Les cours de l’or noir ont brutalement chuté jeudi
L’Agence internationale de l’énergie a décidé de mettre 2 millions de barils par jour, pendant un mois, pour compenser la défection de la production libyenne et faire chuter les prix.
Un pari réussi. Les prix ont dégringolé de manière assez spectaculaire. A Londres le Brent de la mer du Nord a cédé près de 7 dollars tandis qu´à New York le «Light Sweet Crude» se repliait de plus de 4 dollars. La vengeance est un plat qui se mange froid.
Les pays consommateurs de pétrole ont pris leur revanche. Ils avaient manifesté leur déception après que l´Opep ait décidé de maintenir ses quotas inchangés lors de la réunion qui s´est tenue le 8 juin 2011 à Vienne en Autriche.
«Les ruptures d´approvisionnement actuelles (celles de la Libye, Ndlr) ainsi que la fragilité de l´économie mondiale, appellent à une augmentation rapide de l´offre compétitive qui permettra aux raffineurs de répondre à l´augmentation de la demande saisonnière», avait recommandé l´Agence internationale de l´énergie.
Les Etats-Unis, dans une «mise en garde» à peine déguisée, ont affiché de leur côté leur déception dès que les résultats de la réunion de l´Opep ont été connus. Ils ont jugé la production actuelle de l´organisation insuffisante. «Nous pensons que nous nous trouvons dans une situation où l´offre n´est pas suffisante pour répondre à la demande» a indiqué, lors de son point de presse quotidien, Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche.
L´offensive savamment planifiée a été lancée quinze jours plus tard. Les 28 pays membres de l´Agence internationale de l´énergie (AIE) se sont mis d´accord jeudi pour mettre 60 millions de barils sur le marché qui seront puisés dans leurs réserves stratégiques.
Le département américain de l´Energie a indiqué que les Etats-Unis fourniront 30 millions de barils qui seront prélevés de leurs réserves personnelles.
L´effet a certainement dépassé leurs espérances puisque les cours de l´or noir ont brutalement chuté jeudi. Après être descendus à 105,72 dollars, son plus bas niveau depuis le 6 mai, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août perdait 6,76 dollars pour clôturer à 107,45 dollars. A New York, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour la même échéance, après une courte incursion sous la barre des 90 dollars, pour la première fois depuis la fin du mois de février, cédait de son côté 4,46 dollars pour terminer la séance à 90,95 dollars. L´AIE venait de faire mouche. Elle avait annoncé qu´elle allait mettre sur le marché 60 millions de barils, en l´espace de trente jours, qui seront puisés dans les réserves stratégiques de ses Etats membres.
L´Agence, qui représente l´intérêt des pays industrialisés, espère faire coup double: pallier la production libyenne qui fait défaut à cause de la crise qui sévit dans ce pays et faire chuter des prix jugés trop élevés qui risquent de compromettre la reprise de l´économie mondiale. «Pour la troisième fois de son histoire, l´AIE et ses membres ont décidé de débloquer des stocks… Je m´attends à ce que cette action contribue à approvisionner correctement les marchés et à assurer un atterrissage en douceur de l´économie mondiale», a indiqué le directeur général de l´Agence internationale de l´énergie, Nobuo Tanaka.
Deux millions de barils par jour seront donc mis sur le marché pendant une période d´un mois. Une offre qui dépasse de loin l´interruption de celle du pétrole libyen estimée à quelque 1,5 million de barils. Une véritable guerre qui est déclarée à la majorité des pays membres de l´Opep qui estiment que le marché est bien approvisionné.
«Il n´y a pas besoin d´augmenter la production des pays de l´Opep lors de la 159e réunion de l´Organisation… Le marché est équilibré… La tendance à la baisse des prix du pétrole signifie que les producteurs doivent être très prudents et très vigilants avant toute hausse de la production», avait souligné, le 6 juin dernier, le représentant de la République islamique iranienne, Mohammad Ali Khatibi dont le pays assure la présidence de l´Opep.
«La délicate mission d´assurer l´équilibre entre l´offre et la demande sur le marché devra in fine revenir aux pays producteurs», ont estimé les analystes de Westhouse Securities. Qu´en sera-t-il de l´Arabie Saoudite qui s´était engagée à mettre plus de pétrole sur le marché? «A moyen terme, la décision de l´AIE pourrait être à double tranchant, et entraîner une remise en question par l´Arabie Saoudite de sa promesse d´accroître rapidement sa production», ont prévenu les analystes de Commerzbank.
Une réaction de Ryadh est attendue au moins… pour la forme.