Réalisation de logements sociaux à Béjaia, Les contraintes aux multiples facettes

Réalisation de logements sociaux à Béjaia, Les contraintes aux multiples facettes

De la dotation à la livraison, en passant par la réalisation, le parcours est long et semé d’embuches.

Voilà près de trois ans que les logements LSP de la commune de Melbou sont fin prêts à être livrés sans que la liste des heureux bénéficiaires ne soit encore connue du public. La liste est prête nous dit-on, mais elle fait l’objet d’une opposition qui n’est pas sans avoir de lien avec les forces politiques présentes au sein de l’assemblée élue.

Ces forces n’hésitent pas à recourir à «la manipulation» pour reprendre les termes d’un habitant de cette localité afin de retarder l’occupation de ces unités.

Le dernier affichage de la liste des bénéficiaires a soulevé un vent de contestation qui s’est traduit par la fermeture des sièges de l’APC de Melbou et de la daïra de Souk El Tenine, exigeant l’annulation de cette liste et demandant une distribution équitable.

Ainsi va l’attribution des logements à Béjaïa. Exception faite de la commune de Sidi Aïch où une récente attribution est passée en douce, dans la majorité des communes, chaque tentative est suivie d’une contestation souvent animée par des arrière-pensées partisanes ou encore des raisons de «favoritisme». C’est là l’une des raisons qui expliquent le retard qui s’accumule dans la réalisation des programmes alloués à la wilaya de Béjaïa.

Lorsque, en effet, ce n’est pas les assiettes de terrain qui se font désirer pour implanter les projets, ce sont les bâtisseurs qui patinent longuement avant de livrer le produit qui sera alors soumis aux aléas de l’attribution.

Pendant ce temps, les promotions privées poussent comme des champignons pour être cédées à des prix qui dépassent tout entendement.

Et pourtant, ce n’est pas faute de dotation même si cet avis n’est pas partagé par le président de l’APW qui estime que la wilaya de Béjaïa est sous-estimée en la matière.

Lors de l’annonce du dernier programme attribué par le gouvernement, Mohamed Bettache n’était pas parti avec le dos de la cuillère pour fustiger un quota qui, de son avis, est loin de satisfaire une forte demande en la matière, soulevant par la même occasion le retard accusé pour finaliser les programmes précédents.

«Les programmes annoncés par les pouvoirs publics sont destinés à la consommation locale.»

Le foncier n’est qu’un prétexte

Nous n’avons pas vu sur le terrain ce qui a été annoncé en grande pompe dans les médias. Dans le précédent programme quinquennal, notre wilaya n’a bénéficié que de 4000 logements sociaux. 4000 logements pour une wilaya d’un million d’habitants sont-ils suffisants?

La réponse est, bien sûr que non. Afin de parer à cet épineux problème, il nous faut un grand programme spécial. Il y a un grand décalage entre l’offre et la demande.

A Béjaïa-ville, on distribue 200 à 300 logements pour une population de plus de 200.000 habitants. Notre wilaya doit bénéficier d’un quota conséquent de logements de type social, car l’accès au reste des formules est réservé à une certaine catégorie sociale», a-t-il déclaré non sans montrer d’un doigt accusateur le gouvernement.

Quant à la question de la rareté du foncier avancée par les pouvoirs publics, la P/APW rétorque: «La rareté du foncier n’est qu’un prétexte pour justifier une politique discriminatoire à l’égard de notre wilaya. Lorsqu’il s’agit de certains projets, ce problème ne se pose jamais.

Pour exemple, il n’a pas été difficile de dégager une assiette foncière importante pour construire une prison dans la commune d’Oued Ghir.

Idem pour une école de la Gendarmerie nationale dans la commune de Fenaïa» et il s’interroge: «Pourquoi le manque d’assiettes foncières se pose uniquement lorsqu’il s’agit de la construction de logements et autres projets d’utilité publique?»

Ce n’est pas l’avis du directeur du logement de la wilaya qui, chiffres à l’appui, a livré un tableau des plus reluisants à un confrère.

Expliquant les différents types de logements, à savoir le logement public locatif (LPL), géré par l’Opgi, le logement public aidé (LPA), l’habitat rural, Aadl et le logement public promotionnel (LPP), le directeur du logement a indiqué que pour le logement public locatif, la wilaya de Béjaïa a bénéficié de 18 402 unités, dont 402 logements antérieurs à 2010, 13.000 logements de 2010 et 5000 logements complémentaires accordés lors de la visite du Premier ministre, le 27 avril dernier. Il soulignera que 4 270 logements destinés à la commune de Béjaïa sont déjà lancés à Oued Ghir.

Que de chiffres!

Ils sont confiés aux Chinois et Turcs. Pour l’habitat précaire (RHP), programme quinquennal 2005/2009, un nombre de 2100 logements ont été lancés sur le terrain, auxquels s’ajoutent 1500 logements complémentaires accordés par le Premier ministre.

Ce programme a été réalisé après une enquête d’une commission mixte présidée par la direction du logement de la wilaya.

Cette commission a été installée suite aux instructions du ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, et du wali de Béjaïa qui avait la mission d’enquêter sur les logements précaires et établir un dossier avec photos des sites à travers les communes concernées. Géré par la Dlep, le logement public aidé compte 5 025 unités de l’ancienne formule LSP, qui sont achevés.

Le programme 2010/2014 compte 1880 logements, dont 955 unités sont en cours de réalisation. Elles sont réparties comme suit: 140 logements à Amizour, 265 à Kherrata, 233 à Oued Ghir, 80 à Souk El Tenine, 202 à Adekar et 35 à El-Kseur.

Les 925 logements restants sont en voie de lancement à Oued Ghir.

L’habitat rural s’est matérialisé par l’achèvement de quelque 11 325 logements. Ces unités s’ajoutent aux 21 200 logements inscrits au programme 2010/2014 et le Premier ministre a accordé, lors de sa visite, 6.000 autres logements.

Ce sont 27200 logements de plus pour la wilaya, dont 21 200 logements sont lancés. Suite à «l’instruction du ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, 40% sont accordés aux bénéficiaires après présentation du permis de construire et 60% dès le lancement des gros oeuvres», a précisé le responsable du logement.

«Pour ce qui est des 6000 logements ruraux complémentaires accordés par le Premier ministre, ils sont en voie de lancement après répartition à travers les daïras et seront achevés à la fin de décembre 2013.

Concernant le programme du logement promotionnel public (LPP) géré par l’Enpi, l’étude est finalisée et ces logements seront prochainement lancés à travers les communes retenues après que la direction du logement eut dégagé les terrains fonciers.

Le programme Aadl avec la location-vente englobe 5000 logements et sont répartis à travers les daïras de Sidi Aïch, Akbou, El Kseur et Amizour. Le programme est en phase d’étude et la réalisation se fera par les moyens de l’agence.

Que de chiffres! Des chiffres qui sont loin de permettre un repos quelconque aux responsables d’une wilaya qui demeure confrontée à un besoin complémentaire de logements pour affronter les habitations touchées par le séisme du 29 novembre dernier.