurs années, organisent un sit-in permanent devant le siège de la centrale syndicale pour exiger le paiement de leurs pensions de mise au chômage. Le directeur de l’hôtel El Aurassi a été, lui aussi, menacé ainsi que certains gestionnaires soupçonnés par le patron de l’UGTA d’agir contre les intérêts des travailleurs : «Je dis aux gestionnaires qui mettent leurs intérêts avant ceux de la stabilité du pays que nous sommes comme un océan», a-t-il averti. Est-ce à dire que la centrale syndicale, qui s’est portée aux abonnés absents en refusant d’accompagner les luttes des syndicats autonomes, s’est soudainement souvenu qu’il y avait des travailleurs qui luttent pour arracher des droits légitimes ? Sidi Saïd argue qu’il n’est pas «un aventurier» et qu’il privilégie les vertus du dialogue social qui ont fini par donner des fruits.
Le trophée est exhibé fièrement par Sidi Saïd. A en croire les chiffres qu’il a fournis, la question du pouvoir d’achat a été examiné 22 fois, à savoir lors de 11 Tripartites et 11 Bipartites. Depuis le 1er janvier 1990, le snmg a été revu 12 fois à la hausse, et 5 fois pour la période allant de 2001 à 2011. «Il y aura d’autres augmentations dès que l’article 87 bis sera abrogé», a-t-il promis.
Ce ne sont pas seulement les travailleurs en activité qui sont défendus par la centrale syndicale. Ceux qui ont trimé durant de longues années et qui sont partis à la retraite n’ont pas été oubliés par Sidi Saïd. Selon lui, quelque 600.000 retraités bénéficieront d’une augmentation de leurs pensions suite à l’augmentation du SNMG soit un minimum de 2.000 DA en sus d’une autre augmentation sur le budget de l’Etat. L’UGTA est allée loin dans la défense de cette catégorie vulnérable de la population. Sidi Saïd a promis, c’est déjà acquis pour lui, un relèvement de 40% des pensions de retraite. Une proposition de l’UGTA, a précisé le patron de la centrale syndicale. Une manière de dire tout le bien des vertus du dialogue social. Après les acquis arrachés en faveur des travailleurs, Sidi Saïd pense aussi à l’outil de production. Il est vrai que s’il n’y a pas d’outil de production, il n’y aura ni salaire ni droits à revendiquer.
Un outil de travail efficace et performant et non boîteux comme tel qu’il est présentement. Sidi Saïd n’en pense pas moins et affirme sans ambages que «l’UGTA soutient l’entreprise nationale productrice de richesses et condamne l’import-import et le privé prédateur». Pour lui, «la valorisation de notre potentiel économique et nos capacités de production signifie l’amélioration du pouvoir d’achat et la sauvegarde de l’emploi», résume-t-il la situation de l’entreprise algérienne dans le contexte actuel.
Les chiffres qu’il énonce parlent d’eux-mêmes. En trois ans, 1.232 milliards de dinars ont été consacrés à 356 entreprises en matière de fiscalité, parafiscalité et d’investissements. Une mesure, qui, selon lui, a permis de sauver un million de salariés du chômage. La Tripartite de mai qui s’inscrit dans cette logique a mobilisé un montant de 270 milliards de dinars au profit des entreprises. En somme, les revenus tirés de la manne pétrolière sont injectés dans la consolidation du tissu industriel et la relance de l’activité économique de production pour substituer aux importations qui alourdissent la facture alimentaire notamment. «C’est, là, le véritable enjeu qui s’impose à nous et qui devrait prêter à réfléchir sur cette dynamique de remise en route de notre appareil de production», dixit le SG de la centrale syndicale.
Par : Sadek Belhocine