Qui cherche l’embrasement?
Il semble que tous les efforts déployés par le gouvernement n’aient pas suffi. Il ne reste à Ghardaïa que la gestion policière de la violence.
Les quartiers de Kourti, Ben Ghanem et Chaâbat El Telli, dans la ville de Ghardaïa ont vécu une nuit d’émeute. Le bilan de ce nouvel accès de violence fait état d’une quinzaine de gendarmes des forces anti-émeute blessés.
L’Agence presse service, qui a rapporté cette information, hier, cite un élu local. Selon ce dernier, un groupe de jeunes non identifiés s’en est pris à un véhicule particulier s’en le vandalisant. L’incident qui s’est produit dans le quartier de Chaâbat El Telli a vite dégénéré en émeute lorsque d’autres jeunes ont attaqué des gendarmes en faction dans le quartier d’El Khouri, à quelques dizaines de mètres Chaâbat El-Telli.
Les jeunes agresseurs ont vraisemblablement préparé leur coup, puisqu’aux dires des témoins ils se sont servis de cocktails Molotov contre les éléments des forces de l’ordre. Il n’en fallait pas plus pour faire plonger plusieurs quartiers de la ville dans une autre nuit d’émeute. La réplique des gendarmes a été suivie par des jets de pierres. Un scénario déjà vécu à plusieurs reprises dans cette ville du sud du pays. Les gendarmes ont même dû faire usage de gaz lacrymogène pour reprendre le contrôle de la situation. Les heurts violents ont pris fin vers 4 heures dû matin, hier, samedi. Il reste que les conséquences de cette nuit de violences ne se limitent pas à la quinzaine de gendarmes blessés, puisque l’on a également déploré l’incendie de pas moins de trois habitations et de trois véhicules à El Kourti. Ce bilan a été annoncé par un notable de la ville de Ghardaïa. Il y a lieu de souligner que le traumatisme a été profond. En effet, plusieurs heures après la fin des émeutes, l’ensemble des commerces était resté fermé toute la matinée d’hier. De plus, la circulation et le trafic routier dans ce quartier étaient totalement bloqués. Les Ghardaouis ont très mal vécu cette énième flambée de violence et l’on fait savoir à travers un débrayage dans l’ensemble des établissements scolaires des quartiers d’El-Kourti et de Ben Ghanem.
Ce dernier épisode de la violence à Ghardaïa annonce malheureusement un retour, d’autant qu’il n’est pas isolé, puisque le 9 mai dernier, la ville a été le théâtre d’une poussée de fièvre qui a causé des blessures à deux policiers, lorsque des heurts sporadiques ont éclaté entre les jeunes et les éléments des services de sécurité dans le quartier de Theniet El Makhzen, dans la ville de Ghardaïa.
Ces violences ont également éclaté selon le même scénario, à savoir des jets de pierres contre des policiers. Le quartier de Theniet El Makhzen a vécu le même traumatisme et la vie s’y est arrêtée le lendemain des émeutes, exactement comme cela s’est produit, hier, à El Kourti. Les habitants de ce quartier, comme ceux de Theniet El Makhzen ont dénoncé les comportements violents des jeunes. De leur côté, les autorités sécuritaires ont déployé un renfort de brigades d’intervention rapide de la gendarmerie. Un hélicoptère a survolé le quartier dans le but de renforcer le dispositif de sécurité et prévenir des départs de violence.
La journée d’hier a été caractérisée par un calme précaire dans toute la ville de Ghardaïa. Les habitants de plusieurs autres quartiers craignent la contagion. Une source proche de la sûrté de wilaya de Ghardaïa, a indiqué à L’Expression, à ce propos, que les heurts s’étaient poursuivis dans la matinée d’hier et concernaient les positions tenues par les éléments de la Dgsn. On déplore des blessures légères de quelques policiers. Cette même source insiste sur le caractère localisé de cette flambée de violence qui, nous dit-on, devrait définitivement être résorbée sous peu. L’échec de toutes les tentatives de circonscrire le phénomène de la violence dans la vallée du M’zab est largement consommé. Le gouvernement pourtant, n’a pas lésiné sur les moyens pour éteindre le feu. Il a favorisé le dialogue, distribué des milliers d’assiettes foncières pour l’auto-construction et mobilisé les notables de la région. Il semble que le déploiement de tous ces efforts n’ait pas suffi. Il ne reste à Ghardaïa que la gestion policière de la violence.