Réda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), s’est dit «satisfait» des décisions prises lors de la dernière tripartite tenue la fin du mois de septembre et à laquelle son organisation avait pris part pour la deuxième fois consécutive.
Des décisions qui permettront, selon lui, «une levée des contraintes dressées devant les opérateurs économiques privés notamment». Invité hier au forum du quotidien arabophone Waqt El-Djazaïr, il a indiqué que la dernière tripartie s’est traduite «par une prise de conscience par nos autorités quant à la nécessité d’améliorer l’environnement économique au profit des entreprises».
Une prise de conscience qui a permis l’élimination de quelque 240 contraintes dont se plaignaient les opérateurs économiques et qui compliquaient leurs relations aussi bien avec les banques qu’avec l’administration. M. Hamiani ne manquera pas de citer quelques- unes de ces contraintes dont la plus importante est l’existence «d’un système qui est plus prompt à limiter la liberté économique des opérateurs que de leur accorder plus de facilitations».
Il cite à titre illustratif le crédit documentaire qui a connu sa phase d’application au lendemain de l’entrée en vigueur de la LFC 2009. En revanche, d’autres décisions destinées, selon lui, à stimuler l’activité économique, à l’exemple de l’installation d’un conseil de la concurrence et la mise en place du «couloir vert», pourtant décrétées dans des textes de loi, traînent encore.
Par rapport à ce genre de questions et beaucoup d’autres favorisant la promotion de l’activité économique, «le gouvernement est désormais sensibilisé», dira M. Hamiani, ajoutant que le défi actuel du FCE «est de veiller à l’application de l’ensemble des recommandations prises lors de la tripartite, dont l’octroi de crédits et de terrains aux entreprises ainsi que la remise documentaire».
Evoquant par ailleurs l’échec de l’industrie industrielle reconnue par le président de la République lui-même lors de son discours prononcé en 2008 devant les maires, M. Hamiani a expliqué que le secteur privé n’a aucune responsabilité face à ce revers qui est dû, selon lui, à «la persistance d’une instrumentation économique confuse et à l’absence de soubassement intellectuel à long terme». Le président du FCE regrette qu’aujourd’hui encore, «il n’existe pas d’experts aptes à proposer un modèle économique à long terme».
L’Algérie n’a pas besoin d’une zone de libre-échange
M. Hamiani a aussi critiqué l’accord d’association signé avec l’Union européenne en affirmant que «l’Algérie n’a pas besoin de ce type d’accord qui aurait pour finalité la création d’une zone de libre-échange». «Ce dont le pays a besoin, c’est plutôt de la création d’un pôle industriel», a-t-il dit.
L’accord d’association n’a pas en outre tenu ses promesses en matière de promotion des IDE en Algérie, et cela s’explique, selon l’invité de Waqt El Djazaïr, par l’absence au sens palpable du terme d’un droit économique reconnu, qu’il décrit comme une condition sine qua non à même de convaincre les investisseurs étrangers à venir s’installer en Algérie. «On n’est pas encore prêt d’accepter un mode d’exploitation capitaliste», a-t-il ajouté, en préconisant par ailleurs l’émergence d’un nouveau secteur privé qui sera piloté par de jeunes universitaires.
En ce sens, il met l’accent sur «la nécessité d’évoluer en qualité et d’accorder la chance au plus méritant». S’agissant de la hausse de la facture d’importation notamment en matière de produits agroalimentaires, M. Hamiani a soutenu qu’un tel constat «est révélateur d’un large trafic de produits de consommation soutenus par l’Etat et qui s’opère au niveau des frontières au profit de la Libye et du Mali notamment». Pour rappel, il s’agit là d’un constat que le Premier ministre Ahmed Ouyahia a souligné lors de la dernière conférence de presse à Alger.
Par Karim Aoudia