Opep: vers un nouveau statu quo sur fond d’incertitudes

Opep: vers un nouveau statu quo sur fond d’incertitudes

VIENNE – L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait laisser son plafond de production inchangé, lors de sa 165e réunion ministérielle mercredi à Vienne, alors que l’incertitude règne sur l’évolution du dossier nucléaire iranien et la  situation en Libye, estiment les analystes.

« Cela devrait être une réunion très rapide », estime Bill Farren-Price, président de Petroleum Policy Intelligence. « Les prix (du pétrole) sont très stables et dans une zone confortable (pour les membres de l’Opep). Pour cette raison, il n’y aura aucun besoin de changer » le plafond de production, qui est fixé à 30 millions de barils par jour (bpj) depuis fin 2011.

« La situation en Libye laisse de la place pour l’augmentation des exportations en provenance d’Iran et d’Irak donc il n’y a pas vraiment de tensions » selon Thomas Pugh, économiste du cabinet Capital Economics. « L’Iran est probablement le plus grand changement potentiel (pour l’Opep). En cas d’avancées dans les négociations sur le nucléaire, on pourrait observer un allègement des sanctions dans la deuxième partie de l’année », signale Bill Farren-Price.

« Mais c’est un gros point d’interrogation et cela dépend complètement des négociations », tempère-t-il. Un nouveau round de discussions doit justement commencer après la réunion de l’Opep, à partir du 16 juin à Vienne. Du coup, de l’organisation pétrolière « en décembre (2014) pourrait être assez intéressante, surtout si les négociations avec l’Iran progressent bien », juge M. Pugh.

« Nous pourrions voir les membres de l’Opep réviser les quotas à la réunion de décembre, notamment s’il y a des signes de retour du pétrole iranien sur les marchés mondiaux », ajoute M. Deshpande.

Quant à un retour de la Libye, les analystes l’estiment de moins en moins probable dans l’immédiat. Ces derniers mois, les autorités ont plusieurs fois déclaré être parvenues à des accords avec les divers protestataires qui bloquent les infrastructures de production et d’exportation du brut, sans que la situation ne s’améliore réellement.

La forte baisse de la production libyenne, actuellement autour de 250.000 barils par jour contre une capacité de 1,5 million de barils par jour (mbj), évite, pour l’instant, aux autres membres de l’organisation d’avoir à faire de la place à l’Irak et à l’Iran, qui ont tous deux affirmé leurs ambitions de revenir en force sur les marchés mondiaux du pétrole.

L’Irak, qui a exporté en moyenne 2,58 mbj en mai, compte ainsi atteindre un niveau d’exportation de 3 mbj d’ici la fin de l’année. En février, le pays avait exporté 2,8 mbj, au plus haut depuis plus de deux décennies.

De son côté, l’Iran a légèrement augmenté ses exportations depuis la conclusion en janvier d’un accord intérimaire avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) sur le dossier du nucléaire. Depuis la dernière réunion de l’Opep en décembre 2013, les cours du brut évoluent dans une fourchette assez étroite,  autour des 100 dollars le baril pour le WTI et des 110 dollars le baril pour le Brent.