Prix de l’eau et du lait: Pagaille dans les déclarations

Prix de l’eau et du lait: Pagaille dans les déclarations

Ces déclarations diamétralement opposées indiquent clairement l’absence d’une stratégie de communication au sein de la hiérarchie.

Entre annonce et démenti. Les prix du sachet de lait et de l’eau, deux produits sensibles, ont fait l’objet d’une véritable polémique ces derniers jours. Certains annoncent des augmentations, d’autres les nient en provoquant une véritable confusion. Les deux infos sur l’augmentation des prix du lait et de l’eau ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Toute la presse est revenue en gros sur ces deux annonces qui ont, sans doute, secoué les ménages. Les citoyens ne savent plus à quelle source se fier. D’autant plus quand l’information parvient des officiels. Depuis une semaine on assiste à une avalanche de déclarations sur l’augmentation du prix du sachet de lait.

Des intervenants dans la filière ont fait état d’une augmentation qui passera de 5 à 8 dinars du prix du sachet de lait avec l’emballage en carton. L’information avancée par le directeur du groupe Giplait a été confirmée par le représentant du Comité interprofessionnel du lait en l’espace de vingt-quatre heures. Une info complètement écartée par le ministère de l’Agriculture. Abdesslam Chelgham a certifié, dans une déclaration à la presse, que le prix du sachet de lait sera maintenu, et ce, malgré le changement de l’emballage. «Il n’y aura pas d’augmentation du prix», a confirmé le directeur général de l’Office interprofessionnel du lait, Fathi Massar.

Intervenant samedi sur la Chaîne I, ce dernier a soutenu qu’il s’agit des rumeurs. Ces déclarations diamétralement opposées indiquent clairement l’absence d’une communication au sein de la hiérarchie. Cette question devait faire l’objet de concertation entre la tutelle et les intervenants dans le secteur avant d’informer l’opinion publique. Chose qui n’a pas été faite. C’est le même cas pour l’eau. Le premier responsable du secteur, Abdelkader Ouali qui a annoncé une révision de la tarification de l’eau sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale est revenu quelques jours après pour dire le contraire.

«L’augmentation des prix de l’eau n’est pas à l’ordre du jour», a-t-il déclaré. Lors d’une visite d’inspection qu’il a effectuée à Tipasa jeudi dernier, Abdelkader Ouali a affirmé que «la détermination d’une date pour le relèvement de la tarification sur l’eau pour les clients dont le volume de consommation est de plus de 25m3/J n’est pas à l’ordre du jour».

Dimanche dernier, le ministre qui s’exprimait sur les ondes de la Chaîne III, soit deux jours auparavant, avait déclaré qu’une nouvelle tarification de l’eau est en cours d’étude qui déterminera le barème en fonction de la catégorie des utilisateurs (opérateurs économiques, ménages…). Il avait expliqué que ce futur système de tarification, qui permettra de pallier au gaspillage de l’eau qui a atteint des dimensions alarmantes, épargnera toutefois les ménages qui ne dépasseront pas une certaine quantité de consommation d’eau.

«Cette nouvelle tarification sera basée sur deux principes importants: le premier étant ceux qui consomment le plus payent le plus, tandis que le second est que la tarification doit aussi être conforme au niveau de consommation», avait-il affirmé. Ce changement de ton traduit bien que le ministre a précipité les choses. Les responsables ont-ils été rappelés à l’ordre? Fort probable. Vu qu’il s’agit des produits sensibles qui sont subventionnés par l’Etat, le gouvernement estime que ce n’est pas le moment de passer à l’action.

Ces deux produits qui touchent de larges couches de la société risquent de réveiller les démons de la contestation. Les responsables s’amusent à faire des déclarations sans prendre en considération les dégâts.

Le scénario des événements de janvier 2011 provoqués par l’augmentation des prix du sucre et de l’huile est encore vivant dans les esprits. Suite aux dernières hausses induites par la loi de finances 2017, le gouvernement prendra ses précautions pour éviter tout embrasement du front social qui est déjà sous tension.