L’amendement de la Constitution, est-il un projet mort-né ? En effet, le sujet, qui avait semblé un moment tout à fait incontournable, est aujourd’hui presque oublié.
Evoqué en premier lieu par le président Bouteflika, il a été repris ensuite par certains partis politiques, qui s’étaient même évertués, selon leurs inclinations et visions respectives à proposer une mouture du texte constitutionnel.
Non encore confirmée, une information fait état du dépôt par la Commission technique chargée de la révision de la Constitution de l’avant-projet de loi sur le bureau du Président. L’installation le 8 avril dernier de la Commission technique avait été du reste précédée par un cycle de consultation des partis politiques mené par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Il faut dire que seul le FFS n’avait pas montré d’intérêt pour cette révision à laquelle il dit préférer une Constituante. Pour autant le projet de révision de la Constitution se voulait comme une réponse à l’aspiration du changement dans un contexte marqué par les révolutions au Maghreb et dans le monde arabe.
Si la maladie du Président a relegué la question au second plan, il n’en demeure pas moins que les évolutions en cours dans la région, ne sont pas de nature à inspirer favorablement la réflexion politique.
Loin du tumulte des révolutions arabes, l’Algérie semble retomber soudainement sur ses deux pieds en faisant le constat amer des ravages causés dans son environnement immédiat. La Libye, la Tunisie, l’Égypte et le Mali ne sont plus déjà les mêmes pays.
Quels enseignements vont tirer les décideurs de ces bouleversements qui sont en train de redessiner la carte géopolitique de la région ?
Les critiques essuyées par le gouvernement quant à cette révision démontrent que le consensus est loin d’être atteint. Même si rien n’a filtré des travaux de la commission chargée d’élaborer le projet constitutionnel, les supputations allaient bon train sur l’éventuelle création du poste de vice-président.
À vrai, dire les partisans d’un quatrième mandat pour le président Bouteflika, défendent une option de la Constitution suivant laquelle la non limitation des mandats présidentiels est une chose acquise.
Ainsi lancé, le débat prenait parfois l’allure d’une polémique. À vrai, dire l’idée de faire une sorte de doublon du chef de l’État n’a jamais été dissociée de celle du quatrième mandat, d’où beaucoup de critiques de la part de ceux qui espèrent voir les autorités se pencher sur la nature du régime politique.
Les plus radicaux dans la critique comme le parti d’Aït Ahmed, prônent un amendement dans le cadre de l’institution parlementaire.
D’autres qui craignent la prévalence des thèmes idéologiques si le débat venait à être porté au niveau de l’hémicycle préconisent de confier l’élaboration de la Constitution à des organes délibérant dont la composante humaine est prélablement choisie parmi les hommes politiques les plus éclairés.
Au-delà du choix de l’organe constituant, certaines formations politiques ont proposé de consolider les prérogatives du Parlement face à celles du chef de l’État. D’autres ont proposé la chose contraire, c’est-à-dire, consolider le régime présidentiel. Les adeptes du «semi», prônant un régime miprésidentiel, mi-parlementaire ont également fait entendre leurs voix.
Certains rêvent même d’une nouvelle architecture institutionnelle en préconisant une refonte de fond en comble de l’État. Si le débat sur la révision constitutionnelle a révélé que chaque chapelle politique couve sa propre république, il n’en reste pas moins qu’il n y a pas beaucoup de gens qui paraissent s’en souvenir tant la maladie du Président a tout chamboulé.
Larbi Graïne