Menée tambour battant par le département de l’Éducation nationale, la rentrée scolaire 2013-2014 sera marquée par l’application des premières mesures de “la réforme de la réforme”. Cependant, la cloche des grands chamboulements et de la refonte radicale n’a toujours pas sonné.
Finies les vacances pour plus de huit millions d’élèves qui reprennent ce matin le chemin de l’école. Un chemin incontournable mais parsemé de lacunes et d’insuffisances qui découragent les plus studieux.
L’école est devenue, malheureusement, une simple corvée pour la grande majorité des inscrits et non un lieu de savoir et de connaissances qu’ils fréquentent avec plaisir. Mais même sans grand enthousiasme, les élèves devront occuper désormais les bancs des établissements et se préparer à réussir cette nouvelle année scolaire. Les changements annoncés par le département de l’Éducation nationale devraient leur donner un nouvel espoir et les encourager à aller de l’avant. Il est vrai, en effet, que la rentrée scolaire 2013-2014 ne diffère pas trop de la précédente mais apporte son lot de particularités qui pourrait bien être de bon augure. Et l’une des particularités de ce retour des classes, c’est que contrairement à la précédente rentrée 2012-2013 où l’ombre de Benbouzid a plané, la session 2013-2014 est signée Abdelatif Baba Ahmed. Et c’est à partir d’un lieu hautement symbolique, Constantine, Cirta, la ville des Ponts suspendus qui a vu naître Cheikh Abdelhamid Ibn Badis que le ministre de l’Éducation nationale donnera le coup d’envoi solennel de la rentrée scolaire.
Installé quelques jours seulement avant le retour des élèves en septembre 2012, le successeur de Benbouzid était contraint de prendre le train en marche. Mais une année après, Baba Ahmed semble vouloir se distinguer et en faire de sa “première” et véritable rentrée scolaire une totale réussite. Rien n’a été laissé au hasard. Les préparatifs ont été lancés au début du mois de juillet et tous les personnels administratifs concernés ont été mobilisés. Des instructions écrites ont été adressées aux différentes Directions de l’éducation et autres responsables du secteur. Une circulaire cadre relative à la rentrée scolaire 2013-2014 a été promulguée le 30 juin dernier. De même qu’un arrêté portant sur les nouvelles mesures applicables dès ce mois de septembre. Aussi, une conférence nationale portant sur les derniers préparatifs a été dédiée à ce retour des classes mené tambour battant. Mieux, le conclave a été rehaussé par la participation du Premier ministre pour qui la rentrée scolaire est “le plus important événement que vit la société algérienne au regard de son rapport avec la vie sociale dans son ensemble”.
Abdelmalek Sellal a saisi cette opportunité pour tracer les contours de la réforme (l’ouverture sur le monde, la maîtrise des langues et des mathématiques) sans pour autant aller dans le détail qui renseignerait mieux sur l’avenir de l’école algérienne qu’il ne trouve pas “médiocre” mais qu’il veut “sauver quel qu’en soit le prix”. S’agissant, justement, de l’éternelle “réforme de la réforme”, Baba Ahmed, qui s’est toujours refusé de remettre en cause celle engagée par son prédécesseur, ne cesse pourtant d’y apporter des correctifs sur le terrain.
C’est dans ce sens que de nouvelles mesures seront au banc d’essai dès le retour des classes. Cette autre particularité de la rentrée scolaire 2013-2014 touche essentiellement les deux cycles primaire et moyen. Le ministre, qui a pris l’initiative de lancer une concertation sur l’évaluation d’étape de l’enseignement obligatoire, se contente pour l’heure d’approuver des modifications superficielles, certes, nécessaires mais qui, au final, n’apporteront pas de grands chamboulements dans le système éducatif. De l’avis des enseignants et des pédagogues, la réforme passe inévitablement par la révision totale des programmes des trois paliers. Les professionnels, qui ont pris part aux concertations, étaient unanimes à dire que la surcharge des programmes pose un problème aussi bien aux enseignants qu’aux élèves. Nombreuses sont les matières qui n’apportent rien de plus dans le cursus de l’élève qui n’en garde pas, assez souvent, grand-chose en mémoire.
Mais les élèves devront prendre leur mal en patience car les nouveaux programmes ne sont toujours pas à l’ordre du jour.
La tutelle préfère pour le moment alléger le cartable scolaire et le volume horaire des collégiens.
Les correctifs de fond sont relégués au second plan sous prétexte qu’ils nécessitent plus de temps et de moyens. Après une année à la tête du département de l’Éducation, Baba Ahmed ne s’est toujours pas décidé à lancer une refonte radicale du système éducatif. Pourtant, de l’avis des professionnels du secteur, la promotion de la qualité de l’enseignement à laquelle aspire le département de l’Éducation passe par cette réforme. Mais tant que les premiers changements sont lancés, attendons pour voir la suite qui espérons fera sortir l’École algérienne de son sinistre.
M B