Décidément, le phénomène des transferts illégaux vers l’étranger de sommes astronomiques en devises est en train de prendre une ampleur plus qu’alarmante. À peine quelques jours après les 162 000 euros trouvés sur une personne prête à embarquer vers la Turquie voilà que deux individus ont été appréhendés mercredi passé en possession d’une somme de 13 500 euros.
Le phénomène est bel est bien présent en Algérie, et a même tendance à prendre une ampleur tout aussi hallucinante qu’inquiétante.
Des sommes astronomiques en euro sont en effet transférées vers l’étranger par des individus qui cherchent, vraisemblablement, à blanchir leur argent mal-acquis, tout en profitant de la crise européenne qui leur offre de très bonnes opportunités d’«investissement» dans le marché de l’immobilier.
Ainsi donc, nous apprenons, auprès de la DGSN, que deux individus ont été interpellés mercredi passé par la police des frontières de l’aéroport international Houari-Boumediene alors qu’ils s’apprêtaient à faire sortir frauduleusement la somme de 13 500 euros.
À peine trois jours auparavant, un individu âgé d’une quarantaine d’années avait, lui aussi, été interpelé alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion, en possession de la somme de 162 000 euros. Et, comme par hasard, les individus concernés devaient, dans les deux cas, se rendre à Istanbul, en Turquie. Les mêmes sources ajoutent qu’un total de plus de 200 000 euros a été saisi dans le courant de la semaine écoulée.
Partant du postulat qu’à côté de ces prises, beaucoup d’argent a pu échapper aux mailles des filets des éléments de la PAF, puisque ceux qui procèdent à ce genre de transfert de sommes faramineuses ont certainement élaboré des méthodes très sophistiquées et peuvent même jouir de certaines complicités internes ponctuelles. Il est permis de supposer que le phénomène de transfert illégal de grosses sommes d’argent en devises a pris en Algérie une ampleur tout aussi hallucinante qu’inquiétante.
Il semble ainsi que beaucoup de nouveaux riches, qui ont amassé de véritables fortunes à la faveur de l’ouverture anarchique du pays sur l’économie de marché, soient en train de changer leurs dinars contre des devises, avant de les transférer frauduleusement vers l’étranger. Nous apprenons en effet qu’une fébrilité sans précédent s’est emparée du square Port-Saïd où s’effectuent les échanges entre devises et dinars sur le marché parallèle.
Il semble également que l’accentuation de cette tendance soit, en partie, liée à la crise de l’euro. Cette dernière, en effet, a provoqué une chute vertigineuse des prix de l’immobilier, notamment en Espagne. Beaucoup d’Algériens se sont, dès lors, mis à transférer frauduleusement leurs économies vers l’Europe en vue d’y acquérir des appartements, ou carrément des villas.
Certains, nous précisent des sources, seraient allés encore plus loin en décidant de tout «plaquer» en Algérie, vendant ce qu’ils y possèdent, avant de changer leur argent en devises et de s’en aller tenter l’aventure outremer.
Ali Oussi